Atoem sortait le clip de « Sinking Ocean » le 6 avril 2023. Pour ce premier single d’un album à paraître en septembre, le duo renno-nantais a confié la réalisation à Antonin Sohier et Baptiste Chevalier. Il en résulte un hilarant voyage en absurdie, passant par le Rheu (Ille-et-Vilaine) et les Pays de la Loire sur fond d’élégante techno.

Conduire une voiture à deux volants, déguster du sable dans une vigne, passer l’aspirateur dans une rue du Rheu, arroser la mer… Voilà quelques-unes des improbables situations auxquelles on assiste dans le clip « Sinking Ocean » du groupe Atoem paru le 6 avril 2023.

Lancé en 2017, le duo de musique électronique formé par Gabriel Renault et Antoine Talon s’est taillé un succès à la mesure du talent des deux Rennais, désormais installés à Nantes. Groupe accompagné par les Trans Musicales en 2018, par les Vieilles Charrues en 2019, il a fait depuis plusieurs fois le tour de la France pour se produire dans les festivals et salles de concert. Affinant avec les années une formule efficace mêlant synthétiseurs analogiques et modulaires, pads et boîtes à rythme, guitare électrique et vocoder, le duo compose une techno à la fois raffinée et puissante, aux accents rock psychédélique (le nom Atoem étant pour partie une référence au fameux album des Pink Floyd, Atom Heart Mother). 

Après trois EP studio et un EP live, Atoem s’attaque à l’incontournable défi d’un premier album, qui paraîtra en septembre 2023 sur le label nantais Yotanka. « Sinking Ocean » en est le premier single, un morceau techno au kick profond et à la basse groovy, au refrain chanté au vocoder et aux nappes hypnotiques de synthétiseurs. Il sort avec un excellent clip réalisé par Antonin Sohier et Baptiste Chevalier. Une collaboration inédite, et pour cause les deux réalisateurs ne se connaissaient pas avant d’être sollicités pour ce projet.

Le premier baigne dans le montage vidéo depuis l’adolescence. Dès cette époque, il crée des clips de musique non officiels. Plus tard, il se passionne pour la culture club et lance une association événementielle à Bordeaux. Il découvre le VJing, le DJing, réalise des aftermovies d’événement puis des clips. Vidéaste professionnel depuis 2018, il fait la rencontre du duo Atoem en 2019, à l’occasion du Printemps de Bourges. Il assure ensuite plusieurs captations vidéo pour le groupe et est à nouveau convié pour le clip de « Sinking Ocean ».

Devant l’ambition du projet, le groupe décide de faire appel à un second réalisateur, Baptiste Chevalier. Le Nantais pratique la vidéo depuis une douzaine d’années. De ses premières images tournées qu’il montait avec un accompagnement musical, il devient assistant de tournage sur des courts-métrages ou encore sur la websérie nantaise Random (Sullivan Le Corvic et Rémi Noëll, 2015). Tantôt réalisateur, tantôt chef opérateur, il travaille sur des films d’entreprise, des publicités et des clips musicaux. En 2021, il réalise une live session d’Atoem au festival Panoramas, une première collaboration qui se poursuit aujourd’hui avec ce nouveau clip.

atoem sinking ocean

« C’est un sacré pari d’associer deux regards différents à la réalisation, ça demande de comprendre l’autre, de faire des compromis, de faire confiance », commente Baptiste Chevalier. « Et ce n’est pas commun de le faire sans se connaître », ajoute Antonin Sohier. « Il y avait une idée commune qui nous a réjouis dès le début, celle de partir dans un univers absurde », renchérit Baptiste. Les membres d’Atoem avaient en tête plusieurs situations absurdes, qui feraient écho aux paroles du morceau, poétiques, imagées, mais visiblement vides de sens. 

