Le cycle A vous de jouer ! a été lancé par la bibliothèque des Champs libres en décembre 2013. Il s’est achevé le 20 mai 2014 avec une conférence animée par Maëtte Chantrel. L’invité de cette soirée était Jean-Luc Vénisse, spécialiste de l’univers du jeu pris dans sa dimension addictologique.

 

Comprendre le joueur pathologique

maette chantrel, Jean-Luc venisseLa soirée a débuté avec un exposé sur fond de diaporama. À l’aide de différents écrits, Jean-Luc Vénisse a d’abord rappelé l’ancienneté de l’intérêt porté aux addictions comportementales, c’est-à-dire sans consommation de substances et autres drogues. Dans tous les cas, la pathologie apparaît comme un phénomène de centration qui découle de la rencontre entre un produit, un individu et un contexte socioculturel. Un processus subtil occupant un temps de plus en plus considérable dans la vie du joueur, l’enfermant un peu plus.

 Issu de la neurologie, Jean-Luc Vénisse s’est spécialisé en psychiatrie puis en addictologie. Aujourd’hui enseignant et psychiatre au CHU de Nantes, il a créé l’IFAC (Institut Fédératif des Addictions Comportementales) qui compte à présent trois centres : le CRJE (Centre de Référence sur le Jeu Excessif), le CRESA (Centre de Référence sur les Excès Sportifs et Alimentaires) et, plus récemment, le CRDASS (Centre de Référence sur les Dépendances Affectives, Sexuelles et Sectaires).

Toutefois, il s’avère que tous les jeux de hasard et d’argent ne comportent pas les mêmes risques. Par exemple, les machines à sous sont bien plus addictogènes que les loteries périodiques du type Euromillions. Des critères définissant le degré d’addiction de chacun (pour le jeu comme pour d’autres types de dépendance) ont ainsi été peu à peu instaurés.

Les joueurs qualifiés de pathologiques se caractérisent par une action répétitive au point de causer de lourds dommages (sociaux, professionnels ou personnels). Se laissant guider par des croyances irrationnelles (conviction de maîtriser le hasard ou de se perfectionner par une pratique effrénée), ils perdent le contrôle et s’enfoncent progressivement dans la dépendance. Le psychiatre a souhaité mettre fin à certaines idées reçues en rappelant que la majorité des patients font des efforts pour s’en sortir avant que la maladie ne les rattrape. Dans la même veine, il a dédiabolisé l’image des jeux vidéos, souvent mal connus, en particulier des parents.

Comment traiter cette pathologie ?

maette chantrel, Jean-Luc venisseC’est souvent par manque d’estime de soi ou par difficulté à affronter le monde réel et les autres que les joueurs s’enferment dans l’addiction. Derrière la passion se cachent bien souvent différents mal-être : de l’anxiété à la pulsion suicidaire en passant par la dépression. Loin d’une simple cure de désintoxication, les centres de l’IFAC ont pour but de guérir les souffrances intérieures des patients par un accompagnement thérapeutique (personnel ou en groupe). Il s’agit d’un travail au cas par cas où chaque patient évolue jusqu’à par ne plus avoir besoin de recourir à ses pratiques addictives.

Débats

maette chantrel, Jean-Luc venisseEn fin de soirée, la question la responsabilité globale de la société et de l’État a été posée. La prohibition étant une solution intenable, Jean-Luc Vénisse pense nécessaire la poursuite des mesures de politique de jeu responsable. Maëtte Chantrel, quant à elle, soulève un paradoxe : deux importants opérateurs de jeux français ont contribué à la création de l’IFAC… Faut-il voir un coup marketing qui consiste à se donner bonne conscience et redorer une image ternie ? C’est possible. Jean-Luc Vénisse va même jusqu’à parler de mesure stratégique et commerciale : « les opérateurs de jeux français ont tout intérêt à ne pas se laisser s’accroître les problèmes liés aux produits qu’ils commercialisent afin d’éviter l’irruption de nouveaux problèmes ».

Si vous souhaitez en savoir plus sur ces addictions et la manière d’y faire face, rendez-vous sur le site de l’IFAC ainsi que sur www.aide-info-jeu.fr

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Passion et addiction au jeu : A vous de jouer !

 

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Sandra Dufils
Sandra Dufils est étudiante en journalisme, stagiaire à Unidivers conventionnée avec l'Université Rennes 2

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