Mardi 3 octobre 2017, l’opéra de Rennes inaugurait sa saison lyrique 2017-2018 (voir la présentation générale) avec le concours de l’ensemble « Le banquet céleste », sous la direction de Damien Guillon. C’est avec un oratorio en deux parties du Vénitien Antonio Caldara, sur un livret de Lodovico Forni, que le groupe de musiciens et de chanteurs allait avoir l’occasion de faire montre de son talent, ce qu’il n’a pas manqué de faire pendant les presque deux heures et demie que dure le spectacle.

Caldara, à cheval sur les XVIIe et XVIIIe siècles, est considéré comme le plus grand musicien italien de son époque. Son œuvre aurait même influencé Jean-Sébastien Bach. Particulièrement prolixe, son catalogue compte près de trois mille œuvres répertoriées, au sein desquelles pas moins de trente deux oratorios. Le mot est lancé ! qu’est-ce exactement qu’un oratorio ? Il s’agit d’une œuvre lyrique dramatique représentée sans costumes ni décors. Généralement bâti sur un thème religieux, l’oratorio peut cependant être profane et mettre en scène, par exemple, un héros mythologique. De célèbres références placent pourtant en tète la première catégorie : oratorio de Noël par J.S. Bach, Messie de G.F. Haendel, enfance du Christ d’Hector Berlioz ou Jeanne au bûcher d’Arthur Honegger. L’étymologie du mot oratorio, basée sur le verbe latin « orare », qui signifie prier, y est peut-être pour quelque chose.

BANQUET CÉLESTE

L’œuvre proposée « Maddalena ai piedi di Cristo » a ceci d’un peu déstabilisant qu’elle n’a que peu de rapport avec ce que l’on aurait pu attendre, une sorte de déploration proche d’un Stabat Mater classique. Rien à voir avec cette construction. On est plutôt en présence d’une joute entre deux personnages qui se disputent l’âme de Marie Madeleine sous la forme d’un dialogue qui relève plus de l’amour courtois que de la controverse religieuse. En réalité, nous sommes confrontés à des représentations du Bien et du Mal. Les deux personnages en question sont, d’un côté, l’amour céleste, interprété par le contre-ténor Damien Guillon, de l’autre l’amour terrestre par Benedetta Mazzucato. Les deux tireront adroitement leur épingle du jeu, mais notre petit coup de cœur de la soirée ira vers Emmanuelle de Negri, en très émouvante Marie Madeleine dont l’interprétation habitée et la belle diction emporteront nos suffrages. Les autres chanteurs ne seront pas en reste et Maïlys de Villoutreys proposera une Marthe (sœur de Marie et de Lazare) très convaincante. Au chapitre des hommes, même satisfaction. Le personnage du pharisien, permettra à Riccardo Novaro de mettre en valeur sa belle voix grave et sa prestance pleine d’autorité, alors que le ténor Belge Reinoud Van Mechelen, dans le rôle du Christ, donnera corps à un personnage sensible, apaisant, mais emprunt d’une autorité certaine. Détail amusant, entre chanteurs et musiciens, pas moins de trois anciens membres de la maîtrise de Bretagne à laquelle nous avions consacré un article en forme de portrait au mois de juin; Damien Guillon, bien sûr, Maïlys de Villoutreys et au second violon, Fiona-Émilie Poupard. Encore un sujet de satisfaction pour le chef de chœur, Jean-Michel Noël !

BANQUET CÉLESTE

Les musiciens de l’ensemble Le banquet céleste méritent également une reconnaissance particulière. Caroline Bayet au pupitre des premiers violons a fait merveille, même remarque pour les deux violoncellistes Julien Barre et Cyril Poulet, tenant entre leurs jambes, à la manière ancienne, leurs instruments, et faisant sonner avec talent leurs cordes faites de boyaux. Il serait juste de citer également Diego Salamanca au théorbe, comme François Guerrier au clavecin et Kévin Manent à l’orgue positif. En fait, tous méritent des compliments et ont activement contribué à faire de l’ouverture de cette saison lyrique rennaise un événement de grande qualité. Pour ceux qui n’auront pas eu la chance d’assister à cette belle inauguration, la présence de micro à tous les pupitres annonce l’édition d’un disque, il leur faudra faire preuve d’un peu de patience jusqu’en septembre 2018.

BANQUET CÉLESTE

Prochain opéra, le médecin malgré lui de Charles Gounod, à partir du mardi 21 novembre. Les réservations vont bon train aussi ne perdez pas de temps si vous souhaitez assister à cet amusant spectacle mis en scène par Vincent Tavernier.

Crédit photo : Julien Benhamou

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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