Pâque 2024. La mort et la résurrection de Jésus-Christ célébrés par 2 milliards de chrétiens

Jésus-Christ est Jésus de Nazareth. Il est reconnu par les chrétiens comme étant le Christ, c’est-à-dire le Messie (χριστός / Christos en  grec). Ces derniers – orthodoxes, catholiques romains et protestants – le considèrent comme le Fils unique de Dieu envoyé pour permettre aux hommes de transfigurer leur existence et construire leur salut. Une promesse qui résonne étrangement à l’heure où résonne les engins de mort de la guerre et du terrorisme.

D’après les Évangiles, c’est pour faire suite à la fête juive de Pâque – qui commémore la sortie d’Égypte par les Hébreux – qu’eut lieu il y a environ 2000 ans la passion, la crucifixion, la mise au tombeau, la victoire sur la mort et la résurrection de Jésus-Christ. C’est pourquoi le nom de Pâque a été repris pour désigner la fête chrétienne.

De fait, les chrétiens transposent la sortie d’Égypte sur un plan spirituel : elle devient alors la possibilité donnée aux hommes (et chaque année rappelée) de se délivrer d’une condition existentielle marquée par le péché et la mort. Péché et mort sont la conséquence de la chute hors du paradis, autrement dit de la perte d’une relation d’obéissance harmonieuse entre Dieu et ses créatures (Adam et Ève qui figurent toute l’humanité).

La date de Pâque varie chaque année. Elle est calculée par les chrétiens occidentaux et orientaux selon deux calendriers différents : julien et grégorien. Ce qui explique que Pâque ne se trouve que rarement arrêtée par les trois confessions du Christianisme à une même date. Des efforts sont faits depuis plusieurs années pour établir un système de calcul commun, mais ils n’ont hélas pas encore porté leurs fruits.

Elle est fêtée cette année le dimanche 31 mars en Occident et le dimanche 5 mai en Orient.

Alors qu’elle est et a toujours été la plus grande fête annuelle pour les chrétiens orientaux (la résurrection scellant la promesse de la vie éternelle), ce n’est qu’à la fin du vingtième siècle qu’elle a détrôné Noël et le Vendredi Saint en Occident.

Le Christ est ressuscité des morts
Par sa mort il a vaincu la mort
a ceux qui sont dans les tombeaux
Il a donné la vie

(Chant de Pâque des chrétiens orthodoxes)

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Icône de la résurrection de Jésus-Christ délivrant Adam et Ève des enfers
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Figuration de l’agneau mystique datant des années 1300 sur une médaille de pèlerinage conservée à Bruxelles

Pâques laïque ou la résurrection du chocolat

Fête la plus importante du christianisme, Pâques arrive à grand pas, précisément le dimanche 31 mars 2024. En cette journée sainte est commémorée la résurrection de Jésus-Christ. Mais les jardins et les appartements se transforment également en de véritables coffre-forts. En guise de trésor se trouvent de petites douceurs en forme d’œufs, de poissons et crustacés. Vous l’aurez compris : alors que l’industrie des sucreries avait réussi à chocolater Noël, il en va désormais également ainsi de Pâques.

Pâques célèbre la mort et la résurrection de Jésus-Christ, qui est le pivot de toute foi chrétienne et la promesse d’une vie à venir. Pour autant, elle met en joie petits et grands pour une autre raison. Si une telle excitation existe autour de cette fête religieuse, c’est que la société laïque et commerciale l’accompagne d’un mets particulièrement apprécié… le chocolat ! Moulé en forme de cloche, de lapin, de poule et autres fantaisies imaginées par les maîtres chocolatiers et pâtissiers, l’œuf de Pâques reste le symbole gustatif indétrônable de cette fête printanière. Mais d’où vient cette tradition ?

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Poisson de Pâques depuis le compte Instagram @ninametayer

Dans la religion chrétienne, Pâques correspond au jour de la résurrection du Christ. Or, le symbole de l’œuf symbolise l’idée d’un monde en renouveau, de la renaissance par excellence, de la renaissance d’Adam, du nouvel Adam (Jésus-Christ) venu précisément sauver le monde. Cet imagianire prolonge l’héritage païen qui célébrait le renouveau de la nature avec l’arrivée du printemps qui annonce des jours meilleurs.

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Pâques et passion depuis le compte Instagram @philippeconticini

Chez les chrétiens (orthodoxes et catholiques principalement), la métaphore symbolique de l’œuf se double d’une dimension pratique. En effet, le carême est une une période de jeûne qui correspond à la marche que le Christ entreprend dans le désert et durant laquelle il ne mange et ne boit pas et où Satan en vain le tentera. Ce jeûne de quarante jours qui précède la fête de Pâques se caractérise, entre autres, par des règles strictes en termes de régime alimentaire. Parmi les aliments proscrits – encore maintenant chez les orthodoxes, mais quasiment plus chez les catholiques – se trouvent les produits d’origine animal, dont les œufs. Cependant, question pratico-pratique : que faire de ceux pondus pendant les quarante jours de carême ? Les jeter ? Sûrement pas, ce serait… un péché. C’est pourquoi ils furent très tôt utilisés à des fins décoratives, cuits ou vidés, ornementés puis offerts aux enfants, aux voisins ou encore aux amis : l’œuf est devenu un objet de partage. Chez les orthodoxes, durant les agapes (le banquet) qui suit la messe/liturgie de Pâques, des battle d’œufs sont organisés : chacun frappe d’un coup sec l’œuf d’une autre personne, celui qui a la coque de l’œuf brisé doit le manger ! Avec le temps, cette tradition a évolué et la coquille d’œuf s’est progressivement vue remplacée par une coque en chocolat, bien plus gourmande et appréciée des enfants comme des parents.

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Oeuf Glyphe au chocolat blanc depuis le compte Instagram @pierrehermeofficial

Parmi les autres symboles de cette fête chocolatée se trouve le lapin. Comme beaucoup de nos contes d’enfance, cette tradition vient d’Allemagne. La légende raconte l’histoire de deux enfants partis chercher les œufs que leur grand-mère avait pris soin de cacher dans le jardin, ils tombent nez à nez avec un lièvre. Comme il se trouvait à proximité de beaux œufs décorés, les bambins ont pensé que l’animal les y avait déposés. Ainsi prend place la légende… Cependant, par préférence culturelle ou erreur de traduction, le lièvre allemand perd quelques centimètres et se transforme en une mignonne petite boule de poils, un gentil lapin. Ce dernier se place donc aux côtés des traditionnelles messagères de Pâques, les cloches ailées et ne tardera pas à les remplacer dans l’imaginaire collectif français.

En effet, certains lecteurs se souviennent d’avoir réuni dans leur panier de petites cloches en chocolat emballées dans un papier doré. Cette tradition est propre à la confession catholique romaine (et non protestante ou orthodoxe). Après la mise au tombeau du Christ le Vendredi Saint, les cloches des églises se taisent car, à l’image de toute la création, elles sont frappées de stupeur de voir le fils de Dieu accepter de descendre au sein de la mort. Version populaire et enfantine de ce silence : les cloches des églises catholiques, munies d’une paire d’ailes, seraient parties à Rome se faire bénir par le pape. Sur leur chemin de retour, elle distribuaient des œufs avant de reprendre leur place dans les clochers et de sonner la résurrection du Christ. C’est pourquoi en France, il était traditionnellement d’usage de considérer les cloches comme messagères de la fête de Pâques.

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La cloche de Pâques de la collection symbolique de Pâques depuis le compte Instagram @Jeffreycagnes

Chocolat blanc, noir ou au lait, il y a de quoi se régaler. Encore mieux, quand on connait l’origine des traditions. Alors à vos paniers, ouvrez bien l’œil et la rédaction d’Unidivers vous souhaite de joyeuses Pâques !

 
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Pâque, la blessure au côté droit du Christ par Frédérick Tristan

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La blessure au côté droit du Christ telle qu’elle est affirmée par la quasi-totalité des crucifix depuis l’apparition de sa représentation recèle en soi-même une énigme – et mieux, un mystère – que la plupart des observateurs ont semblé dédaigner. L’évangile de Jean qui nous rapporte le coup de lance dit : « l’un des soldats, de sa lance lui perça le côté et aussitôt il sortit du sang et de l’eau ». (In. 19.34). Puis il ajoute : « celui qui a vu en rend témoignage, – un authentique témoignage, et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi vous croyiez ». (In.19.35)

Et certes, il n’est pas précisé que le coup de lance fut donné au cœur, mais au côté, et aucun des côtés n’est désigné. Toutefois, la connotation fut toujours évidente, comme nous le verrons : c’est le cœur du Christ qui fut transpercé (ce qui donnera lieu, plus tard, au culte du Sacré-Cœur). Or, comme chacun sait, le cœur est à gauche. Pourquoi donc cette blessure au côté droit, si continûment, si généralement décrite par l’iconographie chrétienne ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre.

Et d’abord, rappelons quelle serait la représentation la plus anciennement attestée d’une crucifixion où le Christ porterait la blessure au côté droit. Il semble que ce soit dans l’Évangile de Rabula, conservé à la Bibliothèque laurentienne de Florence. Le Christ, entouré des deux larrons, est maintenu à la croix par quatre clous. Il porte une longue robe sans manches, le colobium, dont le côté droit, d’où sort le bras est échancré, faisant apparaître l’aisselle droite. Or Rabula était syrien et peignait pour le couvent de Saint-Jean de Zagba en Mésopotamie, vers 585.

De même, datant de 670 environ, l’Évangéliaire de la Cathédrale de Durham montre le Christ en croix, vêtu d’un curieux manteau à plis, le porte-lance à droite, et si l’on voit fort bien la lance s’approchant du côté droit du supplicié, le coup n’est pas porté. Les yeux de Jésus sont d’ailleurs ouverts comme dans la peinture de Rabula et comme ce devait être la règle à l’époque jusqu’au XIe siècle.

