paradis fiscaux

Dans les paradis fiscaux, la guerre est ouverte. Qui remportera la victoire de la joyeuse course de la crapule ?

D’un côté, les dirigeants de la multinationale suédoise Ikea cultivent l’opacité grâce à une fondation secrète qui fait transiter leurs bénéfices vers les paradis fiscaux. De l’autre, les banques françaises se sont bien assises sur la promesse annoncée à grand renfort médiatique par la Fédération bancaire française  : « les banques françaises ont pris la décision d’engager la fermeture de leurs filiales et de leurs succursales dans les paradis fiscaux d’ici mars 2010 ». Bien sûr, il faut leur pardonner, ils ne font que suivre l’exemple des élus politiques. « Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé » – affirmait le chevalier blanc Nicolas Sarkozy, le prédécesseur du chevalier blanc François Hollande, lequel assurait au point 7 de ses engagements présidentiels : « Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. » Et le monde médiatique et politique français s’étonne que les extrémistes grimpent en France et en Europe ! Un esprit chagrin pourrait tout de même y voir un rapport de cause à effet…

Mais pourquoi s’inquiéter que les banques et la finance gouvernent le monde économico-politique ? Pour quelques petites raisons bénignes. D’une part, la fuite de capitaux appauvrit le capital général de la France et le pouvoir d’achat des Français (26% de l’activité internationale des banques est générée dans les paradis fiscaux comme le rapporte l’enquête parue le 13 novembre). D’autre part, la finance et ses magouilles financières étranglent l’entrepreunariat local et l’investissement national (un tiers des filiales étrangères des cinq plus grandes banques françaises se trouvent dans des pays à la législation opaque ; ces filiales ont dégagé près de 14 milliards d’euros de revenus l’an dernier). Enfin, l’argent placé dans les paradis fiscaux et autres circuits et zones grises concourt à la vitalité des réseaux mafieux : trafics d’armes, de drogues, d’enfants, de femmes et d’esclaves. Une légère entorse au projet humaniste censé animer la conception des sociétés libérales occidentales depuis l’après-guerre, non ?

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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