L’Art dans les chapelles invite dans les chapelles de la région de Pontivy des artistes qui y exposent chaque été leurs installations. Cette année, une nouvelle initiative, le Off, a permis d’ouvrir deux chapelles les 5 et 6 novembre pour faire connaître les talents de deux jeunes diplômés de l’École des Beaux-Arts de Lorient, Guanglei Si et Isabelle Keraudran. Unidivers est allé à leur rencontre.

guanglei-siIl a 28 ans, il vient d’une ville au bord de la mer comptant pas moins de 7 millions d’habitants, entre Pékin et Shanghaï. Profession ? Artiste plasticien. Guanglei Si est arrivé il y a six ans en Bretagne pour confronter sa pratique de la peinture, dans la pure tradition chinoise, à la multiplicité des formes et des langages de l’art contemporain. Formé à l’école des Beaux-Arts de Lorient, c’est avec son diplôme en poche qu’il enchaîne aujourd’hui expériences et expositions, avec en prime une bonne maîtrise du français. Grâce au Off des Amis de l’Art dans les chapelles, festival estival d’art contemporain de renommée nationale et internationale, ce jeune Chinois est l’un des deux artistes invités ce mois-ci dans la région de Pontivy. À cette saison, les chapelles sont vides, alors pourquoi ne pas saisir l’occasion pour promouvoir le talent d’artistes en devenir, le temps d’un week-end ?

 

guanglei-siC’est à la chapelle St-Jean sur la commune du Sourn (Morbihan) que Guanglei Si vit donc sa toute première installation in situ. Il a déjà exposé à la médiathèque de Quiberon, il prépare une autre expo à Cesson-Sévigné, où il est programmé en décembre par la Galerie picturale avec d’autres artistes. Son travail dégage en effet de quoi susciter intérêt, émotion et curiosité. Dans cette chapelle isolée au cœur d’un panorama exceptionnel sur le bassin de Pontivy, le jeune artiste est dans son élément. Le ciel à la fois lumineux et contrasté semble faire écho à l’installation qui épouse les noirs et blancs du dallage, des murs de l’édifice. Trois pièces attendent le visiteur, comme trois fragments d’un paysage fictionnel, dont on ne sait pas vraiment s’il est une représentation du réel ou une réalité qui s’offre à nous dans la nudité de la matière, livrée à elle-même, libérée de toute injonction dans l’espace-temps de la création.

guanglei si
Encre de Chine et papier de riz, rêve végétal

Dans cette démarche artistique, à la fois intuitive, minimaliste et très raffinée, la matière est maîtresse de l’œuvre finale, résultat d’un processus par lequel Guanglei Si chemine en prenant son temps entre rêve et réalité pour faire dialoguer air et matière, instant et mouvement, intensité d’une présence négligeable et densité de la forme explorée.

 

Au plafond, des branchages en papier de riz ont nécessité des heures de patience et de concentration pour rendre dans l’espace la beauté et la fragilité du trait d’encre, mille fois répété, jamais à l’identique. Au sol, un autre fragment d’œuvre composé de feuilles A4 comme imbibées de bulles d’air réchappées d’une marre de pétrole intensifie les nuances de noir et blanc. Sur un mur, le goudron disparaît dans une flaque et son reflet brouillé par des gouttes de pluie. Il aura fallu trois mois de prise de vue à l’artiste pour obtenir ce rendu vidéo si juste et si poétique, où chacun verra entre ombre et lumière le reflet de son propre imaginaire.

art chapelles« Ce qui m’intéresse, c’est le processus de transformation, le phénomène ramené dans un temps court alors que celui de la création exige de longues heures de réflexion, d’exploration, de réalisation. Pour une grande part de mon travail, là où vous voyez une représentation, un paysage, un sens donné a priori à l’œuvre, je ne fais que laisser libre cours à travers la matière à ce qui fait mon identité, ma culture. Cet enracinement dans une tradition orientale fait partie de moi, je ne peux ni tricher, ni l’effacer, mais c’est vraiment la matière qui me guide là où elle veut, je ne cherche pas à créer un effet noir et blanc par exemple. »

art chapelle
Inspiration orientale, époque désorientée

À quelques kilomètres de là, sur la commune de St-Thuriau, dans la très belle chapelle du Gohazé au bord du Canal de Nantes à Brest, une autre proposition artistique attend le visiteur. Cette fois, tous les éléments de l’installation reposent à même le sol, le rendu est plus hétéroclite, oblige à se rapprocher, à entrer dans l’œuvre, à s’y heurter. Isabelle Keraudran, elle aussi jeune diplômée de l’École des Beaux-Arts de Lorient, répond volontiers aux questions.

