Le Festival Astropolis ? Le plus ancien festival de musiques électroniques en France qui égrène ses soirées toute l’année pour le bonheur de dizaines de milliers de férus de musique Acid, techno et autres tempos électros. Mais le grand raout annuel a eu lieu du 3 au 5 juillet. Depuis 2003, le festival se déroule sur quatre à cinq jours dans toute la ville de Brest. Mais l’épicentre des festivités est sis au château de Keroual à Guilers. Unidivers s’est mis dans la peau d’un festivalier et vous raconte la dernière nuit dans cette Zone autonome temporaire. En bonus, un petit aperçu de la nouvelle génération électronique avec non pas une, mais deux rencontres avec des DJs du tremplin Grand-Ouest…

 

astropolis brestDepuis 2001 ans, Mathieu Guerre Berthelot, Gildas Rioulan et le groupe Les Sonics transfigurent le château de Keroual le temps d’une nuit. La rave clandestine hardcore fondatrice dans un champ en 1995 semble bien loin, mais l’esprit est toujours le même. Pour eux, le public est l’acteur principal de l’événement : « C’est plus dans l’esprit d’une rave que d’un teknival – explique placidement Mathieu – on met les moyens, et c’est vous qui faites la fête. »

L’expression la plus appropriée pour le festivalier qui découvre le lieu est sans aucun doute : « se prendre une claque », une grosse claque même. « On a la chance d’avoir un lieu privé de dingue », confirme Mathieu. Imaginez un grand espace où des stands de restaurations, de boissons (y compris de l’eau !) sont placés un peu partout afin d’éviter que l’attente ne soit trop longue. « Ne pas attendre pour retirer des tickets afin de se désaltérer dans ma petite expérience des festivals – commente Sarah, secrétaire quadrilingue parisienne – ça ne m’était encore jamais arrivé ».

astropolis 2015
Sous les arbres – Thomas Langouet

Mais le plus fou reste à venir. Des sphères lumineuses ornent les arbres et renforcent leur puissance au fur et à mesure que la nuit tombe. Des manèges, des autotamponneuses, des tourniquets sont accessibles à tous. Première réaction d’une primoaccédante : « C’est un disneyland pour les grands ! » L’enthousiasme est contagieux ; les bénévoles répondent présents et affichent un large sourire ; une excitation joyeuse se répand à tous.

Le champ de la musique électronique est vaste. Astropolis cherche à ouvrir la porte à plusieurs publics afin que, le temps d’un week-end, le plus grand nombre de personnes différentes se rencontrent et découvrent les musiques du voisin. Dans cet esprit musical d’indépendance mutualisée, cinq scènes se partagent la vedette. Les organisateurs commentent : « On essaie d’avoir une programmation à tête d’affiche, des résidents et aussi des artistes qui n’ont pas trop joué en Bretagne ».

C’est parti. Les lives de Skence et de Torb enflamment l’Astrofloor avant que le set Acid de Boys Noise ne propulse le public dans une transe dansante d’une heure. Entre deux sets, le Chill-Out permet de s’asseoir et de reprendre des forces, dans une ambiance cosmique. Sur la scène Mekanik, la plus hardcore, et Manu Le Malin, parrain de la scène, sont fidèles au rendez-vous.

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Lil Louis (Souenellen)

Sans oublier la scène Tremplin avec les talents sélectionnés au Tremplin Grand-Ouest. « Ils apportent un nouveau regard. Ce sont des découvertes pointues que l’on ne voit pas dans d’autres festivals », précise Mathieu.

La DJ Knappy Kaisernappy a ouvert avec excitation La Cour, la scène techno tendance. C’est une première pour elle, sa musique est expérimentale et intuitive. La nuit file et la musique se fait plus dure ou plus mélodique selon les heures et les scènes. Une chose est sûre : tout le monde tape du pied. Le soleil se lève et Elisa Do Brasil clôture les festivités sur la scène Mekanik tandis que Lil Louis s’occupe avec entrain de La Cour.

