Et si le naturisme était la solution pour assumer son corps ? La Fédération Française de Naturisme a décidé de lutter contre la honte du corps humain et a lancé une campagne à partir du 8 avril. La photographe Tamara Hauvuy a photographié naturistes et non naturistes dans le plus simple appareil afin de revendiquer la liberté et le droit à exister de toutes les morphologies. La série sera exposée à la galerie Joseph Paris le 27 mai prochain.

Depuis quand n’avons-nous pas vu les corps nus de Monsieur et Madame tout le monde? Loin des standards admis ? Dans leur simple nudité et diversité ? « Notre volonté avec cette campagne qui sera lancée en Avril 2021, sera de réconcilier les Françaises et les Français avec leur corps et leur nudité, d’en reprendre possession ! », a indiqué Julien Claudé-Pénégry, vice-président de la Fédération française de naturisme. De montrer que cette honte du corps (bodyshaming) n’a aucune raison d’être et que l’on peut (et doit) résister à ces oppressions ; qu’il est important de s’en émanciper, de s’en libérer, afin de pouvoir vivre heureux et épanoui pour un esprit Body Positive.

Le poids des diktats de la société sur le corps humain, et notamment sur celui des femmes, s’est accru au fil des années. Les injonctions de se conformer aux critères de beauté et de corpulence ne manquent pas… Des normes contraignantes, parfois inatteignables, imposées par l’industrie de la mode, de la publicité et de la pornographie. Voire même, aujourd’hui, par le retour de commandements religieux intégristes situés à l’opposé (pudibonderie exacerbée et séparation des sexes érigées en dogme), des injonctions assimilant toutes les formes de nudité (revendicatives, artistiques et naturistes ou philosophiques) à de la pornographie et auxquelles certains réseaux sociaux comme Facebook cèdent par intérêt purement commercial…

La personne humaine est dépossédée de son propre corps qui doit, soit devenir le symbole du consumérisme actuel, quitte à en être le support et le vecteur de produits marketing, ou devenir lui-même la marchandise, objet de désir… Soit à l’extrême inverse, on se doit de le cacher, « objet de concupiscence » et de tous les tabous et interdits religieux liés à la sexualité.

Le corps humain en tant que tel et la simple nudité se voient ainsi interdits de cité, judiciarisés, agressés. Ces injonctions paradoxales entraînent de nombreuses psychoses et/ou névroses. De très nombreuses personnes sont perdues, n’aiment plus leur corps, perdent confiance en elles, avec à la clef anorexie ou boulimie, dépression, frustrations et autres pathologies. La Fédération Française du Naturisme a demandé à la photographe Tamara HAUVUY de photographier des naturistes, non naturistes, de toutes morphologies, couleurs de peau, âge, avec ou sans tatouages et piercing, etc., afin de montrer la diversité des corps. Pour certains modèles c’était la première fois qu’ils posaient nus… « une vraie libération » nous ont-ils dit.

La genèse du projet

L’idée est née sur un groupe de discussion de la Fédération française de naturisme. Le débat portait sur les valeurs et la définition du naturisme : « Le naturisme est une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par une pratique de la nudité en commun, qui a pour but de favoriser le respect de soi-même, le respect des autres et celui de l’environnement ». Or depuis trop longtemps les médias cantonnent le naturisme à une activité de loisirs ou de vacances, se limitant à la nudité. Nos valeurs sont anciennes et bien moins superficielles que cela. Parmi elles :

Le respect : Respect de soi, des autres et de la nature : nus nous sommes fragiles. Cette fragilité engendre de faire attention à soi et aux autres et à l’environnement qui nous entoure.

Le Non jugement physique : Les naturistes ne jugent pas les autres naturistes sur leur physique, allure, etc. On se regarde dans les yeux. On attend donc que l’autre soit dans la même posture mentale, accepter l’autre tel qu’il est.

Liberté du corps humain : 2 femmes empêchées de pénétrer dans un musée ou un supermarché à cause d’un décolleté. 2 femmes obligées de remettre un haut de maillot sur une plage de Perpignan. Un jeune homme agressé dans un vestiaire de sport parce qu’il prenait sa douche nu.

La France est-elle redevenue pudibonde ? Sur Twitter, la simple nudité est trop souvent assimilée à de la pornographie ou est décrétée péché contraire aux religions. On sent un retour d’interdiction du corps humain et d’injonction de le cacher. Chez les naturistes le corps doit être libre et ne pas subir les pressions sociétales ou religieuses. Serions-nous le dernier espace de liberté dans ce tsunami d’interdits qui arrive ?

Ces thèmes émergent depuis peu dans la société, des grandes marques commencent à faire défiler des mannequins qui se rapprochent un peu de la taille moyenne des Françaises. Des blogueuses actrices se dévoilent sans maquillage ou refusent que leurs photos soient retouchées, d’autres prônent un arrêt de l’épilation. Toutes ces préoccupations sont présentes chez les naturistes depuis des années. Nous voulons le faire savoir au grand public et susciter un débat sur la place du corps humain et de la nudité dans notre société.

Qui sont les modèles ?

Les modèles ont été « recrutés » via les réseaux sociaux et les groupes naturistes. Beaucoup sont naturistes, mais certains modèles ne le sont pas. Si ils/elles sont habitué.e.s à la nudité ce n’est pas le cas de tous. Tous partagent l’idée que le corps humain et la nudité ne doivent pas être tabou ou sexualisé. Ils partagent cette volonté de vouloir montrer que l’on peut s’aimer même si son corps ne répond pas aux canons de beauté que l’on trouve dans les magazines ou que la société porte en exemple.

Un appel à volontaire a été relayé sur Facebook et Twitter, pour des modèles illustrant toutes les morphologies : taille, poids, pilosité, etc. Le responsable a dû donc s’assurer d’avoir tous types de corps pour la séance photo. Il a dû ainsi demander aux volontaires « avez-vous une particularité physique » handicap ? points ? cicatrices ? âge ? couleur de peau ? pilosité ? tatouage ? etc. Ce qui déclencha quelques belles crises de fous rires au moment de poser les questions et de recevoir les réponses. Dans cette séance se trouvent des naturistes convaincus, militants, mais aussi des non naturistes, très attachés à la liberté des corps, en résistance aux diktats de la mode et de la société. Et d’autres pour qui cette séance fut plus l’occasion d’un dépassement de soi.

À titre d’exemple, Ségolène, très au fait de la liberté du corps féminin, refuse de s’épiler. C’était la première fois de sa vie qu’elle était nue face à des inconnus et nue parmi d’autres personnes nues. Elle voulait vaincre ses complexes dus à sa prise de poids. Elle fut ravie de son expérience.

A contrario, Béatrice, en situation de handicap et naturiste, a tenu à venir poser pour montrer qu’elle n’avait pas à avoir honte de son corps. Et qu’elle était une personne comme une autre. Elle et son mari passent leurs vacances dans un centre naturiste et, grâce à leur association, organisent des voyages pour personnes handicapées

Exposition Aimons nous comme nous sommes, photographies de Tamara Hauvuy. Galerie Joseph Paris – 27 mai 2021 de 12 h à 19 h.

Galerie Joseph 
66 rue Charlot, 75003 Paris

Fédération Française de Naturisme

Découvrez les clichés de la photographe Tamara HAUVUY ainsi que les affiches destinées aux réseaux
sociaux sur le site dédié

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