L’affaire Edward Snowden, survenue en mai 2013, a braqué les projecteurs sur une institution par essence discrète, la NSA (National Security Agency), dont Sébastien Desreux, informaticien et ancien élève de l’ENS, décrit le fonctionnement dans un livre bref, précis, et édifiant, intitulé « Big Mother veille sur vous, vous surveille ».

BIG MOTHER DESREUX

Dans les révélations du printemps 2013, on a appris que Snowden, ancien membre des services de renseignements des États-Unis, avait livré 10 000 documents confidentiels au Washington Post et au Guardian, repris partiellement par Le Monde.

BIG MOTHER DESREUX

Ces informations, apparemment émiettées, étaient en réalité les parties d’un vaste ensemble dûment réfléchi. En 2008, en effet, le Général Keith Alexander, directeur de la NSA, avança l’idée d’un projet particulièrement ambitieux : « Pourquoi ne pourrions-nous pas collecter tous les signaux [i.e. les communications] tout le temps ? La devise de la NSA devenant alors “Collect it all” [“Recueillez tout”]. Ce projet se trouvait fondé par la loi du Patriot Act, dont George W. Bush disait, après l’attentat du 11 septembre 2001, qu’elle allait permettre de surveiller les moyens de communication utilisés par les terroristes.

NSA

Pour arriver à ses fins et construire un parfait système de récupération de données, la NSA s’est branchée sur des “autoroutes” de fibres optiques et des câbles sous-marins, ceux-là qui transportent 99 % du trafic intercontinental, et dont les USA sont le centre névralgique.

Tout, ainsi, a été mis en œuvre, pour surveiller les courriels, les requêtes sur le web, les connexions à des réseaux sociaux, les photos et vidéos postées sur la toile, jusqu’aux géolocalisations de GPS automobiles, aux billets de transport achetés en ligne, aux téléphones mobiles, même éteints, aux caméras de vidéosurveillance urbaine, aux boîtiers automobiles de télépéage, etc. Et c’est le programme PRISM de cette même NSA qui permet à nos espions américains du net de capturer les données reçues par neuf entreprises de la toile (Microsoft, Google, Yahoo, Facebook, AOL, PalTalk, Skype, YouTube, Apple) et lancées sur le web par tout internaute, terroriste… ou non.

BIG MOTHER DESREUX
Photo du film d’Oliver Stone

Par des accords bilatéraux, la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, le Canada, l’Australie, l’Union européenne collaborent à ce système planétaire de surveillance des organisations, des entreprises et des individus, par des échanges d’informations gérés par la NSA, le plus souvent au profit des USA et de ses intérêts politiques, militaires ou économiques. Jusqu’à l’absurde et l’incongru quand on a appris qu’Angela Merkel elle-même était espionnée sur son mobile, ce qui n’avait pas manqué de mettre mal à l’aise le Président américain de l’époque, Barack Obama !

BIG MOTHER DESREUX

Que faire, si tout un chacun ne veut plus se retrouver dans les filets de la NSA, forts de ses mille milliards de métadonnées accumulées et de ses 60 000 communications interceptées par seconde ? Si l’on ne veut plus se faire voler sa vie personnelle ? Si la perspective d’être observé dès que vous touchez un appareil électronique ou informatique vous chiffonne, essayez TAILS (“The Amnesic Incognito Live System”) nous conseille Sébastien Desreux. Mais, au final, dans ces enjeux planétaires, quel poids peut avoir une Europe, certes riche d’un bel arsenal juridique garantissant les libertés individuelles, mais stratégiquement et économiquement inférieure à la puissante Amérique riche, elle, de la production de processeurs, de systèmes d’exploitation, et de logiciels qui dominent le monde ?

Big mother veille sur vous, vous surveille : pourquoi et comment la NSA s’intéresse à vous. Les révélations d’Edward SnowdenSébastien Desreux. Éditeur : H&K (02/12/2013). 96 pages
Date de parution : 09/12/2013. EAN13 : 9782351413043. 7.95 €

Docteur en informatique, ancien élève de Normale sup, Sébastien Desreux est consultant en informatique, notamment dans le cadre des projets d’entraide de l’Union Européenne.

https://www.youtube.com/watch?v=HUwXNChPkFM

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