isabelle keraudran
L’art et la matière d’Isabelle Keraudran

Non, elle ne connaît ni le Maroc ni le Moyen-Orient, mais elle aime travailler le motif et reprendre à sa façon l’image d’une splendeur qui n’est peut-être plus ou qui s’invente dans de nouvelles matières. Le fil que l’artiste déroule de façon discontinue dans l’espace est celui d’un paradoxe entre raffinement, délicatesse de l’ornement, et violence, mépris de la beauté, qu’il s’agisse d’évoquer symboliquement la lapidation des femmes ou des ruines au milieu d’un imaginaire chargé de parfums, de poésie, d’amour pour la noblesse de l’art.

art chapellesIci, un tapis persan renaît dans un mariage surprenant entre plomb pour le support et broderie en étain, là de simples mouchoirs en papier rappellent la blancheur immaculée sublimée par des motifs originaux qui cohabitent avec les pierres, elles aussi utilisées comme support au motif, mais choisies à dessein par Isabelle Keraudran pour leur caractère agressif et brutal.

On en oublierait presque d’apprécier la beauté intrinsèque du lieu, tant l’œuvre exposée ne peut s’ignorer, sans vouloir s’imposer. Comme des débris qu’on ne voudrait pas déranger parce qu’ils ont trop à nous dire sur ce qui nous dérange.

Organisation Les Amis de L’art dans les chapelles en partenariat avec L’art dans les chapelles et l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Lorient, communes du Sourn et de St-Thuriau.

 

L’art dans les Chapelles #25 expose l’art contemporain dans la région de Pontivy, Morbihan

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l'art dans les chapelles
l’art dans les chapelles 2016

L’association

L’art dans les chapelles est une association qui regroupe 16 communes et deux communautés de communes du centre-Bretagne.

Chaque été depuis 25 ans, L’art dans les chapelles invite des artistes contemporains à dialoguer avec le patrimoine religieux de la vallée du Blavet et du Pays de Pontivy. Quatre circuits balisés vous conduisent dans un parcours qui relie le paysage à la chapelle, la peinture contemporaine à la sculpture polychrome, l’architecture religieuse à l’art d’aujourd’hui.

Toute l’année, L’art dans les chapelles organise des rendez-vous, des ateliers d’arts plastiques et des visites accompagnées à destination des individuels, des scolaires et des groupes, autour de la découverte et de la sensibilisation à l’art contemporain et au patrimoine.

L’art dans les chapelles est le fruit de l’association des communes de Bieuzy (commune fondatrice), Cléguérec, Guern, Le Sourn, Malguénac, Melrand, Moustoir-Remungol, Neulliac, Noyal-Pontivy, Pluméliau, Pontivy, Quistinic, Saint-Aignan, Saint-Barthélémy, Saint-Gérand, Saint-Thuriau, Séglien, Silfiac, des communautés de communes de Pontivy Communauté et de Baud Communauté.

L’équipe

Direction artistique : Éric Suchère
Directrice : Priscille Magon
Chargée du développement et des partenariats : Gaëlle Gibault
Secrétaire : Denise Cordier
Régisseur : Hervé Orhant
Chargée de communication : Alice Gauthier
Chargé des publics : Guillaume Clerc

L’art dans les chapelles
6, quai Plessis
56300 Pontivy
02 97 27 97 31
accueil[@]artchapelles.com

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Francoise Ramel
La vie est un voyage, je la vois comme telle avec ses escales, ses ports d’attache, ses caps, jusqu’à cet horizon où réel et imaginaire s’embrassent entre les lignes : l’écriture. Françoise Ramel vit en Bretagne au cœur de l’Argoat.

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