Dans ces deux cas très anciens, la blessure à droite s’accompagne de deux éléments identiques : d’une part, le soldat qui porte la lance, Longin(1), est à la droite du Christ (donc à gauche de la figure), le soldat qui porte l’éponge imbibée de vinaigre est à gauche du Christ (à droite de la figure) ; d’autre part, le corps de Jésus est revêtu d’une robe ou d’une sorte de manteau, le colobium.

Ces deux éléments sont essentiels, car nous les retrouverons durant toute une période plus ou moins longue selon qu’il s’agisse de la tradition orientale ou occidentale, mais de toute façon suffisamment longue pour qu’ils aient pu marquer l’iconographie de leur influence, y compris après que Longin eut disparu de la scène et que l’on ait revêtu le Christ du linge autour de ses reins, ou d’une sorte de pagne, le perizonium.

Car d’où vient l’ouverture à droite du colobium sinon du fait que, comme pour la toge romaine, celui qui le portait avait ainsi sa main droite dégagée, comme on le voit sur les innombrables peintures ou statues d’empereurs, de consuls ou d’orateurs antiques ?

Or, les premières représentations du Christ revêtu le furent pour exalter le Christ-Roi, non pour le dépeindre en son supplice. On le figura donc habillé à la romaine, comme un empereur, et il convient de comparer le Christ de la Catacombe des S.S. Pietro et Marcellino à Rome (dans la crypte, entouré de Pierre et de Paul, au-dessus de l’Agneau) qui date du IVe siècle, et une représentation d’un empereur comme Constantin, par exemple, pour se rendre compte que leur vêtement est quasiment interchangeable. Dans la Catacombe de Comodilla à Rome, le magnifique buste peint de Jésus, avec l’auréole, entouré de l’Alpha et de l’Omega, montre clairement l’agrafe retenant le péplum sur l’épaule droite, identique à celle dont usaient les dignitaires et les nobles romains à la même époque. Mieux encore, on trouvera, toujours à Rome et toujours au IVe siècle, dans la Catacombe de la via Latina, un groupe de personnages assis autour d’un corps étendu que l’un d’entre eux désigne avec une baguette. Aristote qui, semble-t-il, préside à cette leçon d’anatomie a tout le côté droit découvert alors que ses disciples ont la main droite seule hors du vêtement. Le rapprochement avec le Bon Pasteur portant l’Agneau, et qui se trouve actuellement au Musée du Louvre, est aisé : le Berger a, lui aussi, le sein droit totalement découvert.

On remarquera d’ailleurs qu’au centre de la mosaïque de la coupole du Baptistère de la Cathédrale de Ravenne, œuvre du VIe siècle, Jean qui baptise Jésus par effusion (et non par immersion) a le bras et tout le côté droit dénudés, leçon qui demeurera constante dans les siècles suivants. D’où l’on rappellera une donnée fondamentale du costume drapé masculin antique : le côté, le bras et la main droites peuvent se découvrir à volonté. Ainsi n’est-il pas étonnant que sur la croix, le Christ revêtu du colobium ait le sein droit découvert et que ce soit, par conséquent, ce côté-là et non l’autre que blesse le soldat de sa lance.

Dès lors la position de Longin, à droite du Christ, s’expliquerait par l’échancrure du vêtement et aurait déterminé, symétriquement, à gauche le porte-éponge sans qu’il y eût là d’autres significations particulières.

Si cette première conclusion apparaît limitée, c’est qu’elle soulève plusieurs considérations importantes. Tout d’abord, il est clair que le choix du côté droit par l’usage antique n’est pas fortuit. Le côté gauche est sinistre, aux sens original et dérivé. Il doit être caché, et l’on notera que l’occulte, le mystère, mais aussi ce qui est douteux, dangereux, redoutable, sera considéré comme « gauche », alors que ce qui doit être mis en lumière, et aussi ce par quoi les choses se révèlent, est réputé comme « droit ». Il y a connotation entre droit et droiture, gauche et tortueux. C’est la droite qui gère et c’est la gauche qui conteste – ce qui n’est pas une idée nouvelle, on le voit. L’ordre est du côté droit, et donc le divin, le raisonnable. À gauche, le sentiment, l’irréflexion, l’instinct. Nous touchons là à un domaine d’anthropologie générale fondée sur l’opposition inhérente au dualisme.

« À la droite du Christ »

Or nous avons constaté que, dès les premières représentations de la Crucifixion que nous possédons, le tableau s’organise autour de l’axe de la croix d’une façon qui ne cessera plus de prétendre à une symétrie symbolique. Les deux larrons se prêtent admirablement à cette construction et c’est d’ailleurs eux qui semblent apparaître primitivement autour de Jésus, avant même les deux soldats, la Vierge et Jean. C’est le cas, par exemple, de la Crucifixion sculptée sur la porte de Sainte-Sabine à Rome au VIe siècle. Naturellement le bon larron sera à la droite du Christ et le mauvais à gauche, encore que durant un temps assez long ils soient quasiment indifférenciés et que leurs attitudes soient pratiquement neutres. La Vierge, elle, sera immanquablement à droite, ce qui rejettera Jean à gauche, encore qu’il soit clair que Jean, le disciple bien-aimé, n’avait a priori aucune raison symbolique de se retrouver du côté sinistre, fut-ce pour des besoins de composition. On voit d’ailleurs que les artistes ont hésité, comme c’est le cas sur la sculpture du coffret d’ivoire actuellement au British Museum de Londres, et qui date du VIe siècle, où l’on voit Marie et Jean à droite du Christ – de même que Judas pendu, il est vrai !

Autre constatation : il existe des Crucifixions contemporaines de celles que nous avons citées où Jésus crucifié porte une tunique droite sans manche, où l’échancrure à l’aisselle est donc semblable des deux côtés, et où néanmoins, sans que la nécessité vestimentaire apparaisse, le coup de lance est, malgré tout, porté du côté droit. Dans ce cas, le raisonnement inverse pourrait être évoqué, en appuyant l’argumentation sur le porte-éponge, cette fois. Le vin aigre est celui de l’Ancien Testament que le Christ par sa mort changera en vin nouveau. Et donc le vin aigre sera à la gauche, et le vin nouveau, le sang du Christ jaillissant de son côté ouvert, sera à droite ; d’où les positions respectives des deux soldats (cf. la vigne que « la droite de Dieu a plantée »).

Gabriel Millet, dans son ouvrage classique, Recherches sur l’iconographie de l’Évangile aux XIVe, XVe et XVIe siècles (2), suppose que l’Évangile de Nicodème fut à la base de la blessure à droite. Il écrit : « Sur l’ivoire du British Museum, Jean et Marie se tiennent à gauche et Jésus reçoit le coup en plein cœur (de même que dans l’Evangile de Saint.-Gall et le manuscrit Gabbay). Mais ensuite, l’apocryphe apprit aux iconoclastes à ouvrir la blessure sur le flanc droit. Aussi, dans les psautiers Chludov, ont-ils simplement retourné le modèle hellénistique » (p. 436).

Outre le fait que l’Évangile de Nicodème, appelé aussi les Actes de Pilate (vraisemblablement VIe siècle), parle du « flanc gauche » (Codex C-XI, 2) sauf dans la version éthiopienne et la liturgie de Chrysostome, nous rappellerons que sur l’ivoire du British Museum que nous avons évoqué précédemment, le personnage qui se tient à la gauche du crucifié esquisse un geste qui pourrait bien effectivement être celui de Longin s’il portait une lance aujourd’hui disparue. Néanmoins, il ne saurait s’agir, dans les psautiers de Chludov, d’une simple inversion de ce modèle – d’ailleurs unique -, la tête de Jésus qui était droite sur notre ivoire, se retrouvant ici penchée sur le côté droit. Enfin, aucune tradition de la blessure au flanc gauche du Christ ne peut être avancée, à une époque ou à une autre, hellénistique comprise, alors que la blessure à droite est une tradition généralisée des origines du crucifix à nos jours. La représentation de Longin à gauche (sans qu’il y ait d’ailleurs blessure) de l’évangéliaire irlandais du VIIIe siècle actuellement à Saint-Gall (Suisse) et celle du manuscrit Gabbay sont de réelles exceptions qui, de toute manière, sont postérieures à la fixation de la blessure au côté droit.

De beaucoup plus significative est l’apparition au Xème siècle d’un personnage féminin situé « à droite du Christ et recueillant le sang de la blessure dans une coupe. C’est le cas de l’ivoire du manuscrit 9453 de l’Ecole de Metz, actuellement à la Bibliothèque Nationale de Paris, d’une autre ivoire de la même école, visible au Musée du Borgello à Florence ou encore, plus tardif, de l’Évangéliaire de l’Abbesse Theophano à la Cathédrale d’Essen (milieu du XIème siècle). Ce personnage féminin est l’Église, Ecclesia, qui apparaît au pied de la croix, à côté de Marie, souvent entre la Vierge et Longin, à une époque où le mystère de la Transsubstantiation agitait fortement les esprits – et qui devait aboutir au Dogme de la Transsubstantiation, en 1215, lors du Concile de Latran. C’est d’ailleurs vers 1180-90 que le Graal de Chrétien de Troyes reprendra la tradition orale du Sang Real, le Sang Royal du Christ, recueilli dans la coupe par la Dame Église, déformé phonétiquement en San Greal, d’où Saint Graal.

En fait, le jet de sang recueilli dans la coupe est antérieur à l’apparition de la coupe dans les représentations de la crucifixion. Dans le Sacramentaire de Gellone, datant du VIIIe siècle, actuellement à la Bibliothèque Nationale de Paris, le sang jaillit du côté droit et tombe en un jet puissant sur le sol. Il en va de même, taillé dans l’ivoire, sur cette belle plaque conservée au Kaiser Friedrich Museum de Berlin (IXe siècle) mais là ce sont également les deux mains qui saignent. De chaque blessure sortent trois jets ondulés bien distincts.

