Dans L’affaire Agathe Vanders, le lecteur retrouvera pour la troisième fois Armand Verrotier et son univers maritime (après Les inconnus du Saint François et Le naufragé de la Baie de Somme). Cette fois-ci, il est embarqué dans une histoire qui touche de près un de ses anciens collègues, puisque la fille de celui-ci est retrouvée morte carbonisée sur son voilier, à proximité d’un pétrolier qui vient d’exploser et de couler. Le voilier aurait-il foncé sans le voir sur l’énorme navire ? Ou plutôt le contraire ? Les doutes sont nombreux, sachant que la jeune Agathe était une navigatrice experte et qu’il est étrange qu’elle soit sortie alors que le temps était totalement à la brume.

En fouillant un peu, Armand va découvrir qu’elle travaillait sur un dossier sensible, à savoir l’influence des lobbies et des intérêts financiers sur les décisions prises, en niant complètement l’aspect humain des affaires traitées, et ce pour une multinationale ayant des ramifications dans tous les pays et de très nombreuses activités. On se doute que l’auteur ne traite pas fortuitement de ces sujets qui le touchent de près puisqu’il travailla longtemps chez SeaFrance et qu’il a dû voir ou entendre certaines choses dont on ne parlait pas à voix haute… Dans le roman d’ailleurs, il est question de liquider la compagnie transmanche…

Armand est persuadé que la mort d’Agathe est un assassinat et non un accident, mais il n’arrivera à le prouver qu’avec l’aide de Juliette Moreno, assistante sociale, et surtout jeune maman qui élève seule son fils, Romain,lequel souffre d’un léger handicap mental. Au hasard des rencontres, des rapprochements et des pas effectués en arrière, Armand et Juliette vont s’apprivoiser, et surtout avancer dans leurs découvertes sur la vie d’Agathe et le fameux dossier, un dossier que cherchent des hommes qui n’hésitent pas à se servir de la violence pour le récupérer.

Une fois de plus, le danger rôde, mais le fait que cet enquêteur volontaire soit un homme normal, comme tous les autres personnages des histoires de G. Lefebvre, le rapproche du lecteur. Pas de super héros dans ses romans, juste des gens normaux, avec leurs fêlures, leurs défauts, leurs espoirs, leurs peurs, leurs secrets de famille. Ils ont des personnalités qui ne sont pas forcément extraordinaires, mais juste complexes comme celles de tout un chacun, et du coup, les récits de l’auteur gagnent en crédibilité. L’intrigue n’avance cependant pas aussi vite que dans certains polars ou thrillers, mais cela permet au lecteur de la déguster et d’en comprendre toutes les ramifications, qui sont fort nombreuses.

On se plongera avec délices dans l’ambiance que sait si bien distiller Guillaume Lefebvre, la mer, l’iode, le vent et ces manières un peu taiseuses qu’ont les gens qui ont navigué, affronté la peur des tempêtes et la solitude au milieu de l’océan. On appréciera aussi son style agréable à lire et la manière dont il tricote des intrigues qui s’avèrent d’une complexité diabolique, et pourtant qui jamais ne perdent le lecteur. Guillaume Lefebvre aime à nous faire voyager loin, très loin parfois, puisqu’ici il nous emmène tout d’abord à Rome dont on découvre l’ambiance et quelques splendeurs puis au Kenya, contraste brûlant et brutal avec les côtes françaises humides et fraîches.

Bref, voici une fois de plus un bon polar bien troussé, agréable à lire et qui fait voir du pays. Que demander de plus ?

Alix Bayart

Titre : L’affaire Agathe Vanders
Auteur : Guillaume Lefebvre
Éditions : Ravet-Anceau
Collection : Polars en Nord
Paru le 10 juin 2013
328 p.
12€

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