Black Sheep Production : de jeunes réalisateurs rennais au premier plan. Les jeunes réalisateurs de la junior association rennaise de cinéma, Black Sheep Production, sont décidément sur tous les fronts : du festival Faire un film en 48 heures au Mobile Film Festival, en passant par divers tournages personnels…

 

BLACK SHEEP PRODUCTION
Violette Gitton

Créée en 2014 seulement, l’association Black Sheep Production réunit aujourd’hui près d’une soixantaine de jeunes autour de leur passion commune, le cinéma. Et si la majorité de ses membres n’a pas plus de 18 ans, cela n’empêche en rien cette junior association de faire parler d’elle, de gagner en visibilité, et donc de se développer. D’ailleurs, Violette Gitton, 17 ans, présidente de l’association, mais aussi élève de terminale littéraire au lycée Chateaubriand, à Rennes, revendique fièrement cette jeunesse : « Black Sheep, ce sont des jeunes qui font des films avec un regard de jeunes parce que l’on estime que c’est un prisme que l’on a rarement et qui, pourtant, est hyper riche et hyper imaginatif ». Nous l’avons donc rencontré pour discuter de cette association qui bouscule un peu le paysage cinématographique français.

Unidivers : Peux-tu nous en dire plus sur l’histoire de la naissance de l’association Black Sheep Production ?

BLACK SHEEP PRODUCTIONViolette : J’ai commencé à m’intéresser au cinéma à 14 ans, j’ai eu comme une révélation. Mais j’avais envie d’apprendre en faisant un film et pas de la théorie, ça me paraissait normal. Du coup, comme je savais qu’il y avait un mec qui faisait un peu de cinéma dans mon collège, je l’ai contacté et il était d’accord pour que l’on fasse des choses ensemble. Lui, à la base, il était déjà dans une association, Libero. C’est une association de cinéma, à Rennes, gérée par un producteur dont c’est le métier, et qui permet chaque année, à une quinzaine de jeunes, d’écrire, réaliser, monter et diffuser un court-métrage. Je suis donc resté un an dans cette association et j’y ai réalisé mon premier court-métrage. C’était super pour apprendre les bases, mais nous, ce que l’on voulait, c’était avoir notre propre asso, pour pouvoir faire des films sous notre nom, sans être chapeauté par un adulte. On était six à créer Black Sheep, et on a choisi d’en faire une junior asso pour avoir tous les privilèges d’une association, sans les côtés administratifs un peu lourds… Donc Libero en est un peu la marraine, mais c’est vraiment notre truc, à l’initiative de jeunes.

BLACK SHEEP PRODUCTIONU. : Et aujourd’hui, à quoi ressemble Black Sheep Production ?

Violette : La création de Black Sheep c’était il y a quatre ans. Au départ, on était six à fonder cette association et on a commencé avec à peu près dix membres. Maintenant, on en arrive à une soixantaine de membres, donc ça a bien marché. On est deux à être présidents, moi et Anjelo (Souny), celui qui m’avait emmené à Libero à la base, et on gère tout ça en parallèle de nos cours. Tout se passe plutôt bien au final.

U. : Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre association ?

BLACK SHEEP PRODUCTIONViolette : Paul (Marques Duarte) a créé l’asso avec nous à 18 ans, donc il était, et il est toujours, l’accompagnateur adulte de l’asso. À cette époque on le surnommait parfois « le mouton noir » à cause de ses cheveux. On a traduit en anglais et voilà… Bon, il y a quand même un truc plus intelligent derrière. En fait, quand on a commencé le cinéma, on était tout petits, on ne nous prenait pas au sérieux et on s’est quand même pris pas mal de tôles. Du coup voilà, Black Sheep c’est aussi le vilain petit canard. Au final, on prend quand même une belle revanche parce que l’on est beaucoup plus pris au sérieux, on a de plus en plus de renom, donc c’est cool.

