Kofi Yamgnane, homme politique franco-togolais, défend bec et ongles l’instauration de la démocratie en Afrique. Ancien conseiller municipal, puis maire de Saint-Coulitz (San-Kouled, Finistère), ancien secrétaire d’État des gouvernements Cresson et Bérégovoy, ancien conseiller général de Bretagne et député du Finistère, il a récemment annoncé son projet de se présenter à l’élection présidentielle du Togo, en 2015. Dans AFRIQUE Introuvable démocratie, il brosse un portrait lucide du Togo comme de l’Afrique. Un livre analyse, un livre espoir, un livre utile à propos duquel il a accepté de nous entretenir. 

Jérôme Enez-Vriad : Nombre de Togolais estiment que leur sort est aujourd’hui moins enviable que sous les colons. Comment explique-t-on à des Français, révolutionnaires dans l’âme, qu’un peuple indépendant puisse attendre en vain la démocratie ?

Kofi Yamgnane : Votre remarque est juste et votre question pertinente, mais il faut savoir que le temps politique ne se calcule à l’échelle ni humaine ni géologique. Les Français ont, eux aussi, connu le despotisme, l’injustice, l’exploitation, la violence. Ils sont donc aptes à comprendre que tout un peuple pris au piège de la dictature puisse douter de lui-même. La Révolution française suivie de la Terreur, a montré qu’au bout du tunnel il y a toujours la lumière. Cela veut dire que les Togolais ne doivent pas « attendre » la démocratie, car elle ne viendra pas toute seule. Ils doivent l’imaginer, la construire et l’installer définitivement. 50 ans de souveraineté virtuelle ne sont pas nécessairement trop longs pour une lutte démocratique, il est néanmoins temps pour les Togolais et pour les Africains de siffler la fin de la dictature en prenant leur destinée par le bras.

« Depuis 1967, le régime togolais a institué une pédophilie d’État et le trucage systématique de tous les appels d’offres des marchés publics. »

Vous expliquez ce que n’ont pas fait les Togolais de leur indépendance, mais pouvons-nous inverser le propos afin de savoir ce qu’ils en ont fait ?

Je pose aux Togolais une question simple dont je connais la réponse qui est pour moi un supplice : « Togolais, mes chers compatriotes, mes frères et sœurs, qu’avez-vous fait de vos 50 ans d’indépendance ? ». De France, à 6000 km de distance, j’observe les échecs en série du régime, et donc des Togolais eux-mêmes. Échec de tous les « dialogues » (26 au total !),  échec du processus électoral,  échec des droits de l’Homme… En parallèle, il faut reconnaître ce que le régime a « réalisé » depuis son installation par la force en 1967. A commencer par la mise en place d’une élite politique et économique prédatrice qui a imposé un mode de consommation de luxe hors d’atteinte du peuple. Ces gens ont « fétichisé » les biens de consommation et l’argent, avec pour but d’étouffer dans l’œuf l’émergence d’une classe moyenne, barrant ainsi la route à tout développement. L’économie est gangrénée par la corruption, elle a été « tribalisée », « ethnisée » par les Kabyés qui ont mainmise sur le commerce et les ressources publiques. Ils contrôlent les ports autonomes, les zones franches, les douanes, les transports… Sans omettre les pratiques et trafics illicites : drogues, armes, carburants, enfants… Le régime a institué une pédophilie d’État et le trucage systématique de tous les appels d’offres des marchés publics. Le bilan est diabolique. Alors oui ! Mes chers compatriotes, qu’avez-vous fait de votre indépendance ?

À propos de corruption, il y a un passage terrible dans lequel vous dites que, s’ils ont le choix entre plusieurs candidats, les Togolais votent pour le plus âgé, arguant qu’il les volera moins, car il s’est déjà enrichi.

Situation du Togo en Afrique

Pour être plus précis, ce n’est pas tant le plus vieux en âge que celui en ancienneté du pouvoir. Les Togolais estiment qu’il a effectivement eu le temps nécessaire pour se remplir les poches. De fait, devrait-il être moins gourmand et, peut-être, leur laisser quelques miettes… C’est effrayant, mais c’est aussi cela « le bon sens » de tout peuple opprimé qui n’a aucune possibilité d’influer sur son sort alors qu’il se sait exploité, privé de son identité et de son honneur.