De sang et eau

Il est concevable que l’artiste, en présence de ce jet de sang, qui l’obligeait à reculer la Vierge sur la gauche de la représentation eut l’idée de recueillir ce sang, et comme ce ne pouvait être Marie elle-même qui tint la coupe, ce fut soit l’allégorie de l’Église, soit un ange, à moins que le sang ne s’écoulât sur le crâne d’Adam situé au bas de la croix. Ce n’était, en fait, que l’illustration de la pensée paulinienne : le sang du Christ qui est recueilli par l’Église est l’Eucharistie ; le crâne d’Adam est le vieil homme déchu que le baptême change en l’homme nouveau dont le Christ est le modèle. Ainsi s’éclaire d’ailleurs le mélange de sang et d’eau issu du côté transpercé, selon le texte de Jean, le sang étant l’Eucharistie et l’eau le Baptême. La fonction symbolique, voire parabolique de ce jet est d’ailleurs d’autant plus évidente que l’Evangéliste affirme que Jésus était mort avant le coup de lance. Or un cadavre ne saigne pas.

Toutefois, si nous considérons l’Évangile dit de Saint Gauzelin, actuellement à la cathédrale de Nancy, et la Bible d’Alcuin, à la Staatliche Bibliotek de Bamberg, nous trouverons en ces ouvrages du IXe siècle deux représentations graphiques très voisines l’une de l’autre qui nous montreront que, dès cette époque, la leçon de la blessure à droite et de la coupe était déjà fortement intégrée dans le symbolisme chrétien, la représentation du Christ en croix étant elle-même absente de ces deux figures. Nous les décrirons ainsi : aux quatre coins d’un rectangle sont les quatre évangélistes en médaillon. Un losange, dessiné à partir du milieu de chaque côté du rectangle initial, abrite les quatre vivants d’Ezéchiel et de l’Apocalypse, disposés chacun à un angle de ce losange. Au centre, dans un cercle, se tient l’Agneau nimbé, avec à sa droite une coupe. La lance et le bâton porte-éponge se croisent en diagonale sous la figure de l’Agneau, formant ainsi une croix de Saint-André, la lance portant du côté gauche de la représentation vers la droite, et l’éponge allant inversement de la droite vers la gauche.

On notera, dès cette époque, la position réitérée de la lance et de son pendant, la coupe à la droite de l’Agneau, et les quatre vivants dessinant la croix, montrant ainsi, d’une manière voilée, ce que le siècle suivant décrira plus précisément en personnifiant l’Église auprès du crucifié au côté droit transpercé.

Comme on le voit, il ne s’agit toujours pas nommément du cœur du Christ, ce qui fit supposer à quelques-uns que le coup avait été porté à droite afin, précisément, de ne pas endommager le cœur, ce qui eut été sacrilège. D’autres, s’appuyant sur le fait que la mort lors de la crucifixion arrivait finalement par asphyxie, avancèrent l’idée que le coup de lance était porté afin, en perçant le poumon, d’en libérer le sang qui finissait par l’obstruer, et ainsi d’obliger le supplicié à survivre plus longtemps. Dans ce cas, la blessure aurait pu être infligée aléatoirement à droite ou à gauche, ce qui n’apporte rien à notre sujet.

Or qu’écrivent les grands noms de la fin du XIe siècle et de la première moitié du XIIe siècle ? Bernard de Clairvaux : « Le fer a eu accès à ton cœur pour qu’il sache désormais compatir à nos infirmités… Par les ouvertures du corps vous ont été découverts les secrets du Cœur, et le grand sacrement de la bonté » (3). Guillaume de Saint Thierry : « C’est tout entier que je désire voir et toucher, plus encore m’approcher de la sacro-sainte blessure de son côté, de cette porte de l’arche faite au flanc, non pas seulement pour y mettre mon doigt ou ma main, mais pour entrer tout entier jusqu’au Cœur même de Jésus » (4). Et ailleurs : « Que par la porte ouverte, nous entrions tout entier jusqu’à votre Cœur, Jésus ! » (5). Pour ceux-là, qui représentaient la meilleure pensée de l’Eglise de leur époque, et dont l’influence était considérable, il ne faisait aucun doute que la blessure avait été faite à hauteur du cœur, et pourtant, ils avaient eux aussi, tout comme nous, la vision de l’ouverture à droite. Quelle était la signification profondément et volontairement cachée de cette énigme, véritable clé de tout l’hermétisme chrétien ?

Il fallut attendre quelques lustres pour que la signification intime de cette blessure au côté droit découvrît sa dimension véritable. Et, de fait, il fallut l’influence de la kabbale sur quelques chrétiens du XVIe siècle pour que le rapport entre le corps du crucifié et l’homme séphirotique découvrît soudain tout son sens. C’est ainsi que Johann Albrecht Widmanstetter (1506 – 1557), élève de Reuchlin, écrivit dans le Novum Testamentium Syriace (Vienne, 1555) : « Saint Jean monté au calvaire avec son disciple Prochore, put contempler, de ses yeux comme en esprit, le sacrement des cinq blessures insignes : Trinité indivisible dans la tête ceinte d’épines, la Bonté dans la main droite, dans la gauche la Rigueur, dans chacun des pieds le symbole subalterné, et dans le côté ouvert la Beauté divine attirant à elle le calice lunaire » (folio 101). Ce même folio contient d’ailleurs une illustration de la vision de saint Jean, soulignant les correspondances entre les dix Sephiroth et les parties du corps crucifié de Jésus.

Du point de vue métaphysique

Ce texte est essentiel, même s’il n’approche que partiellement de la solution globale qui nous concerne. En effet, il relie le mystère de la mort du Messie à la mystique juive, et nous laisse entendre ce que les judéo-chrétiens à l’époque des premières réflexions sur le « scandale » du Golgotha avaient pu symboliquement saisir de cet événement. Jean insiste de manière redoublée : « Celui qui a vu en rend témoignage, – un authentique témoignage, et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi vous croyiez » (Jean, 19-35). Et pourquoi insiste-t-il donc tant ? Pour témoigner que le soldat ayant percé le côté de Jésus, il en sortit du sang et de l’eau. Preuve de la mort réelle du Christ, pensera-t-on, au cas où certains pourraient supposer que le supplicié n’était qu’évanoui, contestant ainsi la Résurrection. Mais cette raison, si elle peut expliquer le geste de Longin, est insuffisante du point de vue métaphysique qui nous occupe. Et c’est Jean lui-même qui nous dit pourquoi ce témoignage et métaphysiquement essentiel. Il cite Zacharie 12, 90 : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé », citation qu’il faut replacer dans son contexte : « En ce jour-là, j’entreprendrai de détruire toutes les nations qui viendront contre Jérusalem. Mais je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bienveillance et de supplication. Ils regarderont vers celui qu’on a transpercé ; ils feront sur lui la lamentation comme on fait pour un fils unique et ils le pleureront comme on pleure un premier-né » (Zac, 12-9,10). Et plus loin : « En ce jour-là, il y aura une source ouverte à la maison de David et aux habitants de Jérusalem, pour le péché et l’impureté » (Zac, 13-1).

Jésus, « le fils unique » (en tant que deuxième personne de la Trinité), le « premier-né » (en tant qu’Adam régénéré et rédempteur), parce qu’il est transpercé répand sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bienveillance, une grâce. Ce sera « une source ouverte » pour laver le péché et l’impureté. Telle est la signification que Jean propose de cette blessure au côté : c’est une source de grâce. Or de quel côté est la grâce, la bonté, dans la pensée juive de l’époque et de toujours ? À droite. Les dons d’amour de l’Éternel viennent de Sa droite. C’est à Sa droite que seront placés les élus. Et, plus tard, dans la kabbale, la séphira de droite correspondant au côté droit de la poitrine est Hesed, la miséricorde. Eut-on blessé le Christ de l’autre côté, du côté de Din, que la source engendrée par la blessure eut été celle de la rigueur. Tout le projet rédempteur fondé sur l’amour eut été changé en la colère divine (6).

Et, dès lors, toute la lecture de la Crucifixion et du crucifix s’éclaire à la lumière du schéma séphirotique, la couronne d’épines n’étant autre que Kether, les pieds étant le Malkuth, Jésus ayant reconquis l’Homme d’avant la Chute et faisant ainsi le pont entre l’Eden et la Jérusalem Céleste, ce par quoi il est effectivement pontifex. Et cette lecture est mystique, au sens de qui est relatif aux mystères, le christianisme ayant été dés ses origines une religion à mystéres, et donc une religion à fonctionnement initiatique. Il s’agit, à l’image du Christ, de revenir à l’Homme Premier en partant du Crâne, c’est-à-dire du vieil homme déchu que le sang et l’eau ont ressuscité de cette mort qu’est la faute originelle, ce qui correspond aux Petits Mystères ; puis d’approcher de la communion avec le divin.

L’image de Jésus crucifié n’est donc pas seulement une illustration pieuse mais le schéma initiatique lui-même qui permettra au chrétien de se transformer, puis de tenter la fusion intime, passant ainsi de l’Alliance aux Noces, l’Alliance étant l’accord de Dieu et de l’homme pour que le Retour à l’Homme d’avant la chute soit possible, les Noces étant l’état auquel peut parvenir l’Homme réalisé en s’abandonnant à Dieu. En cette perspective en deux temps, la Grâce est essentielle, la blessure portée par la lance est première. On se demandera, dès lors, ce qu’est cette lance, elle qui vérifie la mort et provoque une surabondance de vie. Et d’abord, de quelle mort s’agit-il, sinon de la mort du moi, de l’individuel, du psychologique, alors que la vie dont il est question ici est celle du Soi, à l’intérieur et au-delà de la conscience de chacun. Et donc c’est parce que l’on a pu se dénuder, ôter les oripeaux qui recouvrent notre Être, que la lance peut frapper et que, hors de notre carapace, pourra s’écouler la grâce de notre Soi baignant ainsi tout notre moi pour le purifier et le ramener à son origine.

