Alexis HK avait consacré son précédent spectacle à un hommage à Georges Brassens, l’un des piliers de son éducation musicale. 6 ans après Le dernier présent, le musicien et chanteur revient avec un nouvel album intitulé Comme un ours (sortie : le 5 octobre 2018).

Cela fait maintenant 21 ans qu’Alexis Djoshkounian, alias Alexis HK s’est fait connaître dans le monde de la chanson française, par un premier album, intitulé Antihéros notoire. Après quatre albums solos enregistrés durant les deux dernières décennies, il a mis entre parenthèses son travail en studio  pour se lancer en 2015 dans une tournée célébrant le répertoire de Georges Brassens. Deux ans plus tard, l’artiste a de nouveau ressenti le besoin d’élaborer un projet plus personnel. Il en sortira un album et un spectacle au nom plutôt évocateur : Comme un ours.

Cette nouvelle création d’Alexis HK dresse de notre époque, avec sa dimension ambivalente et contrastée, un portrait réaliste et tout en nuances. Les ambiances particulières contenues dans chacune de ces chansons renvoient ainsi aux états d’âme et aux passions de notre temps. De fait, certains textes abordent des sujets graves ou délicats et installent des atmosphères au goût « doux-amer », soulignées en outre par des parcours harmoniques oscillant entre tonalités mineures et majeures : c’est notamment le cas de la chanson titre de l’album, Comme un ours, dans laquelle Alexis HK décrit des individus aux personnalités complexes, enfermés dans leur solitude. D’ailleurs, il décrit lui-même son spectacle, non sans un certain humour au « ixième » degré, comme étant « interdit aux enfants de moins de 36 ans ». Toutefois, il a également préservé une confiance dans la vie qu’il affirme dans d’autres chansons, en retranscrivant ses bonheurs les plus précieux et ses plus doux aspects. C’est ce qu’il souligne par des instrumentations plus feutrées, sensibles et pleines de tendresse, comme celle de Je veux un chien. D’un point vue mélodique et harmonique, le contenu musical de ces chansons semble parfois inspiré de ceux de Georges Brassens et Renaud, deux des références les plus importantes dans le parcours musical de l’artiste.

ALEXIS HK
Photo : Marc Philippe

En dépit de ce balancier « doux-amer », Alexis HK a abordé tous ces sujets qu’il sublime à l’aide d’une écriture très poétique. On peut rapprocher cette démarche créatrice de celle d’autres artistes de la chanson française contemporaine, parmi lesquels Thomas Fersen. Son approche musicale s’y apparente en particulier à travers son style vocal, nonchalant et à l’articulation soignée, dépourvu d’artifices, mais toujours mélodieux. Il partage également avec Fersen un goût pour la poétisation de la vie moderne, aspect qui apparaît notamment dans des chansons comme Un beau jour ou La fille à Pierrot. Dans cette dernière chanson, on notera également des tournures poétiques très élégantes (« Il vaut mieux admirer la beauté en fleur/Que de vouloir l’enfermer tout au fond du cœur »). Un aspect qui semble révéler une influence des chansons de Georges Brassens, parallèlement à un humour décalé, partagé entre autres avec Renaud. Cette marque poétique, émaillée de diverses figures de style, se met également au service d’ambiances extrêmement mélancoliques, par exemple dans la chanson Porté. Elle permet également, comme dans Marianne, d’aborder avec délicatesse des évènements aussi tragiques que les attentats du 13 novembre 2015.

ALEXIS HK
Photo : Pierre Leblanc

Pour ce nouveau spectacle, l’ours bien léché qu’est Alexis HK a choisi de conserver une esthétique très épurée qui caractérise son style : en effet, il se produit sur scène simplement accompagné d’une guitare ou d’une mini-guitare. Certains éléments de son style instrumental semblent évoquer le jeu caractéristique de Georges Brassens et celui de Maxime Le Forestier : on retrouve par exemple une utilisation du « picking » folk dans Salut mon grand, chanson qui met en scène un homme s’adressant à son fils.

Par ailleurs, on perçoit tous ces éléments dans l’album, dont les arrangements incluent également des sonorités électroniques. Celles-ci sont issues de la collaboration d’Alexis HK avec Sébastien Collinet, lequel a notamment travaillé avec Carmen Maria Vega et Rover. Parmi ces sonorités, on trouve celles de boites à rythmes aux résonances hip-hop. Cette similarité avec ce style musical est tangible dans Les pieds dans la boue, avec une rythmique électronique plutôt marquée mêlée au phrasé très scandé d’Alexis HK. Ce type de rythme structure également l’accompagnement de La chasse, dont le côté répétitif peut évoquer, d’une certaine façon, les boucles de samples typiques du hip-hop. Dans les arrangements de l’album, figurent également de belles parties de cordes, auxquelles l’artiste participe lui-même à la contrebasse. De même le piano y a droit de cité et entre dans une parfaite complémentarité avec la guitare et le guitarlele, offrant parfois de belles et subtiles interventions (Je veux un chien).

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le spectacle et l’album qui s’annoncent sont placés sous le signe de la poésie. La voix chaleureuse d’Alexis HK et ses mélodies, d’apparence simple, mais en réalité élaborées, s’invitent en nous… pour ne plus nous quitter.

ALEXIS HK

Sa chaîne Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCPytqv-6u5782htahqpL8UQ

Sa page Facebook : https://www.facebook.com/alexishkofficiel/?ref=br_rs

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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