La BD La Guerre des Gaules pourrait débuter par « Nos ancêtres les Gaulois… »  De fait, alors que les candidats à la Présidentielle discutent du « roman national », la BD depuis longtemps réfléchit les thèmes historiques sans complexe ni état d’âme. La sortie de l’intégrale de la BD La Guerre des Gaules invite à dresser un bilan de cette relation BD-Histoire, chère notamment à la période romaine.

GUERRE DES GAULES29 X – MCMLIX apr. J.-C.. La France découvre l’existence d’un petit village gaulois rebelle, qui résiste aux légions de Jules César. Mais déjà 11 ans auparavant, de manière plus sérieuse, le jeune Alix Graccus avait fait connaître aux lecteurs de BD les dessous de la société romaine de la même époque. Avec Jacques Martin ou Uderzo et Goscinny, la BD a donc depuis longtemps appréhendé l’histoire romaine, avant ces dernières années de devenir un phénomène éditorial.

De nombreux ingrédients expliquent ce succès : une connaissance historique précise, mais laissant suffisamment place à l’imaginaire, des situations politiques troubles et complexes, de la violence et du sexe, l’importance des dieux et du surnaturel. Toutes ces BD ont un dénominateur commun : un appui sur des études historiques précises.

La publication de l’intégrale des deux volumes de la BD La Guerre des Gaules de Tarek et Vincent Pompetti répond à ce cahier des charges implicite. Pour traiter d’une période de 8 ans, 58 à 50 av. J.-C., les auteurs se sont appuyés sur l’ouvrage « Commentaires sur la guerre des Gaules » écrit par Jules César lui-même à sa propre gloire. Une référence historique donc de première main pour décrire la guerre de conquête menée par les légions romaines en Gaule Celtique contre de multiples tribus barbares. Six personnages, dont trois historiquement réels (Vercingétorix, le général Labienus et bien entendu César) et trois nés de l’imagination des auteurs, vont nous amener dans les méandres, parfois très complexes, d’une diplomatie autant préoccupée d’intérêts territoriaux que de luttes politiques internes. On se perd parfois entre alliances, trahisons, revirements, intrigues dont les effets ont pour buts ultimes et répétitifs une seule conclusion : la guerre.
LA GUERRE DES GAULESDans ces gigantesques luttes armées figurent les grands mouvements de bravoure : les cases variées dans leurs formes et leurs nombres traduisent à la perfection le chaos de ces combats de corps à corps où les têtes volent, les corps se disloquent et les épées s’enfoncent jusqu’à la garde. La couleur directe, sans le support d’un dessin, traduit à la perfection le mouvement, la violence et la trame d’une société, raffinée parfois, mais brutale souvent.

Comme on pouvait s’y attendre, les auteurs de la BD La Guerre des Gaules privilégient dans cette importante transcription historique les relations entre César et Vercingétorix dont l’évolution des liens traduit parfaitement la duplicité et la complexité des relations politiques de l’époque

Cette fidélité historique alourdit parfois la lecture, mais elle répond aux exigences des auteurs qui trouvent sa complétude dans un cahier déjà présent dans la parution en albums, mais enrichi cette fois par 40 pages supplémentaires qui attestent du sérieux de l’entreprise. Un bel ouvrage pour le lecteur qui souhaite apprendre d’une manière ludique et qui n’est pas sans renvoyer à des codes et stratégies de notre vie sociale et politique d’aujourd’hui.

BD LA GUERRE DES GAULES, réédition en un volume de deux BD parues en 2012 (Caius Julius Caesar) et 2013 (Vercingétorix). Dessins : Tarek, Scénario : Vincent Pompetti. Editions Tartamudo, 160 pages. 29 €.

Ex-libris en tirage limité : LA GUERRE DES GAULES (Tarek et Pompetti), Tirage sur papier de luxe, 5 € ou plus, ici

Editions Tartamudo
21 Place Jacques Carat 94230 – Cachan
Tél. : 01 45 36 97 31

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Si cette période vous inspire, voici quelques pistes incontournables de lecture sur ce thème :

MURENAMURENA : LA référence en la matière. Les dessins de Philippe Delaby et les scénarios de Jean Dufaux racontent les méandres de la politique et société romaine sous le règne de l’empereur Claude. Les 9 tomes sont parfois utilisés dans les lycées à l’appui des cours sur l’histoire romaine. Édités chez Dargaud depuis la création en 1997, ces ouvrages ont été souvent récompensés et ont fait l’objet de multiples éditions. C’est ainsi que le tome 9 « Les épines » a été tiré dans une seconde version « non censurée », l’édition première ne comportant pas de scènes « à caractère sexuellement explicite ».