Notons-le, c’est par l’approfondissement de ce coup porté à droite que toutes ces notions initiatiques prennent naturellement leur place dans la conception à la fois chrétienne et universelle de la rénovation de l’Homme ou, si l’on préfère, de son redressement. Comme on le voit, il ne s’agit pas ici seulement de salut, conception exotérique s’il en est, mais de ré-incarnation de l’homme dans sa gloire jadis perdue, ce que Paul a fort bien compris lorsqu’il dit : « Nous sommes nés corps corruptible ; nous devons renaître corps incorruptible ». C’est du « corps de gloire » qu’il est question, de ce corps spirituel que préfigure le Christ ressuscité avant sa remontée vers le Père.

Et ici, au cœur même du caractère particulier de la tradition chrétienne, retrouvons-nous une conception plus générale, ce qui n’étonnera pas, car c’est dans l’affirmation vécue de la tradition qui lui est propre que l’homme découvre la Tradition en toute son étendue et toute sa profondeur. Ainsi, comme on demandait à Ramana Maharshi comment il pouvait dire « que le cœur est à droite alors que les biologistes le trouvent à gauche » (7), Shrî Bhagavân répondit : « Ils ont raison ; le cœur physique est à gauche. Mais le cœur dont je parle n’est pas physique et il est à droite. J’en ai l’expérience et je n’ai pas besoin qu’on me le confirme. Cependant vous pouvez en trouver la confirmation dans un livre de médecine ayur-védique en malayalam, et aussi dans la Sitâ-Upanishad ».

Frédérick Tristan est écrivain. Il a reçu de nombreux prix dont prix Goncourt en 1983 et le Grand prix de littérature de la Société des Gens de Lettres en 2000
  1. Longin : du grec longké qui signifie « lance »
  2. 1916 – Paris
  3. Saint Bernard – Sermo, LXI-4 –
  4. G. de Saint Thierry – De contemplando Deo –
  5.  Idem – Meditativae orationes, VI.
  6. L’ange Michaël a été nourri du lait de la quatrième séphira, Hesed. C’est lui qui, avec sa lance, transpercera le dragon (W. Lueken – Michaël – Göttigen, 1838 – p31)
  7. L’enseignement de Ramana Maharshi – Paris, 1972

 

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Rennes. L’Hôtel-Dieu s’aménage entre le parc des Tanneurs, la place Saint-Anne et les prairies Saint-Martin

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La future entrée de l'Hôtel-Dieu (crédit Rennes Métropole)

La requalification de l’Hôtel-Dieu s’accompagne d’interventions significatives de la Ville afin de faire de ce site emblématique de Rennes une extension du centre-ville, à la jonction du parc des Tanneurs, plus au nord, et de la place Saint-Anne, au sud, et non loin des prairies Saint-Martin.

La direction de quartier Centre de la Ville de Rennes a organisé ce jeudi 28 mars une réunion publique d’information sur l’aménagement de l’Hôtel-Dieu et de ses abords. Le site de l’Hôtel-Dieu est au cœur d’un projet ambitieux de renouvellement urbain. Il s’agit à la fois d’en faire un lieu de destination, ouvert à tous, et de préserver et valoriser ce patrimoine cher aux Rennaises et aux Rennais. L’enjeu est également, par son intermédiaire, de connecter le centre-ville aux espaces de nature que constituent le parc des Tanneurs et les prairies Saint-Martin. Enfin, il s’agit d’accueillir dans ce quartier des habitants, dans le respect des principes de mixité sociale du Programme Local de l’Habitat (PLH). 378 logements seront créés dans les quatre îlots que constitue l’Hôtel-Dieu.

Parmi eux : 96 logements locatifs sociaux (déjà livrés, Ilot Saint-Malo), 32 en accession aidée avec un Bail Réel Solidaire (BRS) et 43 locatifs sociaux (pour une livraison entre 2024 et 2026, Ilot Saint-Martin Ouest.

M. Hervé, 1er adjoint à l’urbanisme, et M. Le Bougeant, adjoint délégué aux commerces, à l’artisanat et au quartier centre, ont présenté deux points en particulier :  le projet pour les espaces publics autour de l’Hôtel-Dieu ;le projet d’aménagement du parc des tanneurs. Au préalable, Linkcity, dans un communiqué de presse daté du 29 février 2024, avait présenté un point d’étape, marqué par le lancement des travaux de l’îlot Hôtel-Dieu. Ceux-ci concernent la réhabilitation du bâti historique et la réalisation de surélévations bois de part et d’autre de la cour du cloître. Cet ensemble accueillera hostel, coworking, restaurants, commerces et permettra de pérenniser sur site les activités de The Roof Origines.

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Rue de l’Hôtel-Dieu, à l’entrée du mail Germaine Poinso-Chapuis (crédit : Rennes Métropole)

Autour de l’Hôtel-Dieu, l’espace public se transforme

L’opération d’aménagement prévoit le traitement des abords immédiats de l’Hôtel-Dieu :  rue de Saint-Malo, rue de l’Hôtel-Dieu, mail Germaine Poinso-Chapuis et rue Saint-Martin.  Elle prévoit en particulier :  

D’intégrer avec harmonie l’ensemble des nouveaux besoins fonctionnels d’aménagements de l’espace public en considérant cet ensemble comme une extension du centre-ville ;

De renforcer la trame végétale et paysagère, en lien avec le parc des tanneurs et les prairies Saint-Martin et en limitant le recours à l’imperméabilisation des sols pour favoriser l’infiltration des eaux pluviales ;De favoriser et sécuriser les liaisons douces (piétons, cycles).

Afin de mettre en valeur l’entrée principale de l’Hôtel-Dieu, un traitement qualitatif et paysager sera recherché. Une largeur de 7 mètres de trottoir sera gagnée à la faveur du déplacement de la grille du bâtiment, pour un gain avoisinant 1500 m2 sur toute la surface de la rue. Deux pistes cyclables unidirectionnelles seront aménagées de part et d’autre de la chaussée. Une seule file de circulation entrante et une sortante seront réalisées rue de Saint-Malo. Les pistes vélo et les trottoirs seront inversées afin de sécuriser les déplacements doux. Tout le long de cete rue, la végétalisation sera accentuée afin de présenter une transition beaucoup plus verte à l’approche du parc des tanneurs. Les travaux devraient s’étaler de 2026 à 2027. L’enveloppe financière prévisionnelle de l’opération s’élève à près de 4 millions d’euros, à la charge de la Ville de Rennes (espaces verts) et de Rennes Métropole (voirie, éclairage public, contrôles d’accès, eaux pluviales).

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Vue rue de Saint-Malo (crédit : Rennes Métropole)

Le parc des Tanneurs

Le projet d’aménagement du parc des tanneurs vise à améliorer la visibilité du parc et son accès, valoriser son intérêt patrimonial et paysager et en diversifier les usages.  Deux nouvelles entrées seront créées rue Saint-Martin. Dans quatre secteurs différenciés, de nouveaux espaces seront proposés :  

Les coteaux, aux abords de la villa du 19e siècle : valorisation des jardins historiques et reconstruction du petit patrimoine (déjà réalisé) ;
La zone humide (déjà aménagée) ;
Le jardin archéologique : qui verra la mise en valeur des vestiges antiques ;
La clairière, qui sera dotée d’un espace scientifique ludique et d’une œuvre d’art en mosaïque, hommage à Odorico. Les travaux devraient débuter mi-2024, pour une livraison un an plus tard.

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La vigne en Bretagne a de l’avenir selon Valérie Bonnardot

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Vigne du mont Garot à St-Suliac sur les bords de la Rance - Photo : Guy Saindrenan

La vigne se (ré) déploie en Bretagne depuis quelques années. Une production de vins promise à se développer ? C’est la question posée à Valérie Bonnardot lors de notre dernière émission Voyages extraordinaires dans le monde des sciences sur Radio Laser en partenariat avec Unidivers. À vrai dire, ce n’était pas la seule question…

Valérie est enseignante-chercheure en géographie physique et environnement à l’Université de Rennes 2. Membre du Laboratoire Littoral Environnement Télédétection Géomatique (soit en résumé, LETG, UMR CNRS 6554, anciennement intitulé Costel), elle est passionnée depuis toujours par la climatologie et la météorologie. Originaire de Bourgogne, d’une famille d’agriculteurs et de viticulteurs, ce sont aussi des rencontres qui vont déterminer son chemin et l’amener à soutenir en 1996 sa thèse sur « Climat et vigne », un domaine qu’elle ne quittera plus. Ce chemin se prolonge avec une bourse Lavoisier par un post-doctorat en Afrique du sud à l’Institute for Soil Climate and Water de l’Agricultural Research Council à Pretoria puis comme chercheure à Stellenbosch jusqu’en 2004 (Institute for fruit, Vine and Wine). Des liens encore vivants aujourd’hui. Sa passion pour la vigne mais aussi pour l’enseignement et la recherche l’amène à intégrer le département de Géographie de Rennes 2 en 2012, département dont elle assure la direction depuis 2023. Vous l’aurez compris, ce n’est donc pas une surprise de la voir développer ses projets sur la vigne en Bretagne.

L’un de ses projets concerne la création d’un réseau de stations météorologiques et de capteurs dans les parcelles de vigne nouvellement plantées, ainsi que dans les parcelles de vignes plus anciennes sous statut associatif. Il s’agit là d’étudier le climat à l’échelle locale des parcelles, la variabilité interannuelle du climat afin de mieux comprendre la réponse de la vigne (stades de croissance et de maturité des différents cépages) aux conditions locales (exposition, altitude, sol, proximité de la mer) et saisonnière (température, pluviométrie, vents, gel, chaleur, sécheresse etc.). Le but est également d’étudier les évolutions climatiques. Cependant, et contrairement à ce que nous pouvons communément penser, le changement climatique n’est pas le seul facteur du développement de la vigne en Bretagne. Les plantations se multiplient en Bretagne en raison avant tout d’un décret relatif au régime d’autorisation de plantations de vignes intervenu en 2015, même si des parcelles de vignes sous statut juridique associatif ou privé ont été plantées avant cette date. Depuis ce décret, des vignes à but commercial peuvent être plantées dans des régions historiquement non viticoles. Or la Bretagne a un passé en viticulture qui ne pouvait qu’inciter certains acteurs à se lancer. Une manière aussi de diversifier l’économie Bretonne.