While the sky is burning down I’m pouring down

While the sun is falling up

I’m pouring down

In the depth of the void

I’m pouring down

Sinking ocean in the sky of blue I’m pouring down

(Alors que le ciel s’embrase je m’écoule / Alors que le soleil tombe en haut / Je m’écoule / Dans la profondeur du vide / Je m’écoule / L’océan qui sombre dans le ciel du bleu que j’écoule)
  • atoem sinking ocean
  • atoem sinking ocean
  • atoem sinking ocean
  • atoem sinking ocean
  • atoem sinking ocean
  • atoem sinking ocean
  • atoem sinking ocean

« Notre travail consistait à trouver un fil conducteur tout en restant dans l’absurde. Qu’il y ait une cohérence dans cette incohérence. Et que ce soit réalisable en trois jours », explique Baptiste Chevalier. À partir des premières idées de situation, les deux réalisateurs jouent au ping pong pour en trouver d’autres tout aussi absurdes. « Une fois sur le tournage, j’ai réalisé la référence très forte à Quentin Dupieux », confie Antonin Sohier. « Quand Gabriel [Renault] a mis son blouson, on a tout de suite vu le clin d’œil à son film Le Daim », ajoute Baptiste Chevalier.

atoem sinking ocean

La comparaison se tient honorablement tant l’univers de « Sinking Ocean » tourne à l’absurde des situations et des visions quotidiennes. Tout commence dans un Super U, où deux jeunes hommes, les deux membres du duo, font leurs courses. Les paquets de chips débordent du caddie. Tableau des plus banals, qui fait un premier grand écart lorsqu’ils trouvent au rayon conserves une boîte d’antirouille, puis une pelle. Antoine Talon et Gabriel Renault embarquent alors dans un voyage en absurdie, débarquant dans une forêt avec leur caddie de courses. Les situations s’enchaînent, rivalisant de grotesque barré. Antoine peint le visage de Gabriel en s’inspirant d’un tableau blanc. On voit les deux complices tour à tour passer le souffleur sur une dune, l’aspirateur dans une rue résidentielle, promener une plante verte, conduire une voiture à deux volants, boire du sable comme on déguste un bon rouge, arroser la mer et, clou du spectacle, éteindre le jour avec une télécommande.

Les deux musiciens jouent parfaitement l’indolence complète face à des situations qui font des nœuds à la tête. Ils ont l’air déterminés, guidés par une arbitrarité incompréhensible, absorbés dans leur périple. « On ne leur a pas demandé de jouer un rôle », explique Baptiste Chevalier. « On a voulu jouer quelque chose de naturel. Pour eux, ce qui se passe est normal », précise Antonin Sohier. « On voit deux potes qui s’amusent, avec qui on a envie de vivre cette aventure », continue-t-il.

atoem sinking ocean

Et en effet, le clip de « Sinking Ocean » ressemble à un bromance road movie : deux copains sur la route qui se baladent au gré de leur envie, de leur délire. « On a voulu se focaliser sur le binôme. Vu que le clip annonce la sortie de leur album », justifie Baptiste. Les deux complices passent par le Rheu, où ils se sont rencontrés pour la première fois, sur les bancs d’une école de musique, et arpentent les Pays de la Loire, où ils vivent actuellement, jusqu’à la plage du Veillon. Un voyage qui, à l’orée d’un premier album, peut aussi évoquer le parcours d’Atoem depuis ses débuts : une bromance musicale, illustrée ici par d’improbables péripéties.

Trois jours de tournage, sept lieux différents, une nuit blanche pour construire le montage et deux semaines de finitions, pour les deux réalisateurs aussi c’était une aventure. « Trois jours de fun où on ne dort pas beaucoup », selon Antonin Sohier, et dont tous deux gardent un très bon souvenir, heureux de cette première collaboration qui en donnera peut-être d’autres.

Bien ficelé, le clip de « Sinking Ocean » se distingue par une colorimétrie de l’image soignée — « une texture old school, hors temps », précise Baptiste Chevalier — et un montage prenant et déroutant. D’absurde en absurde, il fait perdre pied à mesure que le morceau progresse, nous faisant sombrer doucement mais sûrement dans l’océan d’Atoem.

atoem sinking ocean

Atoem sur Facebook

Instagram

Article précédentDol-de-Bretagne. Des idées plein la terre ou faire de l’art avec des déchets
Article suivantLa Rochelle. Le Festival d’Art Visuel Printemps Fleuriau de retour en mai 2024
Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici