Décembre est le mois des intégrales et des coffrets. Janvier celui de la galette des rois. Avec février, les bonnes feuilles réapparaissent. Et quelques BD intéressantes à découvrir.
Commençons avec une adaptation d’une nouvelle de Herman Melville, que Pennac installa d’ailleurs au théâtre : Bartleby le scribe (1) que met en images Munuera (lire un extrait). Bartleby est engagé à Wall Street dans une étude notariale pour copier des actes juridiques. Soumis, obéissant, il abat un travail considérable sans se plaindre jusqu’au jour il refuse une tache que lui donne son supérieur. Histoire d’une révolte passive dont on attend avec impatience les dessins magistraux du créateur espagnol.
Les dessins et les albums de Christophe Blain ne sont plus à présenter et lorsqu’il s’associe avec un spécialiste des questions énergétiques et climatiques, Jean Marc Janovici, cela donne un album, Le Monde sans fin (2), qui décrit les changements profonds qui affectent actuellement notre planète et surtout, en décrit toutes les conséquences. Dans un dialogue candide-spécialiste un regard nouveau est posé sur notre monde qui a changé plus en un siècle qu’en des dizaines de millénaires.
Autre duo spécialiste-autrice BD : Zoé Thouron et un sociologue, Frédéric Godart, tentent de comprendre la mode dans tous ses paradoxes avec La mode déshabillée (3) (lire un extrait). Entre amour, frustrations et défis éthiques, cette enquête veut faire voyager le lecteur dans le temps et l’espace pour l’aider à mieux appréhender cette industrie créative complexe. Pour tout savoir sur la tendance claquettes-chaussettes, la différence entre mode et style, la manière dont Platon et Aristote pensaient la mode, la garde-robe de Marie-Antoinette, la mode éco-responsable ou encore la petite robe noire, une BD documentaire dans la tendance rédactionnelle actuelle. Des dessins légers au service d’un texte dense et érudit.
Autre BD documentaire, celle de Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso qui, après À Bord de l’Aquarius, ont poursuivi leur enquête sur les migrants avec l’album Chez Nous (4) (lire un extrait). Un titre légèrement provocateur pour montrer le voyage des auteurs en Calabre afin de témoigner de l’accueil fait aux migrants en Italie. La Calabre est l’une des régions italiennes les plus touchées par le chômage, mais également l’une des plus hospitalières pour les réfugiés. Rizzo et Bonaccorso ont rencontré les humanitaires, les autochtones et les réfugiés. Ils racontent les tragédies liées à ces situations dramatiques, les cauchemars bureaucratiques et les horreurs quotidiennes.
Autre voyage, dans le temps cette fois-ci, avec Le voyage du Commodore Anson (5), qui apporte un peu d’aventure et de rêveries dans un contexte éditorial assez sombre (lire un extrait). Inspiré d’un récit réel, cet album laisse par le dessin notamment place aux embruns et aux tempêtes. En 1740, en pleine guerre entre l’Angleterre et l’Espagne, le commodore Anson, à la tête d’une escadre de huit navires et de 2000 hommes, part autour du monde pour imposer la suprématie maritime du Royaume-Uni. Il ignore alors qu’il part pour un périple de 4 ans… Un souffle d’air très agréable.
Changement total d’univers avec Happy Living (6) de Jean-Claude Götting (lire un extrait), au dessin noir et sombre comme cette histoire qui se présente sous forme de polar. Dans le cadre de la préparation d’un livre sur les grands standards musicaux du XXe siècle, un journaliste rend visite à M. Slatters, auteur de « Happy Living », succès mondial des années 50. Ce dernier lui avoue qu’il n’est pas l’auteur de la chanson qui l’a rendu si célèbre. Il charge le journaliste de retrouver le véritable compositeur. Une réédition d’un album paru en 2007.
Album solo pour Anne-Laure Redoul qui signe Iris deux fois (7), un dessin sobre, en couleurs pastels pour décrire un drame littéraire intimiste et troublant. Iris a réussi sa vie : trois romans plébiscités, un mari éditeur attentionné, un appartement confortable au cœur du Quartier latin… Et pourtant, alors qu’elle s’apprête à recevoir un important prix littéraire, un mauvais rêve vient assombrir ce bonheur sans nuage. Chaque matin, elle se réveille avec la très nette sensation de vivre, la nuit, la vie d’une autre version d’elle-même, un double déchu, abîmé, au bord du gouffre, une Iris des mauvais choix et des galères, une Iris de la France d’à côté.
Auteur confirmé, adulé, Guy Delisle n’en est pas à son premier ouvrage solo. Toujours très attendu il revient cette fois-ci avec Chroniques de jeunesse (8) sur sa jeunesse dans son Québec natal. Il y a travaillé dans une usine à papier trois étés durant, à côté de son père. Des souvenirs qui sont mis ici en perspective de son expérience d’adulte et tissent comme toujours chez l’auteur une chronique douce-amère, tendre et gaie. Une BD très attendue.
Bonnes lectures !
- Editions Dargaud. 72 pages. 15,99€. Parution le 19 février.
- Editions Dargaud. 152 pages. 25,00€. Parution le 26 février.
- Editions Casterman. 160 pages. 22€. Parution le 24 février.
- Chez Nous. Editions Futuropolis. 18€. Parution le 10 février.
- Le voyage du Commodore Anson. Editions Futuropolis. 29€. Parution le 10 Février.
- Happy Living. Editions Delcourt. 15,50€. Parution le 10 février.
- Iris deux fois Editions Sarbacane. 184 pages. Parution le 3 Février.
- Chroniques de jeunesse. Editions Delcourt. 15,50€.
