Arm et Tepr, entre électro et rap, font vibrer leurs Psaumes massifs

Par

13 avril 2016

1417

Le talentueux rappeur Rennais Arm (Psykick Lyrikah, avec Olivier Mellano) ajoute une pierre à son édifice avec Psaumes (réalisé chez les Nantais de Yotanka, évidemment). Un album massif et percutant pensé et réalisé avec l’inventif Tepr (Robert le Magnifique, Yelle…)

À l’image de sa splendide pochette Psaumes, nouvelle création de Arm (Psykick Lyrikah) et Tepr, regorge de dorures sonores et verbales. Massives. Massif, rugueux, beau et sans fioriture, c’est ainsi que cet album a été conçu par le rappeur Rennais et le producteur Morlaisien. « Du feu dans nos psaumes » scande Arm sur l’un des titres les plus impressionnants de cet opus lent et profond comme l’époque. Grandes orgues obscures, le minimalisme percutant de Psaumes correspond à 100% à la poésie urbaine de nos réalités actuelles, entre une noire mélancolie assumée et une espérance aiguisée comme une lame à force de réalisme imposé (comme si les prières urbaines à cran de Psaumes faisaient un écho à la fois plus sombre et plus apaisé à l’excellent et mystique Sang des Paumes de 2012 de Arm et Ancrages).

Des poèmes ancrés dans les cieux, j’ai l’enfer entier dans les yeux, greffé dans les cœurs, cours, regarde qui t’appelle, cours, si tu peux courir encore, en douce à refouler ta peur… (L’Opposé)

Ces deux-là vont à l’os. Sans fioritures et sans tomber jamais dans les clichés des genres qu’ils mélangent avec une grâce urgente, grave, sans appel. Une grâce déchirante qui libère. À l’instar des Psaumes originels ces modernes prières exaltent et exultent. Le sombre constat expulsé par une rude et altière diction sur des sons bruts et tranchants nous appelle et nous délivre (La Nuit est l’exemple splendide de cette exaltante ambivalence).

Tous les contemporains murs de Jéricho semblent vaciller aux nobles sonorités de ces trompettes bien embouchées. Sacrément futuristes et étonnamment roots (l’ambiance d’un blues cyborg du bayou de Rallumez les) ces douze titres ont une efficacité émotionnelle rare. Deux écritures ciselées se toisent et s’harmonisent. Le grain moite et mature du style rude et précis de Arm semble appeler les répons électroniques précis et savamment saccadés de Tepr… Un grand souffle intime autant qu’épique passent dans les tuyaux laminés du conscient martèlement des ces Psaumes nouveaux. Bien que Totem et son cosmisme réaliste urbain soit le premier titre de l’album c’est clairement Tu sais, le second, qui est le fiat lux de l’album… pour preuve il introduit l’excellent (de dure tendresse) : Sur le ciel dont nous devrions faire du refrain une devise pour nos temps de nuits debout :

Traite la vie comme une reine ou ne la ramène pas

Sans clash, sans frime, sans sexe facile ni rimes débiles Psaumes est un album d’honneur du rap français, un album à la sincérité apophatique ! Authentique !