ROMAROMA : créée en janvier 2015, l’ambition de cette série de 13 albums (cinq parutions à ce jour) est de raconter l’histoire de Rome à travers la malédiction du Palladium. Conçu à l’origine par le regretté Gilles Chaillet (voyages d’Alix, Vasco), dont le nom figure d’ailleurs comme scénariste sur les couvertures, Roma vise à raconter l’éternité de la ville italienne à travers une grande fresque historico-fantastique de 13 albums. À raison d’une parution tous les 6 mois, chaque album, maillon indépendant d’une histoire complète réalisée par un dessinateur différent, décrit un épisode spécifique et emblématique de l’histoire de Rome. Comme souvent dans ce type de projets, au cahier des charges prédéfini, la qualité des albums est inégale, mais constitue un socle historique intéressant garanti par un historien spécialiste, Bernard Lançon, qui a rédigé les dossiers pédagogiques de fin d’album. Parus chez Glénat au prix de 14,95 € l’album. Le dernier tome « La peur ou l’illusion » est sorti le 1er février 2017.

LES AIGLES DE ROMELES AIGLES DE ROME : c’est incontestablement la série la plus résolument moderne. Marini, dessinateur suisse, auteur notamment des séries « Scorpion », « Gipsy » ou « Rapaces » s’est laissé tenter par le mystère de Rome. Marcus Valérius Falco, fils d’un chevalier romain et d’une mère germaine, va s’affronter à Arminius, « barbare » devenu romain pour « services rendus ». Deux origines différentes qui permettent d’exploiter les ressorts de la société romaine. Marini, qui hésite moins à s’affranchir de la réalité historique plonge par un dessin moderne et magnifique le lecteur dans un monde de violence et de sexe, le tout savamment dosé pour un large lectorat. Cinq albums parus (le dernier en novembre 2016) chez Dargaud.

BD ALIXLES AVENTURES D’ALIX : Plus de 30 albums depuis 1948, sans compter, les séries dérivées « les voyages d’Alix » ou « Alix raconte », avec des auteurs différents depuis la mort de Jacques Martin, des millions d’exemplaires vendus, racontent ce grand classique qu’est la vie d’Alix , jeune esclave d’origine gauloise qui devient le fils adoptif d’un riche romain. Il est constamment tiraillé entre ses origines et son adoption, situation qui permet au lecteur de s’immerger dans les deux univers. De facture très classique, ce monument de la BD tend à s’essouffler ce qui a incité les éditeurs à renouveler le thème.

ALIX SENATORALIX SENATOR : pour rajeunir la série « Alix », Valérie Mangin et Thierry Démarez ont imaginé de…. vieillir le héros devenu quinquagénaire, sénateur et doté d’une force tranquille et reposante. Cinq albums sont disponibles au rythme annuel d’une parution en fin d’année avec à chaque fois une édition spéciale toilée à la couverture très soignée. Éditions Casterman. N’hésitez pas à aller voir le magnifique site consacré à cette série ici

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Actualités et dédicaces de Vincent Pompetti et Tarek 

Comment se préparer pour obtenir sa dédicace, notre article ici

VINCENT POMPETTI

11-12 mars : FestiBD à Moulins
25-26 mars : Salon BD de Cublize
1-2 avril : Villers BD à Nancy
3 au 5 juin : Étonnants voyageurs à Saint-Malo
21 au 23 août : Festival Arelate à Saint-Rémy-de-Provence

TAREK

11-12 mars : FestiBD à Moulins
16-26 février : Festival Arabesques à Hambourg
22-23 avril : Des Calanques et Des Bulles à Marseille
3 au 5 juin : Étonnants voyageurs à Saint-Malo
21 au 23 août : Festival Arelate à Saint-Rémy-de-Provence

La seconde exposition personnelle de Tarek dans la galerie Philippe Gelot a pour thème le masque africain à travers le monde coloré et pictural de l’artiste.

Vernissage le 2 mars à partir de 17 heures.
Rencontre et dédicace le 3 mars de 14 à 20 heures.

Galerie Philippe Gelot
29, rue Saint Paul 75004 Paris
+33(0)1 40 27 00 50 ou +33(0)6 45 03 95 31
Ouvert tous les jours de 14 h 30 à 19 h.
Le matin sur rendez-vous, fermé le mercredi.
1er jeudi de chaque mois ouverture jusqu’à 21 heures.

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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