De A à Z, 10 ans d’acquisitions au Musée de Bretagne : le 10 juin débute une époustouflante exposition au Musée de Bretagne. Il y a quelques semaines les Champs libres célébraient avec faste l’anniversaire de leur 10 ans. Abrité en son sein, le musée de Bretagne compte de son côté 40 années d’existence puisqu’il fut ouvert en 1976. Constitués aujourd’hui de plus de 600 000 objets et documents, ses fonds témoignent d’une histoire plurimillénaire et construisent le patrimoine de demain. Au gré de l’alphabet, les visiteurs découvrent une sélection représentative des acquisitions récentes.

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L’exposition De A à Z : 10 ans d’acquisitions au Musée de Bretagne – aussi amusante que déroutante – pose la question du pourquoi d’un musée et aussi de son comment. Mais, avant même cette interrogation, elle invite le public à ouvrir les yeux sur tout ce qu’on n’aperçoit pas dans le musée. Autrement dit : un fourmillement d’intervenants, de comptables, de vérificateurs, de préposés à toutes sortes d’entretiens et de nettoyage, quant-il ne s’agit pas de  restaurateurs, techniciens de très haut niveau qui, par leur savoir-faire, lesquels offrent une seconde vie aux objets.

Guidés par la conservatrice Françoise Berretrot, nous avons eu la primeur de cette nouvelle installation et vous invitons à faire en notre compagnie quelques pas dans les allées feutrées de cette exposition.

La diversité des objets collectés est telle qu’il paraît un peu compliqué de trouver une cohérence à l’ensemble. Aussi est-ce par une adroite pirouette que nous y arriverons : à l’aide d’un abécédaire qui sert de fil rouge, de A à Z bien sûr !

Bourse de jeux aux Armes des États de Bretagne
Bourse de jeux aux Armes des États de Bretagne

La toile de fond est bien entendu l’histoire de la Bretagne, tant au passé qu’au présent. Pas de motif donc de s’étonner que la lettre A soit illustrée par une botteleuse à « Asperges » et d’une sirène destinée à donner l’« Alarme ». Déambulant de manière informelle, il convient de laisser agir le charme des objets et des nombreuses photos livrées à notre curiosité.

musée bretagne salon coiffureLe C illustrera le mot « coiffeur », et c’est avec intérêt que le public découvrira la reconstitution du coin coiffure qui existait dans un café en campagne où bien souvent plusieurs commerces étaient abrités sous le même toit. Le souci d’authenticité a poussé les responsables du musée de Bretagne à retrouver les rasoirs, les lotions, les onguents, comme les publicités de l’époque… C’est à la fois merveilleusement suranné et parfaitement authentique !

musée de bretagneLe L, comme lingerie, nous fera découvrir une combinaison des plus suggestives et très féminine… Rien à voir avec les deux maillots de bain figurant à l’entrée, elle n’en est pas moins la création d’un styliste breton.

Le T comme tabac sera représenté par un beau pot en terre cuite ancien et quelques « secouettes », destinées au tabac à priser.

baigneurLe J comme jouet laissera le public surpris par la présence d’éléments miniatures en métal destinés à célébrer un simulacre de messe. Eh oui, la très catholique Bretagne ne voyait pas d’un mauvais œil de tels jeux. Cela ne l’empêchait pas de traiter avec une égale déférence le très beau baigneur produit vers 1930 par la maison Nobel, dont les vêtements en parfait état étaient tricotés avec un soin particulier par la bonne à tout faire.

Plaque décorative à visage féminin

Pour la lettre O, c’est la notion d’offrande qui est mise en avant ; ce sont de très intéressantes divinités datant de la période gallo-romaine qui illustrent ce propos.

Vous commencez donc à vous faire une idée de cette hétéroclite et surprenante visite. Elle en vaut la peine, mais exigera de vous un pas mesuré et une attention doublée de curiosité, c’est à cette condition que vous découvrirez des objets chargés d’émotion, d’histoire et parfois même de souffrance.
musée bretagne 10 ans acquisitions

Elle paraîtrait presque banale, cette veste rayée et usée jusqu’à la trame, portant un triangle rouge au milieu duquel figure la lettre F, si l’on ne découvrait qu’il s’agit de la tenue d’un prisonnier de guerre français, interné à Buchenwald toute la durée de la dernière guerre pour raison politique.

