Les anges meurent de nos blessures de Yasmina Khadra : une trajectoire algérienne

« Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né, dans l’Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désarmante et un direct du gauche foudroyant. Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut la gloire, l’argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d’une femme. De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie. Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maîtres absolus, l’amour se met parfois en grand danger. »

Il n’y a pas qu’en Algérie que les jeunes espèrent s’en sortir avec le sport, pour oublier enfin la misère dans laquelle ils sont nés et découvrir un monde meilleur. Turambo, petit garçon des rues, est repéré un jour alors qu’il est en train de se bagarrer dans la rue. Il sera pris en charge, entrainé et découvrira lui aussi le bon côté des choses. Mais il apprendra bien vite, et à ses dépens, que les bons côtés ont toujours un revers de médaille et que rien n’est jamais acquis.

anges meurent blessures, yasmina khadraLe récit de Khadra est passionnant pour tout ce qui concerne la vie en Algérie dans les années 30, le racisme (un racisme colonialiste hallucinant), la misère, les magouilles, les mille et une façon de s’en sortir ou de plonger plus profond encore, mais le lecteur pourra regretter qu’il manque à cette histoire un peu d’âme, même si l’amour s’en mêle et si, telle une tragédie, il sentira bien au fil de la lecture le poids inéluctable du destin et des conséquences des décisions prises par Turambo. Le pauvre est bien trop tiraillé par ses aspirations, ses rêves et ses lubies pour se concentrer sur son destin, et il est de plus manipulé comme l’objet commercial qu’il est devenu grâce (à cause de) ses poings et même s’il tente de maîtriser sa vie, on le voit qui s’éparpille et se perd sur des chemins de traverse pour une fin inéluctable…

Malgré cela, les personnages qui gravitent autour du boxeur sont passionnants et il y a quelques pages superbes, parce que c’est Yasmina Khadra, hein, quand même !

 Yasmina Khadra Les anges meurent de nos blessures, Julliard, 22 août 2013, 408 pages, 21€

« Merveilleusement maquillée, les cheveux constellés de paillettes, les mains rougies au henné avec des motifs berbères jusqu aux poignets, on dirait que le drame l a cueillie au beau milieu d une noce.
Dans ce décor de rêve, tandis que le monde s éveille à ses propres paradoxes, la Belle au bois dormant a rompu avec les contes.
Elle est là, et c est tout.
Fascinante et effroyable à la fois.
Telle une offrande sacrificielle… »

Yasmina Khadra est né en 1955 dans le Sahara algérien. Il est aujourd’hui connu et salué dans le monde entier où ses romans, notamment À quoi rêvent les loups, L’Écrivain, L’Imposture des mots, Cousine K sont traduits dans 40 pays. L’Attentat a reçu, entre autres, le prix des libraires 2006, le prix Tropiques 2006, le grand prix des lectrices Côté Femme et est actuellement en cours d’adaptation cinématographique. Ce que le jour doit à la nuit – Meilleur livre de l’année 2008 (Lire), prix France Télévisions 2008, prix des lecteurs de Corse – sera également porté à l’écran par Alexandre Arcady.

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