Alors quels lieux demain en Bretagne ? Le Morbihan est bien sûr le département qui historiquement avait le plus de vignes avant la crise du phylloxéra mais tous sont aujourd’hui concernés. Quels cépages ?  Pour les rouges, pinot noir, gamay, grolleau, cabernet … ? Pour les cépages blancs, Chardonnay, Chenin, Solaris, Muscaris ou Sauvignac ? Et pour quelles productions (vin effervescent, vin blanc, vin rouge…) ?

Ce sont tous ces sujets et bien d’autres encore que nous explorons avec Valérie. Une chose est sûre, les pionniers sont nombreux et les encouragements tout autant. Parions que les premiers vins, à ce stade encore confidentiels, seront bientôt plus généreusement servis sur nos tables.

Article connexe

Pour aller plus loin :

https://www.editions-apogee.com/le-savoir-boire/663-renouveau-des-vins-bretons.htmlhttps://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/vin-bientot-des-grands-crus-bretons_2970699.html

https://vigneronsbretons.bzh/

https://www.bretagne.bzh/le-haut-conseil-breton-pour-le-climat/ (Valérie est membre de ce Haut Conseil Breton pour le Climat, une instance initiée par la Région Bretagne)

https://climatology.edpsciences.org/articles/climat/full_html/2023/02/climat20232102/climat20232102.html

https://www.laciteduvin.com/fr/cite-en-ligne/le-vin-breton-la-renaissance-d-un-vignoble

https://www.quae.com/produit/1842/9782759237975/vigne-vin-et-changement-climatique

https://www.dunod.com/histoire-geographie-et-sciences-politiques/geographie-environnement-nature-au-temps-anthropocene-0

Châteaugiron. Chlorophytum de Sébastien Preschoux, une atmosphère diaphane et colorée

Sébastien Preschoux aconite
Aconite de Sébastien Preschoux, 146x114 cm, 2018.

Chlorophytum, installation optique de Sébastien Preschoux, sera visible du 6 avril au 9 juin 2024 au centre d’art à Châteaugiron, Les 3 Cha. Cette installation va plonger la chapelle dans une atmosphère diaphane et colorée, où les fils irradient l’espace tels les rayons du soleil pour créer une expérience immersive et visuelle.

Fruit de la rencontre avec le lieu, les fils se tendent dans différentes directions, tissent leurs toiles, se connectent, rebondissent entre le sol et les poutres. Dans un jeu de transparence, la chapelle plonge dans une atmosphère diaphane et colorée. Tels les rayons du soleil, les fils de l’installation Chlorophytum de Sébastien Preschoux irradient l’espace pour créer une expérience immersive et visuelle au centre d’art de Châteaugiron Les 3 Cha du 6 avril au 9 juijn 2024.

Sébastien Preschoux est un artiste autodidacte connu pour ses installations à la main de fils tendus et ses dessins géométriques. La caractéristique principale qui différencie son art de nombreux concepts esthétiques contemporains est son insistance sur le travail manuel. Il fait l’éloge de la valeur et des possibilités du corps humain en tant qu’outil parfait pour créer et apprécier l’art.

Chlorophytum de Sébastien Preschoux, installation au centre d’art de Châteaugiron Les 3 Cha du 6 avril au 9 juin 2024

Boulevard Julien et Pierre Gourdel, 35410 Châteaugiron.

Mercredi et vendredi : 14h – 17h / Jeudi : 11h – 13h / Samedi : 11h – 13h et 14h – 18h / Dimanche 10h -13h

Fermetures exceptionnelles : mercredi 1er et jeudi 09 mai 2024

Sébastien Preschoux : site officiel / instagram

BD. Rwama de Salim Zerrouki, une enfance en Algérie

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Rwama, mon enfance en Algérie de Salim Zerrouki, éditions Dargaud, 2024.

Dans un récit à hauteur d’enfant, Salim Zerrouki dessine ses années algériennes qui annoncent la guerre civile des années 1990 dans Rwama, Mon enfance en Algérie aux éditions Dargaud. Touchant et instructif.

Rwama c’est d‘abord l’histoire d’un immeuble « tellement en avance sur son temps qu’il possédait même un bac à sable! Ne rigolez pas! Dans l’Algérie des années 1970, un bac à sable était une fierté nationale ! ». Le ton est donné dès les premières pages, un ton caustique, enfantin mais terriblement vrai et parlant. Né en en Algérie en 1978 Salim Zerrouki, s’est installé en Tunisie au milieu des années 2000, et se fait connaître à travers un blog satirique « Yahia Boulahia » puis différents ouvrages dessinés. Il s’y moque allègrement des sociétés maghrébines, auxquelles il appartient. L’humour est la caractéristique constante de ce que l’on peut appeler son combat contre l’obscurantisme religieux.

Avec Rwama, Zerrouki se raconte enfant dans ce premier tome qui débute en 1975 et s’achève en 1992, quand se profilent les années de plomb marquées par la guerre civile entre le gouvernement militaire et les mouvements islamistes. Il fait penser un peu à Riad Sattouf, le petit Salim, quand il naît et vit ses premières années dans un immeuble atypique (avec un bac à sable !) que l’on appelle le Rwama, c’est à dire « Français » en Algérois, un nom applicable par extension à ceux qui y habitent même si ces derniers sont cubains, russes, allemands de l’Est mais aussi algériens. Ce bâtiment auquel l’auteur donne la parole est comme un îlot de modernité dans une Algérie pauvre et arriérée et une provocation aux yeux des habitants de la cité d’à côté, la cité CNS, occupée par de « vrais » algériens.

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En petites touches, sans jugement, le petit Salim raconte le grand écart entre une Algérie au récit national pompeux et idyllique et une réalité quotidienne marquée par l’absence de biens de consommations et une forme de pauvreté. Les objets occidentaux sont reproduits à l’identique mais en … plastique, un faux-semblant comme un symbole d’une société en trompe l’œil. Le ton est celui de la dérision, à l’image de la chasse nocturne à l’eau laquelle participe toute la famille pendant les quelques heures où coule le précieux liquide aux robinets. Plus que de longs discours et de grandes diatribes, le dessin aux touches enfantines, montre l’absurdité d’un régime et les tensions d’une société. Malgré l’enfance, la violence est déjà présente, entre les deux cités, dans les cours de récréation. Différences sociales, « alors que les enfants algériens (…) jouaient avec des ballons fabriqués avec des sachets de lait remplis de vieux journaux, nous, les Rwama, jouions au foot avec de vrais ballons (…) », différences linguistiques, différences religieuses. Les rixes de l’école entre « voyous » de la cité et « mécréants » de Rwama annoncent les combats politiques des adultes, sous l’œil omniprésent des religieux qui attendent leur heure.

Zerrouki, montre parfaitement le glissement d’une société désabusée, « sous Chadli un fossé s’est creusé entre 2 Algéries : celle des membres du parti et de leurs proches, fortunés, corrompus, détournant les biens publics, et celle du peuple livré à lui-même qui fabriquait ses propres attractions » vers un autre projet, religieux que va proposer le Front Islamique du Salut (FIS), offrant à une population appauvrie, un espoir. Contre un régime du « tous pourris » , les islamistes proposent une société de solidarité, dans laquelle la religion encadre toutes les activités de la journée. Les superstitions les plus inimaginables, les raisonnements les plus fous comme celui de prier pour mourir le jour de son anniversaire, deviennent des principes inculqués y compris à l’école. La raison pure est abandonnée au profit de la croyance. Un glissement que le jeune Salim vit au sein de sa propre famille, symbole d’une évolution culturelle qui touche même les classes moyennes.

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Rwama, mon enfance en Algérie de Salim Zerrouki, éditions Dargaud, 2024.

« Avant d’être un parti politique le FIS était une utopie sociale », écrit Zerrouki. L’auteur, sans avoir l’air d’y toucher, du bout de ses dessins aux apparences naïves, dénonce la crédulité d’une population désenchantée, insuffisamment éduquée, prête à tout pour une nouvelle expérience. Comme souvent avec l’humour noir et corrosif, on hésite à rire ou à s’indigner quand apparaît dans le ciel un nuage sous la forme d’« Allahou Akbar », miracle montrant que Dieu était du côté du FIS, en fait un dispositif caché de laser pour inscrire les mots dans le ciel. C’est d’ailleurs sur un ciel d’orage que s’achève l’ouvrage, l’orage de la guerre civile qui monte et va détruire tous les bacs à sable du pays.

Rwama, Mon enfance en Algérie, tome 1 de Salim Zerrouki. Éditions Dargaud. 176 pages. Parution : 15 mars 2024. 22€.

Sortie du tome 2, premier semestre 2025.

Lire un extrait

Rennes. Les Jours de l’Encre ou 135 tatoueurs au Couvent des Jacobins les 20 et 21 avril

les jours de l'encre 2024
Les Jours de l'Encre 2024 au Couvent des Jacobins, Rennes.

Le Couvent des Jacobins – Centre des Congrès de Rennes Métropole – accueillera la première édition du salon Les Jours de l’Encre les 20 et 21 avril 2024. Cet événement artistique regroupera plus de 95 tatoueurs et 40 artistes venus de France et d’ailleurs afin de bousculer la perception du tatouage et promouvoir son expression artistique.

Les Jours de l’Encre est le nouvel événement incontournable mêlant tatouage et art le temps d’un week-end, les 20 et 21 avril 2024. Un rendez-vous au Couvent des Jacobins pour tous les publics, qu’ils soient passionnés ou simplement curieux !