L’art breton est bien entendu représenté et l’expression « Seiz breur », cette déclinaison de l’Artdéco à la mode de Bretagne portera le témoignage de sa belle vigueur passée. Le R comme restauration trouvera une éclatante traduction avec le tableau d’un seigneur breton dans le plus pur style du XVIIIe siècle. La projection d’images de cette phase de remise en état permet de comparer l’avant de l’après et met en relief le savoir-faire des restaurateurs du musée.

Si la plupart des lettres sont illustrées par une sélection d’objets, douze thématiques sont davantage développées :

1  BRASSERIE
2  COIFFEUR, CAFÉ, CORDONNIER
3  GUERRE
4  JOUET
5  LOISIR
6  NOCES
7 ORFÈVRE
8 POMME
9 POULE
10 TOURISME
11 USINE
12 VÉTÉRINAIRE

Si vous voulez vous en donner le temps, c’est à une très jolie escapade dans une Bretagne intemporelle que vous invite le musée de Bretagne et sa directrice Céline Chanas. Ouverte du mardi au vendredi de 12 h à 19 h et le samedi et dimanche de 14 h à 19 h, cette exposition vous attend. Aux Champs libres, goûtez à des vacances instructives !

Exposition De A à Z, 10 ans d’acquisitions au Musée de Bretagne, Les 40 ans du Musée de Bretagne, Rennes, du 10 juin au 28 août 2016

Vous pouvez lire également notre précédent article sur la collection photographique du Musée de Bretagne ici

 

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À ce moment-là, j’ai proposé la création d’un programme interdisciplinaire périodisé, […] me disant que le musée, ce n’est pas seulement le passé, mais aussi le présent, et une ouverture sur l’avenir […]

G.H. Rivière, muséologue, 1979

Avant le musée de Bretagne
Les premières collections du musée rennais proviennent des confiscations opérées par l’administration révolutionnaire de 1794, lesquelles visèrent particulièrement les descendants d’un ancien parlementaire breton, Christophe-Paul de Robien (1698-1756). Le premier « Musée de Rennes » naît officiellement le 24 vendémiaire an XIV (16 octobre 1805), date à laquelle la municipalité en acquiert le pleine propriété.

Au XIXe siècle, seuls les objets archéologiques européens et les collections ethnographiques extra-européennes intéresseront les conservateurs du musée, membres des sociétés savantes locales. Paradoxalement, les travaux des folkloristes, des artistes ou des écrivains bretons ne trouveront à cette époque aucun écho au musée.

Le réveil tardif de l’ethnographie bretonne
L’intérêt pour la culture régionale se limite alors à la tradition orale, au détriment des objets matériels. Il faudra attendre le début du XXe siècle (1909) pour que soit publié le premier catalogue mentionnant la présence de collections d’ethnographie bretonne.
Dans l’entre-deux-guerres, l’acquisition d’objets bretons se poursuivra, à un rythme moins soutenu que dans les années 1909-1913. C’est cet ensemble qui servira de base au futur musée de Bretagne.

Le musée de Bretagne aujourd’hui

Pendant plusieurs décennies, le pré-musée de Bretagne a accueilli les visiteurs dans un bâtiment de style néo-classique (1856) sur les quais de la Vilaine. Baptisé « Palais universitaire », mais devenu trop exigu pour les étudiants dès la fin du XIXe siècle, l’édifice est affecté en 1949 au seul « Musée de Rennes » consacré principalement aux beaux-arts et à l’archéologie.

C’est au sein de celui-ci que se développera progressivement le musée de Bretagne, dès 1960. Lequel prendra suffisamment d’importance pour que soit opéré en 1975 le partage des collections ? À partir de cette date, les deux musées seront indépendants sur le plan administratif, mais occuperont toujours le même lieu.
En 1987, il est décidé que le musée de Bretagne, à l’étroit sur les quais de la Vilaine, s’installera dans un bâtiment neuf. En 2005, il rejoint finalement le nouvel équipement culturel des Champs Libres, conçu par l’architecte Christian de Portzamparc.

Toujours situé à proximité du centre historique, le musée de Bretagne inaugure aujourd’hui une nouvelle étape de son rayonnement culturel, marquée par la diversification de ses missions et l’enrichissement de ses collections.

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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