Les 21 et 22 septembre, la ville de Rennes vous ouvre les portes de plusieurs de ses musées et monuments historiques à l’occasion des  Journées européennes du patrimoine.  Afin de célébrer cet événement, le bâtiment des Archives de Rennes vous invite à venir en savoir plus sur le fonctionnement de cet équipement culturel et le rôle qu’il joue dans la municipalité rennaise. Ce weekend, en plus de célébrer les journées du patrimoine, le bâtiment des Archives de Rennes fête ses 50 ans. Doublement l’occasion de vous proposer des activités pédagogiques et originales donc !

Les Journées du Patrimoine sont des manifestations nationales annuelles qui ont été mises en place depuis 1984 par le ministère de la Culture français. Leur objectif ? Permettre au public de découvrir des lieux qui d’ordinaire ne sont pas souvent ouverts aux visites et encourager la population à visiter des musées en instaurant la gratuité des entrées ou des prix extrêmement réduits pendant ces journées-ci.

Situé aux 18 avenue Jules-Ferry, le bâtiment des Archives de Rennes est un équipement culturel de la ville de Rennes. Ce qui le distingue des Archives départementales d’Ille en Vilaine, elles aussi implantées à Rennes. Il y a cinquante ans, le monument qui recèle les archives relatives rennaises a été construit pour répondre précisément à cette fonction. Ses murs sont pensés pour garantir cet objectif : ils sont habillés de petites fenêtres rectangulaires, appelées des meurtrières. Grâce à ces petites ouvertures, la lumière extérieure est beaucoup moins présente dans l’enceinte du bâtiment, ainsi les documents sont mieux préservés.

 

Les meurtrières du bâtiment des Archives de Rennes – Emmanuelle Volage

 

Archives Rennes

 

 

Archives Rennes
Faisceaux lumineux dans le bâtiment des Archives de Rennes – www.rfgenealogie.com

Si tous les documents classés aux Archives de Rennes étaient mis bout à bout et disposés en ligne droite, cela représenterait un chemin de plus de dix kilomètres. Vous vous demandez alors sans doute à quoi peuvent bien servir tous ces documents ? Quel type de documents se cache dans ces murs ? Ou encore, qui sont les personnes qui viennent sur place pour les consulter ?  Claire Gatti, la directrice des Archives de Rennes répond à toutes vos questions et vous en dit plus sur les activités qui vous attendent ce weekend.

Claire Gatti
Claire Gatti Directrice des archives de Rennes

Unidivers – Quels types de documents sont conservés dans le bâtiment des Archives de la ville de Rennes ?

Claire Gatti – Dans un premier temps, nous conservons obligatoirement des documents publics qui proviennent de la ville, de Rennes Métropole ou alors, du Centre Communal d’Action Sociale. Puis, nous détenons également des archives d’origine privée, qui viennent d’associations, d’entreprises ou de particuliers, dès lors qu’elles ont un intérêt pour le territoire rennais et pour l’histoire de Rennes. Aucune loi ne nous oblige à conserver ces archives d’origine privée, mais elles nous permettent d’apporter un complément à l’histoire très administrative des archives publiques. Elles nous offrent la possibilité d’avoir des documents qui reflètent une autre facette de l’histoire de Rennes.

RENNES

Le critère principal pour choisir ces archives privées est qu’elles aient un lien avec l’histoire de Rennes, qu’elles apportent des éléments sur l’activité de la ville depuis le dix-neuvième ou le vingtième siècle. Elles relèvent soit de propositions de dons que l’on nous fait, soit d’achats que nous réalisons lors de ventes aux enchères ou dans des catalogues de maisons de vente. Pour vous citer un exemple concret, l’année dernière nous avons acheté une affiche du début du 20e siècle sur les fêtes de la Mi-Carême à Rennes. Il s’agit d’une grande affiche illustrant des fêtes qui avaient lieu chaque année auparavant. Elle est très illustrée, très graphique et donc très intéressante. Nous avons également collecté des documents de Mai 68. Ou encore, des archives de l’architecte Georges Maillols, celui qui a construit Les Horizons à Rennes. Nous possédons donc une variété assez large de documents avec pour thème commun : Rennes. Aussi, nous conservons tous les États-civil des personnes qui sont nées, qui se sont mariées ou qui sont mortes à Rennes.

Unidivers – Pourquoi est-il important pour la ville de Rennes et pour ses habitants qu’un bâtiment comme celui-ci existe ?