« Je revendique la désobéissance africaine face aux FMI et à la Banque Mondiale. »

Les Occidentaux ne comprennent pas pourquoi leurs anciennes colonies n’ont pas entretenu les infrastructures construites sous le protectorat. Vous en dévoilez les raisons, tout en reconnaissant que ces pays, dont le Togo, ne pourront pas être reconstruits sans l’aide des colons d’hier. Une situation dont l’absurde n’a d’égal qu’un effroyable cynisme. Le peuple togolais en a-t-il conscience et comment ressent-il une telle injustice ?

Bien entendu que le peuple togolais en a conscience. Mais lui a-t-on donné les moyens intellectuels et psychologiques d’analyser et de comprendre le cynisme dont il est victime ? Les responsables politiques eux-mêmes ont-ils réellement compris ce qui leur est arrivé ? J’en doute, car figurez-vous que dans les années 70, le FMI, la Banque Mondiale et leurs experts, ont donné « l’ordre » aux dirigeants africains de privatiser ou bien fermer les services publics (les fameux PAS : Programmes d’Ajustement Structurel) naguère établis par le colon et qui fonctionnaient, y compris pendant les premières années des indépendances. Est-ce par naïveté, par incompétence ou par soumission de l’ancien colonisé ? Toujours est-il qu’ils ont accepté de vendre ou de mettre fin à l’entretien des écoles, des hôpitaux, chemins de fer, routes… et renoncé à développer l’agriculture vivrière. Alors, la catastrophe annoncée s’est effectivement produite. Et quand j’observe que ce sont les mêmes remèdes que les mêmes FMI et Banque Mondiale appliquent aujourd’hui à la Grèce, demain au Portugal, à l’Italie, à l’Espagne, peut être d’autres suivront-ils… Et bien, je revendique la désobéissance africaine au nom de la souveraineté.

Nombre d’Européens craignent l’immigration des pays pauvres, tout en refusant les délocalisations d’industries vers ces mêmes pays, alors qu’une entreprise qui s’installe ailleurs c’est autant de travail pour les locaux qui n’ont plus besoin d’immigrer. Un mot sur cette ambivalence ? 

Ce n’est pas à proprement parler de l’ambivalence, mais du pur cynisme ! Les Européens sont toujours prêts à crier à la perte de leur identité à cause des immigrés. Savent-ils que le départ de jeunes Africains à travers le désert, le détroit de Gibraltar, parfois même la Méditerranée avec les morts que l’on connaît, oui, savent-ils seulement que ce départ est ressenti par leur pays d’origine comme une perte sèche qui saigne à blanc notre continent ? Le scandale devient révoltant quand on sait qu’une fois sur le sol européen, tous ces jeunes finissent cachés dans des caves humides avec les rats, fuyant la police qui les traque comme le chasseur pourchasse un gibier !

Quant aux délocalisations vers l’Afrique, elles n’ont jamais créé de véritable emploi puisque le continent doit se contenter d’une économie d’extraction de matières premières sans transformation, comme au « temps béni des colonies ». Il n’est que d’observer l’activité d’entreprises françaises comme Bolloré, Roullier, Edery, et les Américains de Global, sans compter GDF-Suez, qui toutes s’installent avec une armée de personnel occidental. Leur devise : Prendre et surtout ne rien partager avec les Africains.

Personne, m’entendez-vous, personne ne fera rien pour l’Afrique en dehors d’elle-même. J’ai assisté un jour à une grande conférence où, pour expliquer la mondialisation, le monde était assimilé à un village planétaire, avec les attributs nécessaires à son existence. D’abord, un laboratoire de recherches qui est l’Inde ; puis un atelier de fabrication qui est la Chine ; les USA représentent la caserne de gendarmerie et les pompiers ; l’Europe, un centre social ; et, parce qu’il faut enterrer ses morts, le village a aussi un cimetière… l’Afrique ! Je demande à chacun de méditer cette parabole.

