Adam et Thomas est le premier livre pour enfants écrit par Aharon Appelfeld. Né à Czernowicz en 1932, il avait huit ans et demi quand sa mère fut assassinée par les nazis. Il s’est inspiré de ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. Juste émouvant et plein d’espoir.

Dans cette histoire romanesque, la guerre fait rage. Adam et Thomas sont déposés par leurs mamans dans la forêt afin d’échapper aux rafles et aux traques nazies qui se succèdent dans le ghetto.

N’aie crainte, tu connais la forêt et tout ce qu’elle contient. Assieds-toi sous un arbre, par exemple celui qui possède une cime arrondie. Lis Jules Verne ou joue aux osselets, le temps passera vite. »

adam thomas appelfeldAdam connaît l’endroit pour l’avoir parcouru à plusieurs reprises avec ces parents et son chien Miro. C’est un garçon de neuf ans qui doit prendre conscience de ce qu’il lui arrive.

C’est étrange, se dit-il. Je me promène seul dans la forêt.

L’arrivée de Thomas vient lui donner de la force. Il reconnaît son camarade de classe avançant lourdement, chargé également d’un sac à dos.

Qui t’a emmené ici ? demanda-t-il d’une voix amicale.
Maman m’a conduit ici ce matin et m’a demandé de l’attendre. Depuis, je marche, et je commence à être fatigué.
C’est étrange, dit Thomas.
D’être ici tout seuls.

adam thomas appelfeldAdam est un garçon rusé et débrouillard, il sait utiliser son environnement pour subvenir aux besoins. Il est le plus mûr des deux, doté d’un fort caractère, il puise sa force dans l’éducation spirituelle inculquée par ses parents. Il a foi en l’avenir.

Thomas est intellectuel et cultivé, il observe et se questionne souvent, craintif, il redoute l’abandon. Mais, il peut compter sur la volonté d’Adam et son réconfort pour garder espoir.

Depuis la guerre, tout a changé, dit Thomas d’une voix d’adulte.
Nos parents n’ont pas changé. Ils étaient et resteront nos parents, dit Adam, surpris par la phrase qui était sortie de sa bouche.

Ils décident de se construire un abri douillet au sommet d’un arbre, ils vont se découvrir et apprendre de l’autre. Ils échangent beaucoup sur leurs sentiments, leurs façons de voir le monde, et surtout la peur d’être finalement abandonné. Adam est spirituel et pragmatique, il explique à Thomas le rêveur, que son Dieu est bon et que leur destin n’est pas voué à l’échec.

adam thomas appelfeldArrive l’espoir avec l’arrivée de Miro. Il leur procure un grand réconfort. Quant à Mina, jeune fille maltraitée et emplie de douceur, elle leur vient en secours en apportant de la nourriture au pied de leur arbre.

Garder espoir même quand tout semble si soudainement évaporer. Au sommet de cet arbre, ils deviennent les témoins directs de cette vie fugitive. Une belle et solide amitié se construit et se renforce jour après jour malgré des conditions climatiques difficiles.

adam thomas appelfeldUne force incroyable émane de cette relation mettant en lumière une dimension universelle du partage. L’espoir, le courage la solidarité sont les clés de cette fable si poétique malgré la gravité du sujet.

Nous entendons les grondements clairement. Espérons qu’ils apporteront sur leurs ailes l’Armée rouge. Les conditions sont dures, mais nous n’avons pas perdu espoir. La nuit dernière, j’ai rêvé que vous aviez été libérés et que vous veniez me chercher avec Adam. Vous aviez maigri, mais vos visages exprimaient un certain contentement. J’espère que ce sera ainsi. Ne tardez pas, venez. Thomas qui vous aime.

À travers, une écriture poétique et émouvante, aux illustrations douces et réconfortantes de Philippe Dumas, Aharon Appelfeld a gardé une fin heureuse à ses personnages comme pour conjurer le sort, une façon à lui d’extérioriser une douleur intime. Il confie dans un entretien :

J’avais huit ans lorsque la guerre a éclaté. Ma mère a été assassinée par les nazis, j’ai été adam thomas appelfelddéporté avec mon père dans un camp dont je me suis échappé en me faufilant sous les barbelés. Je me suis retrouvé seul dans la forêt, responsable de ma propre survie. Une situation sortie droit d’un conte, même si c’était ma réalité. Chaque matin, à mon réveil, j’espérais que le contre prendrait fin par magie. Je me disais : Si j’aperçois maintenant un cheval noir, mes parents reviendront.

Adam et Thomas, Aharon Appelfeld (traduit de l’hébreu par Valérie Zénatti), Ecole des loisirs, juin 2014, 12 à 16 ans, 15€

Article précédentTam-Tam 2014, le CRIJ fête les jeunes Rennais (et tout est gratuit !)
Article suivantL’île du Point Nemo, la nef des fous de Jean-Marie Blas de Roblès

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici