Algues au rythme, c’est d’abord une histoire d’engagement pour la fête, pour la culture, portée et partagée par des habitants qui ne lâchent rien face à l’adversité que leur volonté suscite parfois. Avec ses 120 bénévoles et ses 3000 entrées, le festival Algues au Rythme a fait le plein ce week-end à Arradon. Il faut dire que la tête d’affiche, Miossec, était très attendue samedi soir, à la veille de la sortie de son nouvel album « Mammifères ».

Le chapiteau des Algues au rythme était chauffé à blanc par la musique hypnotique du premier groupe à monter sur scène… Les Vannetais de Fuzeta ont partagé avec le grand chanteur breton l’intensité d’un beau moment de chanson française.

Crédit photo Françoise Ramel
Miossec

La voix profonde de Miossec et ses textes tout aussi empreints de gravité étaient accompagnés par les envolées du violon (Mirabelle Gilis), de l’accordéon chromatique (Johann Riche), d’une guitare et d’un clavier (Leander Lyons). Des arrangements très soignés pour mieux porter l’émotion à son comble, varier les ambiances et laisser la place aux silences. La musique ici est un souffle qui vient de loin, une respiration qui prend son temps pour puiser dans les parties plus sombres de l’âme pour mieux retrouver la lumière.

Un ange passe. Mirabelle habille de ses notes aériennes la voix douce et caverneuse de Miossec, magnifique alchimie Crédit photo Françoise Ramel.
Un ange passe. Mirabelle habille de ses notes aériennes la voix douce et caverneuse de Miossec, magnifique alchimie

Par moment, le son est presque subaquatique, comme si Miossec s’était un temps promené bien au large d’Ouessant pour surprendre les harmonies du chant des baleines et les inscrire à son répertoire. Sur d’autres mélodies, le son remonte à la surface avec des ambiances plus dansantes. Le public s’offre le voyage de tous les enchantements face à des musiciens visiblement complices et heureux.

Naufragés volontaires luttant contre les courants, la scène est leur rafiot de fortune. Ce chapiteau bondé, une île qui tangue entre nostalgie et soif d’ailleurs. Le groupe a joué ses nouveaux morceaux gardant pour le rappel les tubes radiophoniques comme « Brest », avec lequel les artistes ont salué leur public, l’émotion répondant sur leur visage aux salves d’applaudissements.

« C’est plus casse-gueule que de cachetonner sur les succès passés », l’expression est de Miossec, mais l’artiste prend un malin plaisir à jouer cartes sur table et à pousser l’auditoire dans le grand bain, sans bouée de sauvetage. La rencontre avec ses musiciens n’en est que plus forte, plus vraie.

Ben, y en a des malins qui viennent avec leur bouée. Merci la Flanfar aux pruneaux
Ben, y en a des malins qui viennent avec leur bouée. Merci Flanfar aux pruneaux

Comme d’habitude, c’est une fanfare qui assure les intermèdes. Cette année, il s’agit de la Flanfar aux Pruneaux. Au soleil couchant, la fête prend vite des allures de kermesse sur la pelouse (du stade de foot ?) pendant que les techniciens et d’autres artistes s’activent déjà pour installer instruments et micros, vérifier les retours. Au passage, ça en fait du monde à bosser en coulisse sous chapiteau et de l’emploi dans le spectacle vivant. Mention spéciale aux habitants d’Arradon pour ce soutien essentiel à la culture, à la création et à la diffusion sous toutes ses formes.

algues au rythmeL’ambiance est familiale, les bénévoles ont le sourire, Marc Abel, ancien président de l’association du festival et responsable du site, a un mot gentil pour tout le monde. Il n’y a déjà plus de quoi servir la succulente soupe vietnamienne, mais on reviendra l’année prochaine. Parce qu’à Arradon, ce n’est jamais facile de tout voir, de tout faire, tant la signature d’Algues au rythme est d’offrir une programmation pleine de surprises, pleine de grandes et de petites inspirations à saisir hors du temps, dans une atmosphère avant tout simple et conviviale. Voilà, chacun s’amuse à sa guise, comme avec La Machine à tirer le portrait, pour devenir soi-même l’attraction du moment. D’ailleurs, ça se bouscule au portillon !

C’est déjà fini pour cette année… Mais c’était bien. Des bénévoles ultra motivés et aux petits soins, un public très nombreux, du soleil, et François Hadji-Lazaro sur scène aperçu des backstages… Autant vous dire que le technicien de la Machine à tirer le portrait présent sur le site, ce vieil ado, en a eu la larme à l’œil (il a siffloté tous les standards des Garçons Bouchers sur la route du retour !). Merci à Damien, Marc, Lionel et à toute l’équipe.

algues au rythmeMais non, mais non… c’est pas fini ! Retour à la soirée de samedi : à l’entrée, une bénévole donne les consignes, on n’est pas dans la place qu’on rigole déjà. Les fanfarons du pruneau sont toujours aussi allumés dehors. Les enfants ont cessé de courir pour profiter du spectacle et voir ce drôle de Père Noël avec sa pipe, version estivale, donner le rythme à toute la troupe comme si de rien n’était. La magie opère, pas de bobos, que du bonheur !
Quelques jeunes sont déjà collés à la scène pour ne pas manquer l’arrivée de La Cafetera Roja (la cafetière rouge), six musiciens venus d’horizons différents et dont les chemins se sont croisés en 2008 à Barcelone. Depuis ils ont déjà à leur actif trois albums et de belles tournées internationales. Si vous étiez au festival du Bout du Monde l’an dernier, vous aurez sans doute eu l’envie, comme moi, de vous précipiter à l’issue du concert pour acheter l’un de ces albums signés par un label français indépendant, Greenpiste record.

algues au rythme
Aurélia Campione, guitare, voix, une grande, une très grande chanteuse

Twan, Aurélia, Chloé, Jean-Michel, Fiti et Nicolas nous emmènent dans leurs voyages avec une basse qui pourrait assurer sans problème les solos. Deux filles aux guitares électriques flirtent avec le violoncelle en fond de scène, comme la batterie elle aussi noyée dans les jeux de lumière. La voix du chanteur autrichien slame un beau rap sans agressivité ni code d’usage pour ce genre de musique urbaine. Ça fait du bien par où ça passe et le public en redemande.

La Cafetera Roja ne donne pas dans la caricature. Il y a derrière ces chansons un gros travail de composition et de création, une vraie soif d’expression à fleur de peau, à fleur de rythme. La sincérité, l’invitation à la rencontre sont palpables malgré la barrière de la langue. Les artistes passent l’essentiel de leur message dans une présence aussi alternative qu’un courant électrique. Ils et elles se passent la balle sans cesse, ils et elles jouent pour donner le meilleur de soi sans chercher à en mettre plein la vue. Ça se sent, ça se voit, ça s’entend.

Il y a comme une urgence à être dans cette musique sans frontière, un appel à vibrer en continu sans jamais tomber dans l’ennui ou la redite. In-clas-sa-ble ! et c’est tant mieux pour nos oreilles, pour nos horizons. Good vibes !

Algues au rythme

Miossec

La Machine à tirer le portrait

La Flanfar aux pruneaux

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Francoise Ramel
La vie est un voyage, je la vois comme telle avec ses escales, ses ports d’attache, ses caps, jusqu’à cet horizon où réel et imaginaire s’embrassent entre les lignes : l’écriture. Françoise Ramel vit en Bretagne au cœur de l’Argoat.

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