C’est le film de la semaine. La réalisatrice et romancière Virginie Despentes propose l’adaptation de l’un de ses livres et entraine le spectateur dans une romance entre deux femmes au parcours chaotique. Oui, entre deux femmes, contrairement à la relation homme-femme du roman. 1h37 d’un cinéma riche et sans ennui où le spectateur rit, réfléchit, s’émeut et se révolte sans artifice. Une chose de nos jours bien rare dans le cinéma français.

 

Gloria est une punkette issue d’un milieu modeste tandis que Frances a tout de l’anarchiste bourgeoise. Enfermée par ses parents en hôpital psychiatrique, Gloria y rencontre Frances et la suit dans l’amour et les drogues douces… 25 ans plus tard, Frances, devenue célèbre, retrouve Gloria, quant à elle, artiste marginale et underground.

Les deux personnages adultes sont interprétés par une Béatrice Dalle qui semble faite pour ce rôle et une Emmanuelle Béart surprenante et parfaitement juste. Le refus de la société incarnée par Gloria s’oppose au choix de Frances de quitter la ‘punk-attitude’ pour s’intégrer dans la société et penser à son avenir. Mais y gagne-t-elle au final ? Despentes recourt au monde de l’art pour symboliser cette opposition entre le mari de Frances, romancier bien intégré dans le milieu culturel parisien, et Gloria, laquelle fréquente un collectif d’artistes underground squattant d’anciens entrepôts. La critique du milieu artistique et de ses a priori est ici patente, autrement dit à destination de tous ceux qui empêchent Virginie Despentes d’accéder aux moyens et salles que ce film mériterait.

Sur la forme du film, la photographie peut heurter, notamment l’aspect cru et daté pour illustrer les années 80 qui n’hésite pas à recourir à un style super 8 pour marquer l’aspect souvenir. Pourtant, l’image reste au service de l’histoire, et non l’inverse. La bande-son est très présente avec le meilleur de la scène punk et Oi! de ces années-là. Babylon’s burning composé par les Ruts et chanté par Gloria jeune (interprétée par la chanteuse Soko) en fournit un bel exemple. Certains spectateurs replongeront dans cette ambiance rock à travers leurs souvenirs…

Le casting n’appelle aucune critique avec des acteurs investis dans leur rôle – aussi bien Pascal Greggory en écrivain plongé dans le doute que Clara Ponsot en Frances jeune. C’est un réel plaisir de retrouver une Béatrice Dalle aussi lumineuse et charismatique.

Quant à Virginie Despentes, elle filme cet amour décalé avec beaucoup de pudeur et de sensualité. Bye bye Blondie prend habilement le contrepied du sulfureux Baise-Moi, un film devenu piège en enfermant sa réalisatrice dans des circuits de distribution réduits.

21 mars 2012 (1h 37min)
Réalisé par
Virginie Despentes
Avec
Emmanuelle Béart, Béatrice Dalle, Stéphanie Sokolinski

 

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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