Cette première édition est d’abord l’occasion de rencontrer les artistes, d’échanger avec eux et de mieux comprendre la démarche liée au tatouage. Les visiteurs pourront admirer les créations des tatoueurs et même se faire tatouer par des professionnels. Pour les plus intrépides, il sera également proposé de « mettre la main à la pâte » lors des différents ateliers proposés. Enfin, pour emporter un peu des Jours de l’Encre avec eux, les visiteurs pourront repartir avec des créations et des illustrations.

Les différents artistes-tatoueurs seront disponibles pour vous tatouer. Vous pourrez donc vous faire tatouer sur place : des « flashs » seront proposés par les artistes. Le  « flash » consiste à tatouer un motif déjà imaginé et dessiné par l’artiste pour l’événement. Il vous suffira de vous adresser directement à l’artiste sur l’événement ou en les contactant auparavant. Certains artistes tatoueurs peuvent bloquer des rendez-vous avant l’événement et n’auraient donc potentiellement plus de places disponibles.

Un espace pour les enfants lors de l’événement Les Jours de l’Encre a été aménagé. Encadré par des bénévoles spécialisés dans la petite enfance, des activités coloriage, tatouages éphémères et bien d’autres sont au programme !

Les Jours de l’Encre au Couvent des Jacobins

Samedi 20 avril 2024, de 10h à 19h | Dimanche 21 avril 2024, de 10h à 18h.

20 Pl. Sainte-Anne, 35000 Rennes

Voir les artistes de l’événement

Billetterie

12€ le pass journée | 18€ le pass 2 jours l Pass -16 ans gratuit

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Rennes. Vrai de Vrai, le festival des documentaires étoilés se déroule au TNB du 3 au 7 avril 

Gagner sa vie comptoir
Gagner sa vie de Philippe Crnogorac et Pascale Absi

Comptoir du doc présente le festival Vrai de Vrai 2024 – les étoiles de la SCAM à Rennes, qui se déroulera du 3 au 7 avril. Parmi les trente documentaires étoilés cette année, dix seront présentés au ciné-TNB, toujours accompagnés par des invités cinéastes. Rencontre avec Julien Posnic, chargé de programmation du festival. 

Le festival Vrai de Vrai s’inscrit dans le projet de valorisation du cinéma du réel (cinéma documentaire) de la Scam (Société Civile des Auteurs Multimédias). Il permet de diffuser ou de rediffuser en salle des films passés à la télévision durant l’année. D’abord présent à Paris, Vrai de Vrai s’est installé en Bretagne il y a huit ans. « Il y a eu une envie de décentraliser l’événement parce qu’en réalité, beaucoup de films documentaires sont tournés en région. Je crois que la Bretagne est l’une des premières décentralisations du festival, la région est assez forte structurellement et politiquement sur la question du documentaire », explique Julien Posnic, chargé de programmation de Vrai de Vrai. Depuis, Marseille, Nantes, Strasbourg, Lyon, Albertville et d’autres villes en France ont rejoint la manifestation. La Scam agit sur trois champs complémentaires : la gestion des droits d’auteur des documentaires et a fortiori des documentaristes, la valorisation de ce cinéma et il se fait levier politique de discussion avec l’État.

Julien Posnic

Comptoir du doc organise plusieurs festivals tout au long de l’année sur la région et la métropole rennaise, comme Ré.elles qui a eu lieu le mois dernier. La particularité de Vrai de Vrai est que le choix de la programmation n’est pas thématique. L’idée est de dresser un portrait annuel du cinéma documentaire, « en mettant en avant des cinéastes et en laissant une place importante aux films fabriqués en Bretagne ». Les films proposés ne sont pas des films d’enquêtes journalistiques mais plutôt des créations d’auteurs. Julien Posnic dirige la programmation du festival, il présélectionne des films qui sont ensuite diffusés devant un groupe d’adhérents à l’association, qui vote la sélection finale. Dans une seconde mesure, spécifique à Rennes, les films proposés sont aussi des moyens de discuter avec des invités cinéastes de la fabrication du documentaire. « L’axe de la réalisation est important », selon Julien. Pour ce festival, Comptoir s’appuie également sur deux autres associations locales, acteurs de la fabrication des films documentaires sur le territoire : Arbre et Films en Bretagne.

Comptoir détruire rajeunit
Détruire rajeunit de Benjamin Hennot

En parallèle des films projetés, des rencontres sont organisées, toujours dans le but de discuter du cinéma du réel et de ses moyens, ce qui fait partie des objectifs principaux de Comptoir du doc durant l’année. Il y aura notamment une table ronde Films fragiles qui reviendra sur les difficultés du parcours de production d’un film documentaire. « On a fait le constat que des films reconnus comme géniaux ont eu beaucoup de difficulté à se faire produire », raconte Julien Posnic. Cette année, dans le but d’ouvrir les conversations autour des difficultés du cinéma, les associations Arbre et Comptoir ont instauré le « premier vendredi du mois » au café du TNB, un moment de discussion et de rencontre entre les deux associations. Cette table ronde s’inscrit dans cette dynamique et s’ouvre à toutes les personnes qui pourraient être intéressées par le sujet. 

Comptoir du doc l'homme qui peint
L’Homme qui peint des gouttes d’eau de Brigitte Bouillot et Oan Kim

La discussion précède la diffusion du film L’Homme qui peint des gouttes d’eau de Brigitte Bouillot, qui a obtenu le Grand prix du documentaire de la Scam cette année. « Le film est passé par un parcours d’accompagnement à l’écriture en Bretagne avec notamment Groupe Ouest et Ty films, mais il n’a obtenu aucune aide pour la production, il s’est fait de bricolage et il n’est pas passé à la télé au départ », annonce Julien Posnic. La discussion permet de multiplier les points de vue et d’élargir le champ de la réflexion en invitant divers profils du cinéma : Clarisse Tupin, productrice de L’homme qui peint des gouttes d’eau, Philippe Crnogorac, co-auteur et réalisateur de Gagner sa vie, et Madeleine Leroyer, autrice et jurée.

Dix films en tout sont programmés du 3 au 7 avril, Julien Posnic évoque Gagner sa vie de Philippe Crnogorac et Pascale Absi, « un film sur deux prostituées boliviennes qui reprennent des études » ; Détruire rajeunit de Benjamin Hennot, «  un film politique, sur une grève en Belgique qui tourne à l’insurrection » ; En route vers le milliard de Dieudo Hamadi, où l’on « suit le parcours d’une association de victimes qui demande réparation suite aux mutilations qu’elles ont subies pendant la guerre des Six jours de Kisangani ». La carte blanche Films en Bretagne présentera également Garda Frida et Janette de Léa Lanoë, une réalisatrice venant du laboratoire du film argentique à Marseille. Une rencontre sur les secrets de fabrication de son film le 7 avril 2024 est aussi proposée. Découvrez l’agenda du festival

Comptoir du doc en route pour le milliard
En route pour le milliard de Dieudo Hamadi

Deux films des époux Nicolas Humbert et Simone Fürbringer seront aussi projetés hors du TNB le 3 et 4 avril 2024 : Vagabonding images (1998) et Floating islands (2023). « Ils ont beaucoup travaillé ensemble sur un cinéma assez poétique inspiré par le surréalisme et le collage qui m’a beaucoup parlé et inspiré », se confie Julien. Floating Islands est également le dernier film de Simone Fürbringer, décédée l’année dernière ; les deux soirées lui rendront hommage, en présence de Nicolas Humbert. Les séances sont projetées dans un lieu encore secret, communiqué uniquement par Comptoir du doc par message privé (adresse mail en fin d’article).

« Détruire rajeunit, Gagner sa vie et Ghost song sont des films qui correspondent à un plus large public », des lycéens de Bruz ont d’ailleurs participé à un groupe de programmation pour Ghost song qui passera dimanche 7 avril 2024 au ciné-TNB, en présence des élèves. « Ils ont aussi fait une affiche et un rap sur le film, c’était vraiment génial » ajoute Julien. « C’est un film très musical autour de la ville de Houston, il évoque aussi les problèmes de drogue. » 

Comptoir du doc ghost song
Ghost song de Nicolas Peduzzi

Tous les films de la programmation 

Inner Lines de Pierre-Yves Vanderweerd (2022)
How to save a dead friend de Marusya Syroechkovskaya (2022)
En route pour le milliard de Dieudo Hamadi (2020)
Ghost song de Nicolas Peduzzi (2021)
Détruire rajeunit de Benjamin Hennot (2021)
Vagabonding images de Nicolas Humbert et Simone Fürbringer (1998)
Floating Islands de Nicolas Humbert et Simone Fürbringer (2023)
L’Homme qui peint des gouttes d’eau de Brigitte Bouillot et Oan Kim (2020)
Gerda, Frida, Janett de Léa Lanoë (2023)
Gagner sa vie de Philippe Crnogorac et Pascale Absi (2021)

INFOS PRATIQUES 

Festival Vrai de Vrai – les étoiles du cinéma documentaire
3 au 7 avril 2024
Comptoir du doc 

Programmation 

Lieux principals : ciné-TNB, TNB

Séances hors les murs, les films de Nicolas Humbert et Simone Fürbringer contacter : angele@comptoirdudoc.org pour découvrir le lieu secret et vous inscrire. 

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Morbihan. Le Prix du Bleuet de France 2024 est décerné à Stéphanie Trouillard pour la BD Le Sourire d’Auschwitz

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La bande dessinée Le Sourire d’Auschwitz de l’auteure Stéphanie Trouillard et du dessinateur Renan Coquin, a remporté le Prix du Bleuet de France 2024. Ce prix est décerné par l’Office National des Combattants et Victimes de guerre (ONACVG). Réalisé en partenariat avec France 24, l’album sera remis aux lauréats du Concours National de la Résistance et de la Déportation dans chaque département français.