Situation du Gahna en AfriqueMitoyen avec le Togo et ancienne colonie britannique, le Ghana s’est positionné sur les rails du redressement à la faveur d’une dictature sans pitié pour la corruption. Le gouvernement a initié un ordre économique proche du paradis fiscal, pudiquement appelé « place financière ». L’une des solutions n’est-elle pas de prendre l’argent des pays riches là où il se trouve, en les attirant avec des avantages fiscaux ?

Bien sûr, c’est ce qu’il faut faire. Que les pays riches combattent les paradis fiscaux chez eux, c’est leur problème, pas celui des exploités. C’est la même chose pour l’environnement. Après avoir pillé la planète, les Occidentaux se rendent compte qu’il faut la protéger, demandant aux Africains et aux Brésiliens de ne pas exploiter leurs forêts dans l’intérêt du monde ! Mais de quel monde parle-t-on ? Nous avons besoin de nourrir des populations de plus en plus nombreuses, et eux viennent nous expliquer doctement qu’il n’est pas raisonnable de défricher nos forêts… Alors, oui ! S’il le faut, créons des paradis fiscaux afin d’en tirer profit pour nos populations.

« Les corrupteurs occidentaux qui arrivent en Afrique comme en terre conquise seront jugés et punis selon la loi de tribunaux africains. »

Au même titre que la France juge et condamne la corruption de certains hommes d’État africains, vous réclamez une « loi de réciprocité » afin de permettre aux tribunaux africains de juger les entrepreneurs et politiciens français venus soudoyer les dirigeants subsahariens. La morale qui pose problème est-elle celle des riches ou celle des pauvres ?  

La morale n’est ni celle des pays riches, ni celle des pays pauvres. C’est la morale humaine qui doit prévaloir, et elle s’applique à tous. Je revendique, haut et fort, une parfaite symétrie  riches-pauvres dans le traitement des problèmes humains. Et d’ici peu, cette réciprocité s’appliquera. Tous les corrupteurs occidentaux qui arrivent en Afrique comme en terre conquise seront jugés et punis selon la loi de tribunaux « indigènes ». Aucune autre solution ne peut être durable. 

Obélisque de la Concorde - Paris

A ce propos, vous mettez le doigt sur une double injustice corruptive. Ainsi, les dirigeants des pays pétroliers du Moyen-Orient, dont les richesses personnelles sont considérables en comparaison de celles des dirigeants africains, ne font pas l’objet d’une grande attention de la part du rigorisme occidental.

Ce comportement est l’illustration d’une hypocrisie inacceptable. Manière de regarder la paille dans les yeux des Africains, sans voir la poutre dans son propre regard. Prenons l’exemple de l’obélisque de la Concorde. À l’entrée du temple de Louxor, vous verrez son jumeau, laissé seul, parce qu’un certain Napoléon l’a échangé contre une horloge qui n’a jamais fonctionné, bien qu’elle soit sur le fronton de la Grande Mosquée du Caire. Cela s’appelle du vol ! La solution ? Mettre fin à la justice du plus fort, la justice systématique du vainqueur. Et pour le faire, il faut absolument une justice réciproque, symétrique, comme je viens de l’évoquer.

Dans son roman : Aux États-Unis d’Afrique, Abdourahman A. Waberi inverse les pôles économiques : la prospérité est au sud et la Fédération des États-Unis d’Afrique reste indifférente aux millions de réfugiés d’Euramérique qui se pressent à ses frontières. Au-delà de la fiction, une réelle union sociale, monétaire et politique, est-elle envisageable pour l’Afrique ? Et quel rôle pourrait y avoir le Togo ?

"Aux Etats-Unis d’Afrique" d'Abdourahman A. Waberi - Edition Jean-Claude Lattès

Le roman d’Abdourahman A. Waberi n’est pas seulement une fiction, il prédit une réalité à venir. D’ici 2050, l’Afrique sera le continent le plus peuplé de la planète, devant la Chine et l’Inde. Le seul Nigeria sera plus habité que les USA. Pour peu que les dirigeants se montrent à la hauteur de la situation, qu’ils réalisent l’unité politique du continent, qu’ils créent une économie unifiée, une monnaie unique souveraine garantie par notre production d’or, de diamant, d’uranium ; qu’ils promeuvent une société de justice et de solidarité, qu’ils développent les infrastructures, maîtrisent parfaitement le numérique… alors l’Afrique décrite par l’auteur deviendra réalité.