Claire Gatti – Nous avons plusieurs missions à relever. Notre rôle est de répondre à ce que j’appelle « la règle des 4 C ». Ceux-ci signifiant alors : collecter, classer, conserver et communiquer. Ainsi, notre mission commence par une collecte et un tri des documents que nous récupérons auprès des différentes institutions publiques de Rennes. Le travail de tri est assez fastidieux, car dans nos Archives, nous ne devons conserver uniquement ce qui concerne le territoire rennais. Après avoir collecté, restauré et classé les documents, nous mettons tout en œuvre pour que ceux-ci soient bien conservés en les protégeant de tous facteurs extérieurs qui pourraient les dégrader. Ensuite, nous communiquons autour de ces documents, dans le sens où nous accueillons des personnes en salle de lecture qui viennent les consulter. Mais communiquer autour des archives, c’est aussi les partager avec le public en leur permettant de consulter des documents en ligne, par exemple. Notre dernière mission, en plus de ces quatre premiers rôles, est une fonction de valorisation des documents et de médiation culturelle. Par exemple, nous proposons des ateliers dans des écoles ou encore des conférences, afin que le public comprenne que les documents classés aux Archives sont des sources fiables, sur lesquels ils peuvent s’appuyer s’ils ont besoin de faire des recherches. Dans ce contexte actuel, où le flux d’information en ligne est incessant et où les fake news envahissent de plus en plus nos écrans, nous pensons qu’il est primordial de jouer un rôle aussi à ce niveau là. Notre prônons une sorte de « retour aux sources » en matière de recherche d’informations.

RENNES

Unidivers – Avez-vous constatez une évolution des le type de public que vous accueillez aux Archives depuis 50 ans ?

Claire Gatti – Oui, dans les premières années, nous avons accueilli beaucoup de gens intéressés par la généalogie qui désiraient retrouver les traces de leurs ancêtres, par exemple. Aujourd’hui, nous recevons moins de profils de ce type, mais nous venons plus souvent en aide à des Rennais qui ont besoin de consulter d’anciens documents officiels. Comme des gens qui souhaitent se lancer dans des travaux par exemple et qui ont besoin d’obtenir des permis de construire. Pour cela, ils doivent venir aux Archives pour prendre connaissance des anciens plans de la ville et des autorisations déjà accordées, ou non, auparavant. Mais ce changement dans le type de personnes que nous accueillons est surtout dû à la création de notre site internet en 2012. Grâce à celui-ci, nous avons mis en ligne une partie de nos documents. Et nous avons numériser en priorité ceux qui étaient le plus consulté sur place. Nous avons choisi de procéder ainsi dans un souci de préservation des documents. Ainsi, les documents qui étaient les plus sortis et les plus manipulés sont en ligne, pour éviter qu’ils ne s’abîment trop. Ce sont donc surtout des documents relatifs à la généalogie qui sont en ligne. Les personnes qui auparavant venaient sur place pour les consulter peuvent maintenant les retrouver en ligne. C’est donc pour cette raison qu’ils ne viennent plus directement aux Archives. Mais ce n’est pas pour autant que le nombre de personnes intéressées par la généalogie a chuté. Depuis 50 ans, nous avons également remarqué que de moins en moins d’étudiants viennent aux Archives. Ceci est une conséquence directe des changements dans les programmes universitaires. Avant, nous accueillions beaucoup d’étudiants en Histoire mais aujourd’hui, les programmes sont plus axés sur la professionnalisation et accordent une part moins importante à la Recherche.

la maison du peuple

Unidivers – Est-il possible de retrouver tout le catalogue des Archives de Rennes en ligne ?

Claire Gatti – Non, tous les documents que nous conservons ne sont pas en ligne par ce que numériser des fichiers est un travail très fastidieux. Il faut classer, étiqueter et renommer tous les documents que l’on numérise et cela prend beaucoup de temps. C’est pour cette raison que nous avons choisi de mettre en ligne les documents les plus consultés en priorité. Un défi majeur nous attend toutefois pour les années à venir : un nouveau mode de stockage va bientôt voir le jour. Au lieu de collecter les documents papiers et d’ensuite les stocker dans le bâtiment des Archives, un espace de stockage numérique va bientôt être testé. Il fonctionnera de la façon suivante : les documents seront mis en ligne par les différentes infrastructures et grâce à un boitier numérique, ceux-ci seront directement envoyés vers les Archives. Nous allons acquérir cet outils l’année prochaine. Mais par ailleurs un travail plus long sera nécessaire pour connecter les « logiciels métiers » de nos collègues de la ville et de la métropole à ce système d’archivage électronique (SAE). Avoir de pouvoir utiliser celui-ci, nous allons cependant devoir faire face à deux défis majeurs : tout d’abord, il faudra nous assurer qu’héberger et stocker les documents se fera de manière complètement sécurisée. Ensuite tout l’enjeu de l’archivage électronique réside dans le fait qu’il soit pérenne. Par ce qu’aujourd’hui, il est compliqué de lire des textes écrits sur des logiciels de traitement de textes qui datent de plusieurs années. Avant de lancer ce nouveau mode de stockage il nous faut vérifier que dans des centaines d’années, nous serons capables de lire un document « word », par exemple, parce que si le logiciel avec lequel il a été écrit est obsolète, cela s’avérera très compliqué. Cette question ne se posait pas quand les documents étaient palpables. Et encore moins il y a très très longtemps, puisque le plus vieux parchemin que nous conservons ici date de 1213 et il est encore parfaitement lisible. Nous avons du recul sur ces anciens documents, nous savons les conserver parce que nous connaissons les conditions de conservation. Les parchemins étaient faits en peaux de bêtes, ils se conservent très bien et l’encre ne s’efface pas. Ce qui n’est pas le cas avec le papier qui date du 19ème siècle qui est de moins bonne qualité et qui s’effrite facilement. Concernant l’électronique, nous ne savons pas encore s’il s’agit d’une manière fiable de conserver des documents car nous n »avons pas de recul sur la pérennité de l’information.

