Un chercheur vient de réaliser un burger à partir de cellules souches. Parfaitement comestible. En dehors du coût annoncé (250 000 dollars), cette invention pose question et ouvre d’étonnantes perspectives…

Les cellules souches sont au cœur d’une question éthique. Du moins, lorsqu’il s’agit de cellules humaines… Car lorsqu’il s’agit d’animaux, le sujet n’est plus tabou. Pour rappel, il s’agit de cellules capables de produire d’autres cellules plus spécialisées par différenciation cellulaire. L’un des principaux intérêts pour l’homme est d’être en mesure produire des cellules spécialisées dans le traitement des maladies. Ainsi peuvent-elles participer à la reconstruction de tissus ou d’organes endommagés. Mais lorsqu’il s’agit de cellules animales, l’aspect thérapeutique est oublié.

Le problème de ces cellules vient de leur origine. En effet, les premières cellules souches provenaient d’embryons ou bien encore du sang du cordon ombilical ou bien de la moelle épinière (extractible difficilement). Plus récemment, des cellules souches ont été extraites de tissus adipeux ; les problèmes éthiques autour de l’embryon humain devenu marchandise sont dès lors évacués.

MarkPost, l'auteur de cette invention
MarkPost, l’auteur de cette invention

Dans le cas de la production de ce « burger », l’équipe du professeur Mark Post de l’université de Maastricht a utilisé des muscles du squelette de bovins cultivés dans du sérum fœtal de veau. Le chercheur pense arriver à une production publique d’ici à une dizaine d’années et un débouché industriel dans 15 ans. La chair produite (en 20 000 bandes pour un steak de 110g) présente les mêmes qualités nutritives que la viande de consommation courante, mais sans un gramme de graisse. Qui plus est, selon Mark Post, cette invention évite la consommation excessive d’eau et de protéines végétales pour élever des animaux. Une réponse à la problématique environnementale de la consommation de viande.

Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser aux animaux qui sont à la base de cette « production ». Comme lors du débat sur l’avortement, la question de savoir si l’embryon ou le fœtus sont des êtres vivants, est aussi au cœur de ce débat. Il est certain qu’un végétarien n’ira se délecter de ce burger du futur, notamment car il induit une souffrance animale en amont. Qu’en sera-t-il de la transparence de l’origine des viandes dans le futur avec de telles inventions alors que le problème se pose déjà avec les OGM ? Quel peut être l’impact d’un tel produit si l’origine des cellules souches n’est pas contrôlée ? Voilà quelques-unes des questions à poser dès maintenant et de manière globale. Avant que l’industrie agroalimentaire n’ouvre une éventuelle boite de Pandore.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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