En cette rentrée, D8, la nouvelle filiale de Canal+, adapte en France le format américain Amazing Race. Très proche de Pékin Express qui en était inspiré, cette  émission de divertissement-dépaysement propose à son tour une course dans des pays lointains. En mieux ? Amazing race –  diffusée depuis le 23 octobre sur D8, la nouvelle chaîne gratuite de Canal+ récemment rachetée à Bolloré – a laissé Unidivers plus que dubitatif…

Lors des deux premières émissions de cette version française, Alexandre Delperier, pressenti pour présenter Pékin Express à l’époque de son lancement, nous emmène de Paris à Dubaï puis delà à Bangkok. Les équipes sont des duos, tandem féminin ou masculin, chaque participant étant doté d’un surnom pour plus facilement les mémoriser. Les mêmes ficelles que d’habitude sont à l’oeuvre : le duo père-fils, les copines un peu snob, les petits gars de banlieue, un couple improbable, etc. Mais peu de personnalités gagnent la sympathie autant que les francs papys corses ou les terribles frères belges de la dernière saison de l’émission concurrente de M6. Pékin Express n’a pas eu que des coups heureux côté casting…

Alors aucune différence ? Si, le mode de déplacement. Là où Pékin Express prône la débrouillardise avec le recours au stop et un budget de 1 euro, dans Amazing race, c’est no limit ! Les participants peuvent prendre un bateau, un taxi, une moto, voire un hélico le cas échéant. Revers de la médaille : le budget alloué à chacun n’est pas mentionné, c’est un gros défaut du programme. En pratique, l’émission indique l’évolution des candidats, mais le spectateur peine à en suivre le classement, car il ne sait pas pourquoi untel ou untel voit sa place rétrograder ou progresser. Pour cacher ce flou technique, le suspens est entretenu de manière artificielle et, pire, impersonnelle. Qui plus est, le montage – capital, car susceptible de favoriser subtilement un duo contre un duo  – semble bien subjectif  Résultat : Amazing race apparait inauthentique et peu crédible. Pékin Express avait connu le même reproche et su y remédier.

Quant au contenu, il ne rattrape pas par la forme. Qu’importe les habitants dans les villes traversées, le spectateur ne les voit pas, ne les entend pas, ne leur parle qu’à peine, et dans un anglais très… français. Les échanges se limitent la plupart du temps à une conversation rapide avec un chauffeur de taxi. Ainsi, Dubaï se résume à un désert, une grande tour, un grand hôtel et une piste de ski. Quant à Bangkok, à part entendre dire que l’on y parle mal anglais (heu, de la part Frenchies, ça fait rigoler !), que les indigènes mangent des insectes et autres animaux bizarres, pratiquent le bouddhisme  et que le peu d’éléphants restants sont réservés aux touristes, Amazing race parcoure la ville à 100 km/h. Curieuse vision de cette capitale comme de la riche culture thaï.

Cette forme de tourisme au pas de course est directement inspirée des tours-operators qui baladent les touristes sans rencontre de la population et de la culture autre que superficielle, voire dénaturée. À une différence près : la débauche de moyens est largement supérieure aux tarifs planchers. Cette franche dérive vers le niveau zéro de l’information découverte s’était déjà fait sentir au fil des saisons de Pékin Express, mais connait là son acmé. Amazing Race est une succession de cartes postales à apprécier un seau de pop-corn à la main. Les jours suivants, le spectateur se souviendra surtout d’avoir… mangé du pop-corn.

 

 

 

 

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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