 

Unidivers – Quelles activités allez-vous proposer aux visiteurs pour fêter les 50 ans du bâtiment des Archives ?

RennesCraft
Tweet de @RennesCraft, retweeté par @ArchivesRennes

Claire Gatti – Tout d’abord, je voudrais insister sur le fait que ces journées sont totalement gratuites et ouvertes à tous. Le samedi et le dimanche, nous proposons des visites guidées des Archives intitulées, « L’envers du décor ». Le samedi, les départs se feront à 18h et à 18h30 et le dimanche, à 14h30 et à 16h. L’objectif de ces visites guidées est de faire découvrir l’intérieur du bâtiment aux visiteurs en les invitant à se balader un peu partout : dans les rayons où sont classés les archives mais aussi travers la salle de lecture. Nous allons également leur proposer de suivre le parcours d’un document, de sa collecte à son classement en rayons. Ils pourront ainsi découvrir comment nous procédons pour restaurer un document. Aussi pour l’occasion des documents assez confidentiels seront exposés au public. Ces visites guidées sont organisées tous les ans lors des journées du patrimoine et il est préférable de réserver sa place au préalable (contact à la fin de l’article). En plus de ces visites, nous avons organisé une soirée spéciale le samedi soir, pour célébrer les 50 ans du bâtiment. Nous avons été aidés par l’association Patchrock pour l’organisation de celle-ci. Afin de fêter cet anniversaire comme il se doit, toute la rue Jules Ferry prendra un air de fête. À 19h30, un apéro-concert du chanteur Kim Giani sera proposé. Cette programmation musicale est une idée d’une autre association rennaise : Des Pies Chicaillent. Puis, à partir de 20h30, une soirée riche en surprises débutera. Des images seront projetées sur la façade des Archives grâce à l’association Vitrine en cours. Mais cette projection est basée sur le principe de l’improvisation, je ne suis donc pas en mesure de vous expliquer ce à quoi elle va ressembler.

RENNES

Pour les aider à monter leur création, nous leur avons fourni des anciennes images que nous conservions aux Archives, comme des anciennes cartes postales, des anciens plans de la ville, etc. Ils nous ont donc concocté une belle surprise à l’aide de ces documents ! Pour accompagner cette projection, un DJ sera également présent jusqu’à minuit. Un petit interlude cinématographique aura lieu à 21h30. Le film «Jour de Fête» de Jacques Tati sera lui aussi projeté, précédé d’un film surprise réalisé à partir des collections de la Cinémathèque de Bretagne. De 19h à minuit, une buvette et une petite restauration seront à la disposition des visiteurs. Dimanche 22 septembre, en plus des visites guidées, des ateliers s’installeront dans le bâtiment des Archives. De 14h à 17h30, l’atelier intitulé RennesCraft, invitera les visiteurs à s’amuser à modéliser la ville de Rennes sur des ordinateurs. Cette idée s’inspire du jeu vidéo Minecraft. Sur les mêmes horaires, un second atelier permettra à tous, petits et grands, de s’essayer à la construction d’une maquette en bois du bâtiment des Archives. Enfin, en partenariat avec l’association 3 Hit Combo, des visites guidées dédiées aux enfants seront proposées. Les départs se feront à 15h et à 16h30 et dureront une heure environ. Nous vous conseillons de réserver si vous souhaitez participer à ces visites avec vos enfants.

 

 

Programme 50 ans Archives
Programme des manifestations et activités proposées aux Archives de Rennes l’occasion du cinquantième anniversaire du bâtiment

 

Pour en savoir plus et/ou contacter les Archives de Rennes :

Adresse : 18 avenue Jules Ferry- 35 000 Rennes

Numéro de téléphone : 02 23 62 12 60

mail : archives@ville-rennes.fr

Site internet : http://www.archives.rennes.fr/ 

Twitter : @ArchivesRennes

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Julie Pialot
Julie Pialot a suivi des études de Lettres Modernes. Pendant une année d'ERASMUS à Pondichéry (Inde), elle a rédigé un mémoire sur la littérature de voyage en Orient, avant de compléter sa formation à l'école de journalisme de Marseille. Passionnée de voyages et de nouvelles découvertes, c'est en Bretagne, son choix de coeur, qu'elle a choisi de mettre en valeur les initiatives culturelles locales.

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