La Morbihannaise Stéphanie Trouillard, auteure et journaliste à France 24, est spécialisée dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et particulièrement passionnée par le devoir de mémoire. Parce qu’elle aime les destins oubliés, elle réalise toujours des recherches, notamment en Bretagne : c’est ainsi qu’elle découvre une photo de Marie-Louise Moru, une Morbihannaise déportée à Auschwitz, matricule n° 1 332. Stéphanie Trouillard s’intéresse à son passé de résistante et à l’histoire de Port-Louis, sa commune de résidence. Sur ce cliché, la jeune femme est étonnamment souriante et semble défier ses bourreaux ! Comment peut-on sourire dans une telle situation ? Qui est cette femme ? Ce sont ces questions qui vont motiver la journaliste à connaître l’histoire vécue de cette jeune fille…

L’illustrateur Renan Coquin est aussi professeur de maths et de sciences physiques. Très tôt, il se dirige vers le dessin, la peinture, l’aquarelle, la linogravure, puis la photographie. Il aime dessiner ce qui l’entoure : la nature, les rues, les gens connus ou inconnus. Il participe depuis plusieurs années aux cours de modèle vivant organisés par les Ateliers du Thabor de Rennes (35). Renan Coquin a dessiné l’histoire de l’enquête de Stéphanie Trouillard sur la jeune Port-Louisienne Marie-Louise Moru, victime de l’oppresseur nazi.

À l’occasion de la Journée Nationale du souvenir de la Déportation le 24 avril 2021, Stéphanie Trouillard sort son web documentaire sur France 24, Le sourire d’Auschwitz. Il relate l’histoire vécue par Marie-Louise Moru appelée couramment Lisette. Longtemps restée dans l’ombre comme tant d’autres, cette jeune résistante de Port-Louis, au sourire surprenant mais aussi au destin tragique, retrouve alors la lumière avec Stéphanie Trouillard. 

Grâce à de nombreuses et différentes recherches de documentations aux archives départementales, de rencontres avec des historiens locaux et également auprès de témoins indirects souvent des membres de la famille, Stéphanie Trouillard reconstitue le parcours de vie de Lisette. Elle aura besoin de deux années pour la reconstituer :

Lisette, cette adolescente de 17 ans est révoltée contre l’occupant, mais quelque peu insouciante ! Elle résiste par de petites actions avec de petits moyens tant qu’elle peut, jusqu’au jour du 2 décembre 1942 quand elle est dénoncée par deux habitantes, comme elle, de Port-Louis, en même temps que Louis Séché son petit ami. Ensuite, c’est un long cheminement pour les deux amoureux, pour l’un et pour l’autre qui vont se perdre de vue après avoir été dans le même convoi vers Compiègne. Lisette est déportée au camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau en janvier 1943. Souffrant d’une dysenterie sévère, elle meurt trois mois plus tard au camp d’Auschwitz le 24 avril 1943. Roué de coups, Louis Séché est mort d’épuisement au camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen en Allemagne quelques jours seulement avant la libération. Ni l’un, ni l’autre ne reverront la plage de Port-Louis où ils aimaient se retrouver…

Le sourire d’Auschwitz

La version en bande dessinée est sortie le 17 janvier 2024 aux éditions Des Ronds dans l’O.

Le concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) est ouvert aux collégiens de troisième et aux lycéens en France et dans les établissements scolaires français à l’étranger. Il perpétue chez les élèves la mémoire de la Résistance et de la Déportation pour leur permettre de s’en inspirer et d’en tirer des leçons civiques dans leur vie d’aujourd’hui. Stéphanie Trouillard et Renan Coquin sont heureux et fiers de savoir que l’histoire de Marie-Louise Moru et de Louis Séché sera transmise aux jeunes qui ont participé à ce concours qui vise à faire perdurer la mémoire de la Résistance et de la Déportation.

Le sourire d’Auschwitz, Stéphanie Trouillard et Renan Coquin, éditions Des ronds dans l’O, parution : 17 janvier 2024. Prix : 22€

Ce livre en couleurs est imprimé avec des encres végétales sur du papier issu de forêts gérées durablement.

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Rennes. Un comité des noctambules pour mieux vivre la vie nocturne

noctambule rennes

La Ville de Rennes met en place un comité des noctambules, composé de citoyens volontaires, habitant Rennes ou la métropole. L’objectif de cette nouvelle instance est de recueillir les ressentis et les attentes des noctambules concernant la vie nocturne et de proposer les mesures adéquates pour accompagner son évolution.

Le comité des noctambules est composé de 30 habitants (17 femmes et 13 hommes, âgés de 21 à 67 ans), qui ont l’habitude de sorties le soir et la nuit (bars, restaurants, discothèques, salles de spectacles ou de concerts…).

L’objectif de cette instance est de recueillir la parole des noctambules sur leurs ressentis, leurs attentes et leurs désirs. Le comité sera un espace de discussions et de propositions sur la vie nocturne à Rennes, et son évolution. Il travaillera sur les différents enjeux de la vie nocturne, contribuant ainsi à la mise en place d’actions ou d’expérimentations afin d’améliorer les usages, les habitudes et l’attractivité de Rennes la nuit.

Il s’agira en particulier pour le comité de :

Recueillir et relayer les attentes et besoins des noctambules ;
Participer à l’élaboration de propositions concrètes pour faire évoluer la vie nocturne ;
Accompagner le suivi des actions proposées et les évaluer.

Le comité proposera des sujets d’intérêt et la majorité des membres décidera de la feuille de route. Une page dédiée lui sera consacré sur le site internet de la Ville. Les Rennais pourront le contacter par courriel à l’adresse : vienocturne@ville-rennes.fr

Des membres du comité des noctambules réunis autour de Cyrille Morel, adjoint délégué à la Sécurité civile, à la prévention des risques, à la vie nocturne et à la propreté

Depuis 2016, Rennes dispose d’une charte de la vie nocturne dont l’objectif est de permettre aux noctambules de profiter des nuits rennaises, tout en respectant les usages, et notamment les rythmes de vie de toutes et tous.

La charte est animée par le conseil de la nuit. Cet espace de concertation entre les différents acteurs du monde nocturne réunis institutions, professionnels de la nuit, riverains et bailleurs pour construire des réponses collectives face à l’évolution des pratiques festives et culturelles et faire émerger des solutions pertinentes, en cohérence avec les politiques publiques portées par la Ville (culture, santé, prévention de la délinquance et sécurité, lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la prévention des conduites à risques…).

Avec le comité des noctambules, la Ville de Rennes affiche sa volonté d’une participation des citoyens à la réflexion sur les évolutions des modes de vie, la nuit, et l’éventuelle adaptation de la ville à ces usages.

Photo : crédit Rennes. Des membres du comité des noctambules réunis autour de Cyrille Morel, adjoint délégué à la Sécurité civile, à la prévention des risques, à la vie nocturne et à la propreté

Bécherel Fête du livre, détente littéraire du 30 mars au 1er avril 2024

La Fête du livre reprend ses quartiers à Bécherel du 30 mars au 1er avril 2024. Au traditionnel marché du livre ancien et d’occasion se joint un programme d’animations autour du l’écrire, le dire, l’écriture, la parole. Le comité d’organisation piloté par la Maison du livre entend bien faire résonner la littérature sur la place publique, dans les ruelles et les jardins de la petite cité de caractère bretonne. Bienvenue à la 34e édition sauvage de la Fête du livre ! Pendant 3 jours, Bécherel sort les griffes et exprime ses instincts animaux et sauvages.

fete livre becherel

La fête du livre à Bécherel est en approche  ! Du 30 mars au 1er avril 2024, la 32e édition de cette célébration festive et culturelle animera les places, ruelles et jardins du pittoresque village d’Ille-et-Vilaine, mais aussi ses librairies et sa Maison du livre. Le village de Bécherel, 700 habitants, seul Village du livre en Bretagne et unique Petite cité de caractère de Rennes Métropole, du haut de son promontoire s’anime pour la Fête du livre. Au programme, poésie, littérature, BD, musique, performance… On y fête les écritures, les autrices et auteurs, les mots et les livres sous toutes les formes ! Entre quelques rugissements de lectures musicales, feulements de balades poétiques ou contées et déclamations ici et là, le village s’ensauvageonne !

fete du livre

Valérie Auvergne, directrice de la Maison du livre, qui pilote l’événement, espère que le public sera au rendez-vous, comme il l’a été depuis 1989 et la première fête du livre à Bécherel. A cette époque, un collectif d’habitants cherche un moyen de dynamiser la petite ville qui fédérerait le territoire et le rendrait attractif. Ils jetèrent finalement leur dévolu sur le livre, après une visite de Redu en Belgique, village du livre lui-même inspiré de Hay-on-Wye au Pays de Galles, la première occurrence du concept.

livre becherel

En guise de galop d’essai, le collectif imagine une grande manifestation : c’est la première fête du livre de Bécherel. Le succès de fréquentation les incite à annoncer la suite de leur projet, faire de Bécherel une cité permanente du livre, la troisième au monde, la première en France. Depuis lors, ce sont une quinzaine de libraires, bouquinistes ou artisans du livre qui forment le noyau dur de ce village d’irréductibles lecteurs et lectrices.

En 2011 était inaugurée la Maison du livre, dédiée à la valorisation de Bécherel, cité du livre. Équipement culturel de proximité, rattaché à Rennes Métropole depuis 2014, elle coordonne l’organisation de la fête du livre et de la nuit du livre, en plus d’autres activités à l’année : des animations en lien avec les écritures ou les propositions artistiques du territoire, des expositions, des résidences d’auteurs et désormais de l’édition.