U. : Comment est-il possible d’intégrer Black Sheep ?

Violette : On ne demande pas de CV, ni rien, il suffit de remplir une fiche et payer dix euros de cotisation. Une fois que c’est fait, les membres sont rentrés sur le groupe Facebook, dans la liste mail, et ils reçoivent un message dès qu’il y a un tournage, dès que l’on cherche du matériel, etc. On leur donne aussi accès à trois choses. On leur donne accès au Drive, sur lequel il y a des ressources plus théoriques comme des conseils pour écrire un scénario. On leur donne accès à des ressources matérielles… on a mis en commun le matériel de tous les membres que l’on se prête entre nous, en ne payant qu’une caution. Et enfin, la troisième chose, c’est un accès à des ressources sociales. Certaines personnes de l’association ont plus ou moins d’expérience et elles peuvent la partager aux autres, leur donner des conseils, etc. Et puis on a aussi des contacts avec des professionnels, sur Rennes, qui nous connaissent bien, qui ont déjà tourné avec nous.

U. : Quel est le profil de vos membres ?

BLACK SHEEP PRODUCTIONViolette : On a des membres de 12 à 25 ans, avec une majorité de 17/18 ans. On a vraiment plusieurs profils… il y a ceux qui aiment bien le cinéma, mais qui savent très bien qu’ils veulent faire autre chose professionnellement, il y a ceux qui ont déjà de l’expérience, mais qui ne savent pas trop, et après il y a la troisième catégorie, celle des passionnés sévères. La plupart ont déjà un peu d’expérience et ce sont les plus actifs dans l’asso. Ils veulent vraiment faire, pour la majorité, des études de cinéma, donc certains tentent les grandes écoles élitistes, la Fémis ou Louis-Lumière à Paris, et d’autres tentent des BTS ou autres.

U. : Plus concrètement, quelles sont les diverses activités de Black Sheep production ?

Violette : Il y a deux secteurs d’activité. Il y a la réalisation de contenus audiovisuels, c’est-à-dire de clips, de courts-métrages, de captations, de pubs, etc. Ce sont des projets qui sont à chaque fois portés, à la base, par un membre de Black Sheep. On a aussi, là-dedans, le volet collaboration, quand beaucoup de membres de l’association participent au projet d’un non-membre. L’autre secteur d’activité, c’est plus de l’évènementiel avec l’organisation de projections, de voyages en festival de cinéma, etc. Et puis il y a aussi tout le volet formation. Ce sont les plus expérimentés qui enseignent aux autres. C’est très important cette idée de transmission, on l’avait vraiment au cœur du projet de l’asso parce que tout le savoir que l’on a, on nous l’a transmis sur des tournages ou autres.

U. : Comment vous débrouillez-vous sur un tournage pour répartir les rôles ? Vous débarquez à soixante ?

bobines filmViolette : Ah non pas du tout, c’est ingérable sinon ! En fait, une équipe de tournage, en général, c’est entre 15 et 20 personnes. Quand on a commencé, on était un peu moins regardant sur qui était quel poste. Déjà, si on avait une équipe complète, c’était cool. Mais nos exigences sont montées et on essaye d’avoir des professionnels sur les tournages. Ce que l’on fait, c’est que l’on met un professionnel en chef de poste et un jeune en assistant… et au final, les jeunes adhèrent bien ! Ils ont des responsabilités, la pression d’obtenir un bon résultat et ils ont un professionnel derrière eux pour tout leur expliquer. On essaye quand même de varier pour que tout le monde puisse participer.

