Après un retour remarqué avec Bang on time ! les Bikini Machine continuent à maintenir la pression et leur présence. Grâce à un équilibre entre sonorités revival, ambiance potache et une attitude plus mature, le groupe rennais tient son public en haleine en assumant ses virages stylistiques qui ne tournent pas au mirage.

bikini machine concert rennes

Si Bikini Machine a été absent dans les bacs durant cinq longues années avant la parution de Bang on time ! , le groupe ne fut pas indolent ou, comme les rois, fainéants. Que nenni. Ces cinq années furent mises à profit pour – entre deux tournées avec Didier Wampas – peaufiner un nouveau line-up, nouvel album et nouvelles énergies apprises et acquises au contact, toujours enrichissant, des autres…  La machine bien rodée, intelligente et sensible, a bien besoin de temps à autre de renouveler carburant, huile de coude et imaginaire, de se frotter à d’autres possibles, à d’autres publics… C’est toute la « philosophie » et le modus operandi qu’apprécie et nous livre Fred Gransard, le front man de Bikini Machine.

bikini machine

Unidivers : Beaucoup de concerts, beaucoup de retour positifs depuis la sortie de Bang on time !, alors ? Satisfaits ?

Fred Gransard : Très satisfaits. Ça fonctionne bien pour nous, nous sommes un peu dans une niche il faut dire. Le rock indé avec tout ce qui va autour : un public fidèle, les concerts, le merchandising, c’est une micro-économie qui est finalement moins que les autres secteurs affectée par la « crise ». Depuis que je fais de la musique, j’ai toujours connu au moins des succès d’estime. Tout ça permet de tourner, de continuer à avancer.

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U : Le long intermède avec Didier Wampas n’a donc pas eu d’impact négatif sur la carrière de Bikini Machine ?

Fred Gransard : Bien sûr, cela a mis l’existence du groupe en tant que tel entre parenthèse. Mais ça nous a aussi permis de « rester dans le bain ». Nous avons aussi beaucoup appris. À improviser par exemple. Avec l’ancienne formule de Bikini Machine, nous étions très tributaires de nos sequencers. Avec Didier c’était chaque soir différent, c’est une super école. Mais c’est vrai que ce qui devait prendre peu de temps, une mini tournée de quelques dates à fini par durer trois ans.

U : Ce qui explique qu’il a fallu attendre longtemps le nouvel album ?…

Fred Gransard : En fait, nous avions commencé à travailler sur l’album à l’été 2011 lorsqu’on nous a proposé de tourner avec Didier Wampas. Le titre Stop all jerk qui est devenu le premier single était déjà en boîte à ce moment là, et sous sa forme quasi définitive. Comme souvent nous avions fait une première session de travail, et sur quatre titres nous en gardons un. Ça a été celui-ci.

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U : L’album s’est donc constitué petit à petit au rythme de sessions de travail sur plusieurs années ? C’est amusant parce que cet album semble très homogène. Comme composé et enregistré d’une traite…

Fred Gransard : On voulait vraiment un format court, ramassé. Le précédent était très long, avec des bonus, des titres cachés. On voulait vraiment changer de format, avoir moins d’arrangement, un style plus direct, éviter de refaire des titres en anglais et quelques titres en français un peu déconne, à la Dutronc. Le français s’imposait moins aussi, avec l’accent que nous voulions mettre sur le côté soul de la musique. Sur nos albums précédents, certains titres avaient déjà cette couleur, ils étaient minoritaires ; dans Bang on time, nous avons écouté nos envies et cet aspect a pris le dessus de façon toute naturelle.

entretien bikini machine

L’aspect homogène tient aussi à la production. Cette fois nous avons tout fait nous mêmes. Si Bikini Machine n’est jamais entré en studio et que nous avons toujours enregistré chez nous, nous faisions mixer les titres par d’autres personnes. Pour Bang on time ! nous nous sommes dit que nous pouvions le faire nous-mêmes. C’était aussi le contraire d’un truc fait dans l’urgence.

Avec l’aventure Didier Wampas l’enregistrement et la production se sont étalés sur deux ans et demi, nous avions la possibilité de prendre du recul après chaque session. Depuis le début, nous travaillons de la même manière. Plutôt comme pourrait le faire un duo d’électro et pas comme un groupe rock classique. Tout se passe devant l’ordi. Dans un premier temps l’un amène une idée, une boucle, un riff et puis chacun imagine à partir de cette matière. Parfois, ça part dans une toute autre direction, les sons de départ restent ou sont rejetés. Et puis c’est avec le chant que ça se transforme vraiment en chanson, après le chant nous amenons d’autres arrangements et là ça peut devenir encore plus différent.

Surtout que depuis 2011, je joue avec une autre formation, plus petite, plus café-concert, Les Spadassins. C’est très rythm’n blues. D’où le côté un peu plus « black » du chant et de la musique sur l’album de Bikini Machine.  Mais nous travaillons toujours en groupe, en commun même si la façon de faire est peu commune, ça nous convient, ça nous ressemble. Par contre, pour les concerts nous avons préféré changer notre approche, il n’y a plus de machine. Avec un batteur chacun peut se concentrer sur sa partie et son instrument, ça nous permet d’être plus proches de l’aspect plus émotionnel de la musique.

U : Vous avez encore pas mal de concerts prévus, mais faudra-t-il attendre à nouveau cinq ans pour un nouvel album ?

Fred Gransard : Non certainement pas ! Même si pour l’instant nous n’avons rien en cours. Nous savons que les dates vont s’enchaîner, mais sur un rythme un peu irrégulier. Donc, ça va s’étirer dans le temps encore une fois. Nous préférons nous concentrer sur cette période. L’idée qui nous habite à l’heure actuelle est de faire un autre ciné-concert. C’est une bonne expérience ce format. Nous prenons le temps d’y réfléchir, car nous voudrions proposer quelque chose de différent…

Bikini Machine en concert
Jeudi 30 avril à 20h30
Centre culturel de Liffré – sous chapiteau
Rue Pierre de Coubertin 35340 Liffré
Renseignements : 02 99 68 58 58 / http://www.ville-liffre.fr
Tarif : 19 euros / 16 € (réduit) / 9,50 € (demi-tarif)

Les autres dates :

15/05/15 : Festival Cosmic Trip – Bourges (18)
05/06/15 : Festival Les Ingrédients – Orléans (45)
06/06/15 : Festival Charivari – Vertou (44)
21/06/15 : Fête de la Musique à la Graineterie – Houilles (78)
27/06/15 : Musiques et Terrasses – Verdun (55)

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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