CSC Records publiait la compilation All Clébards Are Bastards à la date symbolique du 13 décembre 2021. Avec ce titre volontairement provocateur, le collectif brestois des Chiens Sans Collier poursuit son activité de label initiée l’année précédente et explorant les esthétiques du post-punk, de l’industriel et de l’EBM. Cette fois-ci, c’est une dizaine de jeunes artistes brestois, bretons ou adoptés, qui sont mis en avant et réunis dans cet opus tout en nuance de gris et en distorsion.

CSC Records célébrait la sortie de All Clébards Are Bastards le 13 décembre 2021, un manifeste à mi-chemin de la pure provocation et de la boutade politique. Deuxième parution de ce jeune label brestois, la compilation réunit huit morceaux de producteurs locaux de musique électronique, dans une esthétique sombre, proche de l’expérimental, oscillant entre l’ambient, la noise et la techno industrielle. Une musique de niche où s’épanouissent ceux qui aiment à s’appeler les Chiens Sans Collier.

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Artwork : Studio C.V.P.O

CSC Records est une meute de soirées devenue collectif de musique électronique et rassemblant Thibault Floch, Étienne Galvao, Clément Houette, Anthony Quéré, Léo Luisetti, Jean-Paul Février et Julien Friedmann. Ils sont DJs, producteurs, musiciens ou acteurs de la scène brestoise, parfois déjà impliqués dans d’autres associations plus anciennes comme WestSound ou Velizion. Comme bien des histoires brestoises, l’aventure CSC débute en “after”. Plus précisément, en décembre 2016, dans une maison de Kertatupage où Léo Luisetti avait l’habitude d’accueillir les prolongations après les soirées à La Suite. Julien Friedmann s’amuse encore de ce souvenir fondateur : « C’était un des premiers afters qu’on organisait là-bas. On devait bien être une centaine entre la maison et l’extérieur. Luisetti était parti dormir et quand il a vu le boxon au réveil, il a gueulé « mais qui m’a ramené tous les chiens sans collier du quartier ? » ». Les Chiens Sans Collier étaient nés.

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© CSC Records

Derrière ce nom, pour le moins imagé, réside une identité, un état d’esprit libertaire qui se plaît dans les marges. La blague entre amis perdure quelques années, refaisant surface « quand les afters dérapaient un peu trop », précise Julien. L’expression devient aussi un étendard pour celles et ceux qui cultivent un goût pour les musiques alternatives, extrêmes, expérimentales. Elle évolue finalement en projet culturel et artistique en 2019. « On était tous investis dans des assos différentes, mais on partageait le même univers musical, le post-punk, l’ambient, le noise, la techno industrielle, l’EBM. On a voulu créer quelque chose qui nous ressemble », raconte Julien.

Lancée courant 2019, l’association a bien de la peine à démarrer son activité événementielle au tournant de l’année 2020 et de la crise sanitaire. Elle fait alors un pas de côté et se dirige plutôt vers la production discographique, avec pour objectif de publier de jeunes artistes encore inédits ou émergents. Un premier EP, signé du mystérieux trio brestois Horzh, paraît en octobre 2020, accompagné d’un remix du pionnier de la techno industrielle Max Durante. Parallèlement, l’équipe du collectif lance l’émission de radio Cold Kultur sur Fréquence Mutine. Elle reprend le flambeau, dans l’esprit et l’esthétique, de l’émission Interzone longtemps animée par Rémy Tallec, journaliste culturel brestois décédé en 2020, grand complice et soutien de la scène rock, post-punk et industrielle bretonne.

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© CSC Records

Un an après leur premier EP, CSC Records est de retour avec une belle compilation de huit titres au nom qui résonne comme un manifeste : All Clébards Are Bastards. Clin d’œil provocateur, cette formule de franglais reprend évidemment le fameux slogan anti-police ACAB (“All Cops Are Bastards”), mais en se l’appropriant, et ainsi en le désamorçant : en s’affirmant à la fois clébards, bâtards et fiers de l’être. Au-delà de cet état d’esprit, illustré tout en noir et blanc par l’univers visuel de Thibault Floch, la compilation est surtout un manifeste pour une musique électronique sombre, adepte de la distorsion noise, des rythmes lents, voire pesants, irréguliers, souvent envoûtants, passant facilement du cauchemar au rêve.

© CSC Records

Une dizaine d’artistes sont réunis sur l’opus, brestois pour la plupart, proches ou affiliés. Par exemple, le Renno-Nantais Mimmo, cofondateur du label Nocturnal Frequencies, membre du trio live Depht Mod et auteur de plusieurs EP sur différents labels (le sien, mais aussi Vives pour la Bretagne ou Ritmo Fatale à Toulouse). Ou encore, le Toulousain adopté du Finistère Ogmah, fondateur du label breton Askorn Records, auteur de plusieurs EP sur différents labels (le sien, Home Mort ou Tétraèdre Records). Côté Brestois, on trouve Random Virtual Reality, artiste du collectif WestSound, qui après avoir posté beaucoup de morceaux en autoproduction sur son SoundCloud commence à signer sur des labels. Cozian, quant à lui, représente le collectif Secthor West. Fan de noise, d’indus et de production sur matériel analogique, le jeune producteur sort ici son premier morceau officiellement. Deux autres premières sorties sont signées des membres de CSC Records, CVPO (Thibault Floch) et Ushijima (Jean-Paul Février). Enfin, deux morceaux de la compilation sont signés de prête-noms : UTTC, un duo souhaitant préserver son anonymat, et le très élégant Jean-Louis Auguste Mescouilles. Car, comme le rappelle Julien, « on s’en fout de qui fait quoi, c’est la musique qui parle avant tout ». On retrouve encore un autre Brestois au mastering, Cédric Guénan, talentueux producteur sous l’alias Sheva.

En somme, CSC Records propose à travers sa compilation All Clébards Are Bastards une belle sélection d’artistes à des niveaux de développement variés, représentant la frange industrielle et expérimentale des musiques électroniques en Bretagne. Fort de ce nouveau manifeste, le collectif brestois est bien décidé à ouvrir les portes du chenil et à faire déferler la meute en Bretagne, et plus loin encore.

Écouter et commander All Clébards Are Bastards sur Bandcamp

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