Dans cette hypothèse, le Togo relève d’un rôle éminent, car mon projet est avant tout à dimension panafricaine et universaliste, une dimension nourrie de l’ancestrale espérance chère à Marcus Garvey, Jomo Kenyatta, Aimé Césaire… Il s’agit de la liquidation définitive de l’héritage colonial. Cela implique le dépassement de la segmentation polito-économique actuelle. D’œuvrer afin de la mettre au centre d’une activité humaine mondialisée. De faire une place à la dimension universaliste africaine. Le Togo doit s’investir  avec ses voisins dans la construction d’une Fédération des États-Unis d’Afrique qui marquera la souveraineté du continent, avec un modèle économique et social spécifique et respectueux de sa culture.

« L’Afrique de demain sera africaine et le Togo devra y jouer un rôle moteur exemplaire. »

C’est plus qu’une aventure humaine, c’est un véritable sacerdoce à échelle continentale.

Les Togolais ont vocation à prendre part aux grands débats qui jalonnent l’aventure humaine. Le retour de la culture togolaise au Togo est indispensable pour que le pays devienne l’un des phares des Arts et Lettres en Afrique. Nous devons soutenir la création en organisant des conférences, colloques, festivals, expositions et concours à travers le pays. La variété des expressions de la culture et les langues régionales doivent être encouragées et développées, notamment à l’école. Il faut impérativement soutenir la création contemporaine sous toutes ses formes : littérature, musique, danse, cinéma, théâtre, sculpture, peinture… Je souhaite mettre en place une politique volontariste de protection et de promotion du patrimoine culturel en valorisant notre histoire, mais aussi réhabiliter la tradition orale des contes éducateurs, mettre en valeur musées et parcs naturels…

"Togo, mon cœur saigne" de Paul Ahyi - Editions de la Rose Bleue

Vous l’avez compris, tout est à faire. Ma volonté est de réinscrire intellectuels et artistes togolais dans le mouvement des grands débats qui agitent le monde. Un pays qui vit est un pays créatif. Le Togo a besoin d’arts vivants et rayonnants pour prendre toute sa place dans le dialogue universel des cultures. L’Afrique de demain sera africaine et le Togo devra y jouer un rôle moteur exemplaire.

Puisque vous évoquez la culture, avez-vous un artiste togolais à recommander ?

Paul Ahyi. Exceptionnel talent, hélas décédé en 2010. À la fois peintre, sculpteur, styliste, designer, écrivain. Incontournable.

Un livre sur le Togo après avoir lu le vôtre ?

Toujours Paul Ahyi : Togo, mon cœur saigne, aux Editions de la Rose Bleue.

"Shaka Zulu" de William C. Faure

Un film à voir ?

Shaka Zulu de William C. Faure. L’histoire de Shaka kaSenzangakhona, qui a fédéré plusieurs tribus d’Afrique australe afin de créer le royaume zoulou au début de XIXe siècle. Un de ces films sur lequel le temps n’a aucune prise.

Cette Fédération Africaine ou États unis d’Afrique, dont on retrouve les prémices dans le combat de Shaka Zulu, ne se fera pas sans changements de fond. Vous avez, à cet égard, la certitude d’un mouvement à venir. Une levée semblable au réveil du bloc de l’est, il y a vingt-cinq ans.

J’ai effectivement la certitude d’une Afrique debout et digne. Au sud comme au nord du Sahara, la jeunesse africaine nourrit une réelle aspiration à la démocratie, à la liberté et au respect de ses droits élémentaires. Elle est partout exaspérée face à l’injustice sociale, à la mainmise sur la presse ou au manque d’indépendance de la justice. Le mouvement qui gronde est une colère sourde, mais explosive. Un tsunami qui emportera sur son passage ceux qui y résisteront. C’est la dignité de plus d’un milliard d’hommes qui est en jeu.