Interview d’Elsa Quintin alias Knappy Kaisernappy et Quentin Rougier alias Axom

Unidivers : Petit topo de votre parcours : qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Et musique électronique réalisez-vous ?

knappy kaisernappyKnappy Kaisernappy : Je mixe depuis un peu moins d’un an. Je collectionne depuis longtemps les disques, les wave et les mp3, mais j’ai commencé à assembler ces éléments il y a peu de temps.
Je suis plasticienne, orientée dessin. J’utilise beaucoup Tumblr aussi, c’est assez proche du sampling finalement, ce que j’essaie de développer dans le mix pour enrichir les sets. J’enseigne les arts plastiques dans un collège sports-études orienté foot. C’est de là que je viens, et mon approche de la musique électronique s’appuie sur ce background. Mes sets sont polarisés techno/ambient/sampling.

Knappy Kaisernappy
Knappy Kaisernappy

Axom : Je mixe depuis 10 ans et suis DJ/Producteur et habite à Saint-Brieuc pour des raisons professionnelles. Ma musique est un mélange de deep et de techno avec une touche mélodique. J’aime quand ça voyage…

U : Comment êtes-vous entrés dans ce milieu ? Un artiste vous a-t-il particulièrement inspiré ?

Knappy Kaisernappy : Les arts visuels et plastiques et la musique sont des « milieux » connexes et intrinsèquement liés. Ceux sont deux faces d’une même pièce, beaucoup de mes amis pratiquent les deux. J’aime sortir, danser, être bénévole dans les soirées. J’ai commencé par passer de la musique dans des before et après des soirées, puis on m’a proposé des dates. Je ne connais pas énormément de choses dans ce domaine, c’est plus intuitif et spontané. Je suis dans une phase de découverte et d’expérimentation, pour ces raisons ce que je propose n’est pas très « carré ». Le label Kranky a été déterminant dans mon approche, c’est un label américain qui est plutôt axé post rock, ambient, instrumental.

axom astropolis
Axom

Axom : J’ai commencé par jouer des disques dans ma chambre et dans des soirées entre potes. Ma sélection était déjà axée techno mélodique avec des artistes tels que Popof, Anthony Rother, Julian Jeweil et son morceau « Air conditionné » qui m’a retourné. Sans oublier N’to que j’ai découvert un peu plus tard.
Ils m’ont beaucoup inspiré et donné envie de produire ma propre musique. J’ai fini par publier mes premiers morceaux sur Internet et les dates sont arrivées au fur et à mesure.

U : Le festival Astropolis est un des événements majeurs de l’été en ce qui concerne la musique électronique. Quelle a été votre réaction face cette sélection ?

Knappy Kaisernappy. : C’est un immense honneur de jouer à Astro, et d’ouvrir pour la soirée du samedi sur une scène aussi fat. Mood ? Contente et excitée, les deux ! (Rires)

Axom : Le tremplin Astropolis est une super opportunité pour des artistes qui démarrent. C’est une chance et une belle récompense d’être sélectionné. J’ai beaucoup travaillé sur mes productions cette année en essayant de faire toujours de mieux en mieux. Ce qui à l’air d’avoir porté ses fruits avec une signature au label Allemand Traum Schallplatten qui est prévu pour le 20 juillet, et un Ep qui devrait sortir en septembre sur un jeune label français « Tales Records ». Avec Astropolis qui vient se greffer à tout ça, il était difficile d’espérer mieux. Un grand merci au festival de nous accorder cette chance.

La musique s’arrête, le site devient silencieux. C’est l’heure de partir. Les gens se rendent compte qu’ils sont fatigués. Un petit bout de chemin les attend pour rentrer chez eux. Pourtant sur chaque visage, un sourire de contentement apparaît. C’est ce que l’équipe souhaitait. Pari réussi ! Rendez-vous au Festival Astropolis 2016.

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