Avec le tome 5 de la série Les Beaux Étés, Zidrou et Lafebre nous ramènent en 1979 quand les Pink Floyd faisaient rêver les adolescents. Nostalgie et tendresse garanties.

LES BEAUX ETES BD

Il est en BD comme en amour des rendez-vous que l’on attend avec impatience. Les auteurs des quatre premiers tomes de la série Les Beaux Étés, Zidrou et Lafebre, nous avaient annoncé un nouvel album pour les fêtes de fin d’année. C’est donc avec un plaisir renouvelé que les lecteurs ont retrouvé les tribulations de la famille Faldérault. Inutile de tourner autour du pot : ce dernier album ne vous procurera pas un sentiment de transe ou d’addiction. Pas de suspense haletant, pas de crimes à élucider. Le scénario peut se résumer au titre La Fugue et à ces quelques mots : hiver 1979, Pierre et sa femme Mado décident de partir au soleil pour Noël. Seulement Louis, adolescent aux cheveux longs et aux idées courtes (?), décide de leur fausser compagnie sur l’autoroute pour se rendre à Londres, assister à un concert des Pink Floyd, pour lequel il a obtenu des billets à la sueur de son front en accomplissant des petits boulots.

LES BEAUX ETES BDLes auteurs reprennent les recettes qui ont si bien fonctionné auparavant, basées sur la tendresse, la répétition des évènements familiaux, que facilite une chronologie chaotique, permettant de découvrir des personnages dans le désordre de leurs âges et de leur évolution.
Quand Lupano et Cauuet agitent avec Les Vieux Fourneaux l’humour caustique, politique et actuel, Zidrou et Lafebre préfèrent verser dans la nostalgie du temps d’avant et dans les plaisirs simples des vies de famille.

LES BEAUX ETES BDCe qui touche finalement le lecteur, c’est l’intimité que créent la simplicité des scénarios et l’identification à des situations que nous avons tous vécues, à la manière d’une chronique quotidienne, rythmée par les paroles des chansons de l’époque. Les parties de Mille Bornes s’accompagnent des préoccupations d’ados, en conflit avec des parents qui ont une vie de « frustrés ». Mam’zelle Estérel, 4 L de Luxe, 6 glaces, modèle 1962 est toujours le support des rêves d’évasion vers un soleil que ne voit guère le Manneken frites à la frontière, où l’on déguste des fricadelles sous une pluie battante.

LES BEAUX ETES BDCe registre de tendresse, le dessin de Lafebre l’accompagne à la perfection avec de larges cases qui accueillent les frimousses polissonnes, boudeuses, gouailleuses des quatre enfants de la famille qui, comme tous les enfants de toutes les familles, râlent, rêvent, pestent, détestent et aiment leurs parents. À la manière de Franquin, quelques personnages secondaires traversent agréablement chaque nouvel album, pour fournir une galerie de portraits savoureuse.

LES BEAUX ETES BD

On aime ces petits riens qui font un « grand beaucoup » et cet album refermé, on pense certainement tous à des moments de notre enfance ou de notre jeunesse. Il faudra simplement que les auteurs désormais élargissent leur scénario. La descente en voiture vers le sud ne pourra pas toujours suffire à renouveler le plaisir de la lecture. Même si ce voyage, fait pour oublier treize jours de vacances sous la pluie bretonne estivale, avec quatre ados « luttant pour le Testostérone d’Or » ne manque pas de charme et de tendresse. Même si en fin d’album, le conte de Noël de Paulette Faldérault « La maison qui rêvait de partir en vacances » prolonge agréablement la lecture en inventant des maisons susceptibles d’amener toute la famille en vacances et de créer des étincelles dans les yeux des enfants devant le sapin de Noël.

BD Les Beaux Étés, Tome 5 : La Fugue. Scénario : Zidrou. Dessin : Lafebre. Éditions Dargaud. 56 pages. 14 €.

Dessinateur : Lafebre Jordi
Scénariste : Zidrou
Coloriste : Lafebre Jordi

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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