D’ici là, il convient de connaître les paramètres essentiels à mener cette révolution dans la dignité. Le premier doit être l’instruction par l’école. Lire et comprendre l’histoire des hommes permet de décrypter le monde comme il va, et par là même d’y trouver sa place. Vient ensuite l’autosuffisance alimentaire par l’agriculture, la pêche et l’aquaculture ; puis la santé et l’énergie accessible à tous ;  suivra la mise en place des infrastructures qui font défaut.

La compréhension de ces paramètres est la clé pour convaincre les Togolais et les Africains qu’ils sont seuls maîtres de leur destin. Ils ne doivent compter sur personne d’autre, car personne ne viendra les aider. La liberté n’est pas gratuite et la démocratie ne s’achète pas à crédit.  L’une et l’autre se gagnent, et pour cela il faut arrêter de tendre la main. C’est le discours de vérité que je tiens en permanence à mes compatriotes et à mes frères africains.

« Il n’est pas normal que la France, quatrième puissance mondiale, ne permette pas à tous ses citoyens de vivre dignement. »

Face aux problèmes togolais, la crise en France n’est-elle pas une affaire de « gosses de riches » ?

Non. Les problèmes français sont sérieux. Dans un pays aussi développé et aussi riche, aucune exclusion n’est tolérable. Ni l’exclusion des quartiers difficiles, ni celle des ruraux, ni celle des Roms, ni celle des personnes âgées  ou des handicapés. Aucune n’est acceptable. Il n’est pas normal que la quatrième puissance mondiale ne permette pas à tous ses citoyens de se loger, se chauffer, se soigner… afin de vivre dignement.

Si vous aviez le dernier mot, Kofi Yamgnane ?

Permettez qu’il soit long, car mon combat de se résume pas, il se récapitule. Ainsi, je nourris une véritable ambition pour le continent et le Togo. Je la crois juste et réalisable, mais rien n’est envisageable seul. J’ai besoin de tous les justes, de tous les démocrates africains et d’ailleurs, je les appelle au secours comme je sollicite aussi l’aide de la diaspora africaine à travers le monde. Nous devons prendre nos responsabilités vis-à-vis de notre continent. Nous avons tous un rôle essentiel à jouer afin de libérer nos frères restés « le nez  dans le guidon » à la maison.

J’aimerais aussi dire ceci. Abandonnée, violentée, découragée, désespérée, affamée, la jeunesse africaine semble avoir déserté son combat pour la liberté. Par lâcheté ou par égoïsme, par appât du gain, de l’enrichissement facile et rapide, elle a cru n’avoir le choix que d’émigrer à n’importe quel prix. Beaucoup disparaissent durant cette macabre transhumance. Bien que bardés de diplômes universitaires, la plupart de ceux qui parviennent à « l’eldorado » traînent une misère effroyable dans des villes occidentales où la richesse est un hologramme. Contraints d’accepter des emplois de sous-hommes, mal logés, ils vivent moins bien que s’ils étaient restés au pays. Et puis, il y a ceux qui se transforment en bandits, racketteurs, preneurs d’otages, pirates des mers, trafiquants en tous genres, chefs de guerre, assassins… Au besoin, ils ennoblissent leurs crimes invoquant la guerre sainte, le djihad, ils appellent l’islam au secours, alors qu’en fait ils trahissent allègrement le prophète, le Coran, la Sunna…

L’Afrique est une question africaine. Elle est à la croisée des chemins. C’est en cela qu’elle a besoin de la conjonction d’une jeunesse digne et responsable, en cela qu’elle a besoin de ses intellectuels, de ses responsables politiques, de ses références morales, des Églises, d’une société civile honnête et viable, également de ses militaires, afin que, main dans la main, nous prenions ensemble le chemin de la démocratie, de la liberté, des droits de l’homme.

Au risque de me répéter, dans ce combat pour la liberté et la dignité, les Africains doivent avoir conscience qu’ils sont seuls. Personne ne le fera à leur place.

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"AFRIQUE, Introuvable démocratie" de Kofi Yamgnane - Editions Dialogues

AFRIQUE Introuvable démocratie de Kofi Yamgnane aux éditions Dialogues

107 pages -14 €

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Jérôme Enez-Vriad
Jérôme Enez-Vriad est blogueur, chroniqueur et romancier. Son dernier roman paru est Shuffle aux Editions Dialogues.

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