Si cette nouvelle n’a pas encore fait la une des journaux français, elle est un électrochoc important en Allemagne : Opel va fermer d’ici fin 2014 son usine de Bochum ! Fin de l’exemple allemand ?

Opel en danger ?

bochumIl s’agit de la première fermeture d’usine automobile depuis la fin de la 2de guerre mondiale en Allemagne. Jusqu’à présent, General Motors (GM), la maison mère d’Opel, avait préféré fermer des usines en Belgique, à Anvers, mais pas encore sur le territoire du fondateur de la marque, Adam Opel. En trois ans, ce sont déjà trois PDG qui se succèdent au chevet de la marque qui cumule les pertes depuis plusieurs années et dont la part de marché s’effrite en Europe. Le problème d’Opel, dans la galaxie General Motors, est d’être une marque exclusivement européenne, même si ses modèles se retrouvent rebadgés aux Etats-Unis (Saturn), Chine (Buick) ou encore en Australie (Holden). L’accord avec PSA Peugeot Citroen ne pouvait qu’aboutir à une mutualisation des moyens de production et des services achats, voire logistiques. La fermeture de Bochum fait donc écho à celle d’Aulnay dans un marché européen en surcapacité de production.

Ventes Opel dans le Monde (source GM)
Ventes Opel dans le Monde (source GM)

Doit-on y voir un signal d’alarme pour l’automobile allemande ?

Si Opel martèle dans ses publicités le fait d’être une marque allemande, son identité est encore complexe. Marque austère, mais sans la qualité perçue de son voisin Volkswagen, elle n’a jamais réussi à se départir d’une image conservatrice. Les derniers modèles, pourtant plus glamour, n’ont pas réussi à sortir la marque de l’ornière, d’autant que GM cannibalise la marque avec les Chevrolet d’origine coréenne, allant même jusqu’à rebadger des Chevrolet en Opel (le Captiva par exemple). Opel a conservé une implantation en Europe de l’Ouest tandis que ses concurrents allaient chercher des productions à bas coût en Europe de l’Est. Par des accords ponctuels (et dénoncés plus tard), Opel a pu produire ses modèles d’entrée de gamme dans des pays à bas coût sans aller vers une situation stable. Seule son usine polonaise pour son modèle Astra fait exception. La situation de la marque apparaît donc comme différente du reste de l’industrie automobile allemande et pire que notre automobile nationale.

Risque de psychose ?

michel_h_hybrideLes indicateurs économiques allemands restent stables et meilleurs que ses grands voisins européens. Pourtant, il n’y a pas de quoi se glorifier et la fragilité de ces indicateurs est compensée par la stabilité politique du pays. En effet, l’opposition allemande ne semble pas en position de succéder à Angela Merkel à la tête du pays dans les prochaines élections, malgré l’impopularité de son gouvernement. Pourtant, cette fermeture d’usine peut inquiéter l’opinion publique allemande ; il s’agit d’une première dans le pays. Ajoutons une défiance de plus en plus importante envers l’Europe et ses partenaires historiques. Il est ainsi difficile de prévoir l’impact psychologique de cet évènement auprès des Allemands. Une rumeur de perte du triple AAA allemand a déstabilisé les marchés et obligé à une coûteuse réplique (on parle de 70 milliards d’euros) malgré le démenti, tardif, de Moody’s. L’indice de confiance des ménages est annoncé en recul en avril, mais il s’agit d’un recul cyclique habituel qui doit être pondéré. Le pays est donc plus que jamais sous l’œil des marchés et de l’Europe.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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