La rentrée littéraire a comblé nos envies de lecture avec, en août des romans français aux formes et sujets variés puis, en septembre, d’excellents auteurs étrangers, dont de grands américains qui viennent de faire le succès du festival America à Vincennes. Mais je suis certaine que vous en voulez encore. Découvrons ensemble quelques parutions attendues en ce mois d’octobre avec cette fois la part belle aux romans noirs.

Parmi les parutions en littérature française, j’ai choisi trois écrivains à la plume poétique qui portent un regard sensible sur leur environnement, leur famille, leur lieu de vie.

Avec Victor (Actes Sud, octobre 2022), Claudie Gallay livre un récit de famille, une quête d’identité. Issue d’une lignée de travailleurs de la terre, l’autrice s’est en effet longtemps demandé d’où lui venait cette propension à la créativité. Jusqu’à se trouver une filiation heureuse et insoupçonnée avec un artiste en la personne de son arrière-grand- père, Victor (Davibert), comédien, dont elle nous raconte ici l’histoire éminemment romanesque. D’une écriture franche et délicate, Claudie Gallay réajuste la légende de cet homme qui avait abandonné son fils.

victor Claudie Gallay

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Sylvain Tesson est un éternel voyageur. De 2018 à 2021, avec son ami le guide de haute montagne Daniel du Lac, il a traversé les Alpes à ski. Parti de Menton, ils ont fréquenté les lieux les plus sauvages d’Europe. Blanc (Gallimard, 13 octobre 2022) est le récit de cette aventure. Le Blanc, l’altitude, la solitude. Des lieux où l’on oublie les regrets, les tracas du quotidien. Un voyage absolu.

Sylvain Tesson blanc

Christian Bobin fait le lien entre famille et nature avec son dernier roman, Le muguet rouge (Gallimard, 6 octobre 2022). Ce récit s’inscrit entre deux rêves. Le premier apporte un message du père défunt. Un aubergiste du Jura aurait décidé de commercialiser un muguet rouge qui pousse dans ses prés. Cette petite tribu du muguet rouge, composée de personnes mais aussi de poèmes, de mouvements de lumières dans un feuillage, fait partie de sa famille. Une tribu variée résistante au commerce et aux technologies modernes. Poésie, littérature, musique illuminent cette promenade rêveuse. 

muguet rouge bobin

Pour faire le lien entre littérature française et étrangère, je vous parlerai du dernier roman de Scholastique MukasongaSister Deborah (Gallimard, 6 octobre 2022) est l’histoire de celle qui, face au large mouvement de conversion au christianisme des années 30, affronte les Pères Blancs en affirmant que le Messie sera une femme noire. Après des émeutes matées par le pouvoir colonial, Sister Deborah disparaît. Miss Jewels, universitaire, part sur ses traces. Son enquête la met face à un cruel dilemme. Un roman de fiction inspiré par l’histoire du Rwanda qui démarre comme un conte africain pour se révéler être un témoignage des ravages de la colonisation. 

Sister Deborah

Restons en Afrique avec le nouveau roman de Abdelaziz Baraka Sakin, écrivain soudanais. La princesse de Zanzibar (Zulma, 13 octobre, traduit par Xavier Luffin), entre la grande histoire et les légendes, est un roman caustique et provocant. A Zanzibar, la belle Uhuru chante et danse sur les marchés. Libre, experte, elle parvient toujours à échapper aux négriers. Elle fait rêver la fille du Sultan, prisonnière d’un sultanat convoité par les Européens et les Sundus. Alors que la révolte gronde sur l’île, la princesse rêve de liberté. Pourquoi pas sur la côte Est de l’Afrique, terre d’origine des Sundus?

Abdelaziz Baraka Sakin princesse de Zanzibar

Au-delà des nouveautés, pourquoi ne pas renouer avec des grands romans devenus cultes. Quelques nouvelles traductions vous permettent de redécouvrir Les raisins de la colère (Gallimard, 13 octobre 2022, traduit par Charles Recoursé) de John Steinbeck ou L’obscur (Sabine Wespieser, octobre 2022, traduit par Alain Delahaye), le roman d’apprentissage d’un jeune homme brillant dans le puritanisme irlandais des années 40. Paru en 1965 en Irlande, ce roman fut un énorme scandale qui coûta à son auteur, John McGahern, son poste d’enseignant. Aujourd’hui, on enseigne sa prose dans les écoles irlandaises comme un symbole de la libéralisation des mœurs et de l’affranchissement de la morale catholique.

