Urbaines – street art est l’exposition collective décomplexée à découvrir à la galerie d’art Le Comoedia à Brest jusqu’au 1er avril 2023. Reconnue comme la première galerie de street art en Bretagne, elle a décidé de mettre en lumière dix artistes femmes dont les œuvres s’affichent autant dans les rues que sur des murs de galeries. Lady K viendra parler de son parcours et de son travail samedi 4 mars de 16h30 à 18h au Comoedia.

D’abord théâtre puis cinéma, le bâtiment Le Comoedia, caractéristique de l’architecture des années 40, devient une galerie d’art en 2019. Cet écrin blanc et or accueille aujourd’hui Urbaines – street art, une exposition collective au féminin. Différentes dans leur technique et leur approche, mais toutes issues de la culture urbaine, les artistes présentées jusqu’au 1er avril 2023 ont en commun l’amour de l’art et de la création dans l’espace urbain

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Une exposition street art féminin au Comoedia serait incomplète sans la présence de la pochoiriste Miss Tic, une des grandes artistes de la galerie. Décédée en mai 2022, à la fois poète et plasticienne, elle était une figure incontournable du street art qu’elle avait débuté en 1985. Ses femmes puissantes et provocantes s’impriment sur les murs et façades des villes, accompagnées de phrases incisives, mais poétiques. La galerie lui rend hommage avec le pochoir « Séduire la passion de jouer et d’être jouée ».

Les mots de Petite Poissone sont quant à eux peu souvent illustrés et issus des impressions de l’artiste, qu’elle annote quotidiennement dans des carnets. Reprenant les codes des phrases que l’on trouve sur les murs de musées, elle conjugue l’esthétisme de la typographie à un propos décalé qui détend et fait sourire, et choisit avec soin le mur où il apparaîtra. Elle revient au Comoedia avec de nouvelles punchlines toujours aussi percutantes et surprenantes.

Vous avez peut-être déjà aperçu le travail de Sêma Lao si vous avez visité Dédale, lieu éphémère à Vannes. Dans une superposition de couleur, l’artiste s’approprie des thèmes de la peinture académique, comme le nu, le clair-obscur et la maternité, qu’elle réinterprète avec sa propre sensibilité. Ses créations à l’aérosol représentent principalement des animaux ou des portraits dont la douceur des traits émeut par sa sincérité. Elle réussit à capter l’expression brute et spontanée de l’être, qu’il soit humain ou animal.

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Le milieu du street art est connu pour sa diversité. Parmi les mouvements historiques, le “writing graffiti”. Connue sous le pseudonyme Lady K, qu’elle prend en 1998, l’artiste a su s’imposer dans ce mouvement majoritairement masculin et devenir une des meilleures graffeuses de sa génération. Elle s’inscrit dans la lignée des interventionnistes, ses actions se déroulant le jour dans l’espace urbain, contrairement à la plupart de graffeurs et graffeuses qui produisent de nuit. Inspirées de la calligraphie anglaise, ses lettres rondes et colorées ondulent sur les murs avec dynamisme, un manière pour elle de sortir le lettrage de l’académisme qui peut exister dans les formes des tags et des graffs. Elle présente à la galerie ses toiles mêlant un « writing » de lettres et de formules mathématiques.

Un peu de sculptures également sera à découvrir dans l’exposition. Aux côtés des nouveaux bustes en raku (technique d’émaillage développée dans le Japon du XVIᵉ siècle), la première danseuse de hip hop en résine de la Bretonne Mélanie Bourget s’expose dans la galerie, figée dans son mouvement tant réaliste qu’onirique. Stéphanie Kilgast nous interpelle quant à elle avec ses sculptures qui prônent un avenir coloré sans homme. Obsédée par l’hyperréalisme, inspirée par la nature, ses créations sont impressionnantes de minutie et de détails, de petits trésors artistiques colorés. Dans cette ode au végétal, elle interroge, depuis 2017, le lien entre activités humaines et environnement.

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Les artistes emblématiques de la galerie rencontrent les nouvelles. Côté figuration, Julia Forma et Foufounart développent chacune un art dans lequel la femme est reine. La peintre et muraliste autodidacte Julia Forma exprime dans une peinture mouvante, tantôt colorée, tantôt en noir et blanc, son respect et son admiration pour la femme. En résulte une figuration épurée du corps qui rencontre les formes géométriques. Les courbes des silhouettes croisent des formes géométriques, à la manière des compositions cubistes, et dansent sur la toile dans un mouvement pictural doux et fort à la fois.

L’artiste et collagiste Foufounart envahit quant à elle l’espace d’exposition de vulves colorées et bariolées sacralisées dans de magnifiques cadres anciens ou assiettes vintage. « Contrairement aux attributs masculins, beaucoup plus présents, la vulve est voilée, masquée par une posture opportune, voire radialement gommée du corps de la femme », constate l’artiste. Un fait vérifié quand on se rappelle les livres scolaires de biologie où l’organe reproductif de la femme n’était qu’un liseré noir… Par ses œuvres audacieuses, Foufounart rappelle que le combat contre la domination masculine dans l’art et la société est toujours d’actualité.

Côté abstraction, Lady M et Caroline Derveaux composent des créations musicales à base de formes, de couleurs et de mouvement. La première utilise la matière, la texture, la couleur et la géométrie comme source d’inspiration. La dynamique de ses compositions se rapproche de l’art cinétique et évoque la notion de temps. La seconde s’épanouit quant à elle dans l’univers de la peinture et de l’abstraction géométrique. Qu’elle soit sur toile ou murale, la peinture est un moyen pour Caroline Derveaux de retranscrire ses émotions dans des compositions géométriques aux couleurs pop qui jaillissent du support.

Urbaines – Street Art – Du 12 janvier au 1er avril 2023.

Galerie Comoedia 35 rue du Château 29200 Brest

Ouvert du jeudi au samedi de 14 h à 18 h et sur rendez-vous.
Tous les samedis : visites guidées de l’exposition à 9h30 et à 11h, 10 €
Inscriptions en ligne sur le site

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