Construit en 2007 en face de la Préfecture d’Ille-et-Vilaine, le bâtiment des Archives départementales recevait l’équerre d’Argent la même année par le Moniteur. Mais depuis la récompense, les agents du conseil général râlent… Petit tour d’horizon d’un échec architectural. A forte valeur symbolique.

Les deux architectes parisiens, Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart, avaient placé leur construction sous le signe de la lumière et de la transparence. Pas de chance, leur volonté s’est transformé en vrai problème… Dans la salle de lecture, les documents sont consultables à la lumière du jour qui s’engouffre à travers des verrières. Selon un spécialiste du lieu, cette installation – du jamais vue dans une salle de lecture d’archives – avec cette intensité de lumière est préjudiciable à la bonne conservation des documents. « On a bien tenté de cacher de créer de la pénombre en posant des tissus sur la verrière zénithale, mais bon, les étoffes ont tendance à s’envoler au moindre coup de vent, » explique un proche du dossier.

Laissé dans le noir, l’accueil du public aurait mérité au contraire un peu plus de luminosité. « Il en fallait un peu plus pour l’entrée et beaucoup moins pour la salle de lecture, » ironise un habitué des lieux. Les architectes pourront arguer que leur choix répond à des considérations symboliques (passage des ténèbres de l’ignorance aux lumières de la connaissance). Ils expriment leur conception par les mots  sibyllins suivants : « le bâtiment des Archives est la stricte matérialisation d’un organigramme où la fonction, sublimée, prend valeur de symbole. »

En revanche, beaucoup plus graves seraient les problèmes d’infiltrations le long de ce vaisseau de 148 mètres de long. Les Archives prendraient l’eau. Une humidité qui comme chacun sait n’est pas sans causer quelques tracas pour préserver des archives… Cet alarmant constat ne serait pas complet sans évoquer certaines portes de l’établissement. Pour garder leur verticalité, les architectes ont eu l’idée saugrenue d’installer les serrures parterre. « Nous sommes obligés de nous baisser à quatre pattes pour les faire fonctionner. » Encore plus drôle, l’entrée des livraisons aurait la fâcheuse tendance à se refermer automatiquement… Heureusement, système D oblige, des petites cales bien placées par les livreurs empêchent de malencontreux contretemps.

D’après nos informations, le conseil général de l’Ille-et-Vilaine, fort mécontent, aurait demandé des comptes aux deux architectes devant les tribunaux. Quoi de plus normal, le bâtiment avait tout de même coûté aux contribuables la bagatelle de 20 000 000 d’euros.

 

 Assumant un rôle administratif, scientifique et culturel, les Archives départementales, sises rue de la Préfecture dans le quartier Beauregard, demeurent un service public, gratuit et ouvert à tous. Ce service, qui était situé avenue Jules Ferry, collecte les archives produites par les administrations et les établissements publics, mais aussi celles des associations, des entreprises et des particuliers. Il restaure également les documents dégradés et mène des campagnes de numérisation. Des expositions, des ateliers pédagogiques et des publications contribuent aussi à la mise en valeur du patrimoine du département d’Ille-et-Vilaine. Les Archives s’attachent désormais à s’adresser à un public élargi. On ne peut que saluer cette volonté de diffusion, mais regretter l’entorse à l’impératif de conservation.

Archives départementales, 1, rue Jacques Léonard, 35000 Rennes,
02 99 02 40 01, Ouverture au public du lundi au vendredi
de 8h30 à 17h30, bus 4 et 30.

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