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Octobre est le mois du rose mais aussi du noir, en littérature. Rapidement, je cite quelques grands auteurs du genre que vous trouverez facilement chez votre libraire. C’est effectivement le retour d’Harlan Coben avec Identités croisées (Belfond, 6 octobre, traduit par Roxane Azimi), John Le Carré avec L’espion qui aimait les livres (Seuil, 7 octobre, traduit par Isabelle Perrin), Donato Carrisi avec La maison sans souvenirs (Calman-Levy, 12 octobre 2022) ou Elizabeth George avec Une chose à cacher (Presses de la Cité, 6 octobre 2022, traduit par Nathalie Serval)

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Mais un peu chauvine, je vous parlerai des nouveaux romans d’Olivier Truc et de Gilles Legardinier

Olivier Truc nous emmène cette fois au Pakistan sur Les sentiers de Karachi (Métailié, 7 octobre 2022). En 2002, à la sortie d’un hôtel à Karachi, un attentat à la bombe a coûté la vie à 14 personnes de la base nautique de Cherbourg, dont 11 ingénieurs français travaillant à la mise au point d’un sous-marin acheté par le gouvernement pakistanais. Vingt ans plus tard, un journaliste proche d’un des ingénieurs rescapés mène l’enquête. Epaulée par une femme lieutenant pakistanaise et un homme droit et loyal, le journaliste peine à trouver la vérité au coeur des mensonges politiques. Des personnages attachants et une enquête rigoureuse nous plongent dans les mystères de la ville de Karachi, mais nous dévoilent aussi les luttes de pouvoir en France.

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On ne l’avait jamais lu dans ce registre. Gilles Legardinier fait paraître Le secret de la cité sans soleil (Flammarion, 5 octobre 2022), le premier roman qu’il a écrit. C’est une intrigue où se mêlent aventure, émotion, suspense et secrets historiques. Un thriller historique à l’époque des Templiers. Près de huit siècles après la chute de la forteresse de Montségur, quelques hommes tentent d’exhumer un secret bien enfoui avant que des personnes mal intentionnées ne s’en empare pour semer le chaos. 

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Si vous aimez les romans plus macabres et sauvages, lisez Les mares-noires (Belfond, 13 octobre 2022) du québécois Jonathan Gaudet. Lorsque la centrale nucléaire explose, une femme berçant son enfant, apprend que son mari fait partie des sept ouvriers coincés dans un bâtiment en feu. Treize ans plus tard, le bébé est devenu une adolescente rebelle. Hantée par les fantômes du passé, sa relation avec sa mère est sous haute tension. Tensions, silences, secrets, l’implosion est imminente.

Les mares noires Jonathan Gaudet.

En version poche, vous trouverez l’excellente plume de Jean Echenoz avec Vie de Gérard Fulmard ( Minuit poche, 6 octobre 2022). Gérard Fulmard, ancien steward licencié pour faute grave, se retrouve homme de main d’un parti politique. 

Jean Echenoz Vie de Gérard Fulmard

En littérature étrangère, hantez les coulisses du cinéma avec Mr Wilder et moi ( Folio, 13 octobre 2022, traduit par Marguerite Capelle). Jonathan Coe nous retrace l’histoire de Calista, une jeune fille grecque qui croise Billy Wilder à Los Angeles et se fait engager sur le tournage de Fedora.

Mr Wilder et moi Jonathan Coe

En roman noir, une recommandation de Stephen King, rien que ça ! Une cosmologie de monstres (Livre de poche, 19 octobre 2022, traduit par Benoît Domis) de Shaun Hamill est l’histoire d’une famille menacée par des forces surnaturelles. Un mélange de réel et d’imaginaire parfaitement angoissant.

Marie-Anne Sburlino
Lectrice boulimique et rédactrice de blog, je ne conçois pas un jour sans lecture. Au plaisir de partager mes découvertes.

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