U. : Black Sheep ça représente à peu près combien de réalisations audiovisuelles par an ?

Violette : On ne peut jamais savoir combien de projets on va mener dans une année. C’est l’avantage d’être jeunes… on n’a pas encore à gérer des choses comme des gros budgets, etc. Si on a envie de faire un film demain, on prend une caméra et on fait un film demain. Donc c’est hyper variable. Je dirais quand même qu’il y a deux, trois gros projets par an, qui dépassent les 3 000 euros de budget. Et sinon, c’est des petits projets par-ci, par-là, des films pour des petits festivals, etc. C’est souvent très spontané. On est quand même très productifs, surtout si on prend en compte le fait que tous les membres de Black Sheep sont aussi en cours. On est vraiment hyper efficaces.
U. : Quels sont les projets prévus pour cette année ?
Violette : Il y a beaucoup de films qui étaient en post-production depuis longtemps et qui se sont terminés. Avec Paul, on a aussi co-réalisé un film pour le Mobile Film Festival, qui s’appelle I love London, et avec lequel on a remporté le Grand Prix France. Le prix, c’est une bourse de 15 000 euros allouée à un producteur pour le prochain film qu’on fera tous les deux. Du coup, il y a aussi ce film-là que l’on doit écrire puisque l’on doit le tourner en un an et le présenter à la prochaine édition du festival. C’est hyper rapide. Voilà, après il y a tous les films de bac de ceux qui sont en option cinéma qui vont devoir se tourner. Aussi, chaque année, on essaye de participer au Nikon Film Festival…

U. : Vous faites des courts-métrages, des clips, des pubs, etc. Pourquoi ne pas choisir de faire que du court-métrage ?

BLACK SHEEP PRODUCTIONViolette : C’est assez simple en fait, l’institutionnel, les pubs et les captations, c’est pour faire de l’argent. Cet argent-là, on le récupère pour faire ce qui nous plait à côté, le cinéma donc, des courts-métrages, des clips, etc. Et puis on ne voulait pas faire quelque chose de trop élitiste, qu’avec des courts-métrages parce que c’est trop restrictif. Celui qui n’est pas forcément capable d’écrire une histoire, qui n’est pas très bon pour s’exprimer, mais qui par contre a de superbes images dans la tête et qui voudrait plutôt faire des clips, il n’aurait pas pu rentrer dans l’association.

U. : Quelles sont vos influences à Black Sheep en matière de cinéma ?

Violette : On nous identifie souvent à Xavier Dolan pour l’âge. C’était notre idole quand on était au collège, quand on était plus jeunes. J’ai un peu plus de mal avec ce qu’il fait maintenant, mais Mommy, Laurence Anyways, j’aime beaucoup. Bon, il y en a beaucoup qui le détestent aussi, mais ça reste une référence globale. On aime aussi beaucoup Céline Sciamma qui a fait Tomboy, la Naissance des pieuvres et Bande de filles, Wes Anderson, etc. On s’intéresse aussi aux films sur la jeunesse, parce que c’est un thème qui nous intéresse et aussi parce que l’on guette un peu les vieux qui voudraient parler de la jeunesse avec un regard de vieux. Ça nous énerve parce que quand on dit, dans le cinéma français, qu’un réalisateur est jeune, ça veut dire qu’il a quarante ans !

U. : Quel avenir pour Black Sheep ?

Violette : L’année prochaine, comme on va avoir dix-huit ans, il va falloir ou passer en junior-asso majeure pour un an, ou passer en association normale. On n’y a pas trop réfléchi encore. Ce qui est sûr, c’est que l’on va commencer à s’exporter un peu à Paris notamment, vu que l’on va tous être éclatés un peu partout avec nos études.

Black Sheep est un collectif de jeunes cinéphiles et cinéastes qui s’expriment à travers leurs créations tout en transmettant à leur tour leur passion. La junior-association est crée en 2014 par quatre adolescents rennais, qui, initiés par l’association Libero, souhaitaient réaliser leurs propres films et les réunir sous une même structure.

Black Sheep Production

contact[@]blacksheepprod.org

Association LIBERO 108 rue Adolphe Leray 35000 RENNES

Créée par l’équipe de 5J Productions à Rennes, l’association Libero s’adresse aux jeunes de 11 à 17 ans pour leur faire découvrir et partager toutes les facettes du monde du Cinéma.
libero.asso[@]gmail.com

« La Gêne Ethique », réalisé par Paul Marques Duarte et Violette Gitton. Prix du meilleur film, de la meilleure réalisation et Prix du public pour le festival Faire un film en 48 heures à Rennes

« I love London », réalisé par Paul Marques Duarte et Violette Gitton. Grand Prix France du Mobile Film Festival 2017 :

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Naomie Retailleau
Etudiante en Master Métiers de l'information et médias numériques, Naomie Retailleau réalise son stage en journalisme à Unidivers.

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