Samedi 30 mars 2024

Les Petits Champions de la lecture
Lecture à voix haute

Finale départementale du concours de lecture à voix haute : 14 élèves s’affrontent autour de joutes impitoyables… celles de la lecture ! En 3 min, il faut convaincre et le plus dur pour le jury sera de choisir ! La finale nationale aura lieu à la Comédie Française. À soutenir sans modération. 10h | Durée 1h30 | Tout public | Maison du livre | Sur réservation

livre becherel

Kraken
Atelier sonore

Atelier de bruitages sonores autour d’un livre « sauvage ». Griffes, craquements et autres hurlements : le public participe avec instruments et objets sonores à la création de sa bande son. 14h30 > 16h30 | Durée 2h | Dès 7 ans | Maison du livre | Sur réservation. Également le dimanche 31 mars 2024.

Jusque Très loin | CieAida
Théâtre

Un spectacle créé par Sara Amrous, écrit en partie à la Maison du livre. Suite à un drame, trois sœurs se retrouvent dans leur maison familiale. Les années sont passées, la distance est instaurée mais très vite la complicité revient. Chacune se confie sur son parcours, ses expériences, ses questionnements. Elles mêlent leurs souvenirs, pour mieux renouer avec le présent et celles qu’elles sont devenues aujourd’hui. Émotion, mais aussi énergie sont au rendez-vous pour l’écriture et la mise en scène de ce spectacle désormais en tournée. 17h30 | Durée 1h15 | Dès 14 ans | Maison du livre | Sur réservation

Jusque très loin
cie aida
Jusque très loin, cie aida de Sara Amrous.

Dimanche 31 mars 2024

Petites lectures sauvages l Agathe Jeanneau

La comédienne Agathe Jeanneau se glisse ici et là, dans les boutiques du centre et dans la rue et propose aux passants ses lectures choisies. Une bonne raison de découvrir cette artiste multifacette (comédienne, voix off, lectrice à voix haute sur C8, et animatrice radio sur Canal B) ! Dès 11h | Durée 5 min | Tout public | Centre ancien. Également le lundi 1er avril 2024.

La RiPOSTE | Cie Choupa Choupa
Jeux d’écriture sur la voi(x) publique

Des jeux d’écriture express et mobiles avec deux agentes engagées et clownesques ! Venez quand vous voulez ! 11h > 12h30 | en continu 16h30 > 18h | Tout public | Centre ancien | Chapiteau de la place des halles. Également le lundi 1er avril 2024.

La Riposte, Cie Choupa Choupa
La Riposte, Cie Choupa Choupa

Jan de l’ours | Cie Les mots du Vent
Spectacle

Solo conté avec tambour et manteau de fourrure ! Sa mère est une femme, son père est un ours. Mal venu, trop velu, mais fort, très fort, il n’a pas peur, jamais, mais il doit surmonter bien des épreuves ! Un récit d’aventure à couper le souffle. 11h30 | Durée 55 min | Dès 7 ans | Maison du livre | Sur réservation

Sauvages l D’après le livre de Nathalie Bernard, éditions Thierry Magnier
Mise en voix musicale par l’autrice

Avec un accompagnement musical signé Hectory, musicien aux inspirations folk/blues, l’autrice porte haut et fort son texte, qui aborde l’un des moments noirs de l’histoire des amérindiens. Suivie d’une séance de dédicaces. 14h > 14h45 | Durée 45 min suivi d’un échange /dédicaces. Dès 12 ans | Maison du livre | Sur réservation

Sauvages Nathalie Bernard
Sauvages de Nathalie Bernard

Sauvage ? | Delphine Jacquot, éditions Seuil Jeunesse
Dédicaces

Ses œuvres sont à l’honneur dans la Maison du livre où l’illustratrice offre une œuvre colorée pour illustrer les textes éclairants de l’album documentaire Sauvage ?. Au cœur de son univers fictif et fantastique, elle propose des dédicaces en toute simplicité. 14h30 > 16h30 | Tout public | Maison du livre

Sauvage ? Alexandre Galand Delphine Jacquot
Sauvage d’Alexandre Galand et Delphine Jacquot, éditions du Seuil Jeunesse, 2022.

Contre les bêtes | Gaëlle Héraut, éditions La ville brûle
Lecture spectacle du texte de Jacques Rebotier

Un texte mi-rageur mi-rieur, un drôle de réquisitoire Contre les bêtes, et un auteur entre Saint François d’Assise et Pierre Desproges ! 14h30 | Durée 40 min | Dès 12 ans | Centre ancien | Place Jehanin Cour Chez Colette librairie Donjon du bas

Contre les bêtes Jacques Rebotier
Contre les bêtes de Jacques Rebotier, éditions La ville brûle

Punk attitude | Lionel Chouin
Rencontre / Atelier de collage punk

Autre forme sauvage, le mouvement punk se raconte à travers l’histoire de Malcolm McLaren, le manager des Sex Pistols. Lionel Chouin présente ce mouvement, dans sa BD L’art du désastre (Éditions Futuropolis) et propose un atelier de collage punk ! Donc… Punk is not dead !14h30> 16h30 | En continu | Dès 10 ans | Maison du livre

l'art du désastre Lionel Chouin
Malcolm McLaren, l’art du désastre de Lionel Chouin, éditions Futuropolis

Balade botanique contée l Laurent Azuelos

Parcours dans les chemins de Bécherel pour découvrir ses merveilles végétales. Le botaniste-conteur apporte un œil scientifique, curieux et malicieux sur la nature ! Suivie d’une séance de dédicaces de son livre-CD L’arbristoire (Éditions Didier Jeunesse). 15h | Durée 1h30 | Dès 5 ans | Centre ancien l Départ Maison du livre | Sur réservation

Louis la Malice
Slam épicé

Ce duo à la verve joyeuse tend un miroir poétique, fantaisiste et sensible, au monde qui les entoure. Les textes déclamés abordent des thématiques actuelles dans une langue rafraîchissante et chargée d’humour… et ça fait un bien fou ! 15h15 et 16h | Durée 30 min | Tout public | Centre ancien. Atelier Auregan suivre les toiles. Également le lundi 1er avril 2024.

Le Mètre-mot | Cie Wonderkaline
Spectacle solo

Vincent Pensuet jongle avec son mètre et nous emmène dans un pur déluge verbal, le jeu des mots est jubilatoire, un délire de mots de poète à la «Raymond Devos » mais pas que ! 15h30 | Durée 1h | Tout public | Centre ancien | Jardin du presbytère

Exprosion Improsion | Olivier Mellano, éditions MF
Lecture Concert

Le nouveau livre d’Olivier Mellano, également musicien et compositeur est une expérience poétique et philosophique qui nous guide de nos mondes intérieurs aux confins du cosmos. Pour cette traversée musicale il convie les voix magnétiques de Claire-Ingrid Cottenceau et Carlo Brandt. La création sonore d’Olivier Mellano traverse tous ses univers et propose une expérience immersive où le sens et les sons ne font plus qu’un. Suivie d’une séance de dédicaces. 18h | Durée 1h | Dès 12 ans | Maison du livre | Sur réservation 2024.

Exprosion improsion Olivier Mellano
Exprosion improsion d’Olivier Mellano, éditions MF.

Lundi 1er avril 2024

Un bon déjeuner | Cie Écoutez voir
Spectacle jeune public d’après le livre d’Anaïs Vaugelade, Le déjeuner de la petite ogresse, éditions École des loisirs

La petite ogresse va faire la rencontre d’un enfant pas comme les autres. Un petit garçon qui se laisse capturer, un enfant qui ne pleure pas et qui ne crie pas. Quelle étrange rencontre… 11h | Durée 45 min | Dès 5 ans | Maison du livre | Sur réservation

À la découverte des plantes sauvages de Bécherel | Malika Teneur
Promenade comestible

Apprenez à identifier les plantes comestibles au cours d’une balade avec cette herboriste, et découvrez leurs propriétés et leurs utilisations culinaires. 11h | Durée 1h30 | Dès 9 ans | Départ Maison du livre | Sur réservation


Au cœur des solitudes | Lomig, éditions Sarbacane
Rencontre et grignotage sauvage

Suite de ce beau projet ! Accueilli en résidence en 2021 à la Maison du livre, il vient nous présenter sa bande dessinée et son exposition sur John Muir, un des premiers écologistes américains, à l’origine du parc Yosémite. Le récit de cette création est pimenté du voyage que Lomig a effectué en Californie sur les pas de John Muir. Suivie d’une séance de dédicaces. 11h30 | Durée 1h | Dès 10 ans | Maison du livre

au cœur des solitudes lomig

La Bête
Performance

Vous qui pensez avoir tout vu et tout lu, sachez qu’il existe encore bien des mondes sauvages et insoupçonnés ! Des explorateurs et scientifiques ont découvert une nouvelle espèce de plantigrade au cœur des forêts sauvages de l’Europe de l’est. Ce spécimen unique vous est révélé en exclusivité mondiale à Bécherel… 12h et 15h | Durée 20 min | Tout public | Centre ancien. Parvis de l’église.

Nous traverserons des orages l Anne-Laure Bondoux, éditions Gallimard jeunesse
Lecture musicale

Lecture par l’autrice, en duo avec Sean Seago à la guitare. Cette saga familiale traverse le siècle entre guerres, amour et tendresse. Suivie d’une rencontre et dédicace. 14h | Durée 1h | Dès 12 ans | Maison du livre | Sur réservation

Nous traverserons des orages anne-Laure Bondoux
Nous traverserons des orages, d’Anne-Laure Bondoux, éditions Gallimard jeunesse.

L’arbre de colère l Cie L’autre sens, d’après le livre de Guillaume Aubin, éditions la Contre Allée
Lecture dansée

Lecture charnelle et incarnée, pour entrer dans la peau de Fille-Rousse, une peau mêlée à la fois femme et homme. L’auteur est à retrouver à 16h pour présenter son roman en cours de préparation. 14h | Durée 1 h | Dès 12 ans | Maison du livre.

Expositions de la Fête des livres, en continu au Jardin de la Maison du livre de 10h à 19h

Sauvage ? l Delphine Jacquot
Enrichies par les textes d’Alexandre Galand, les illustrations colorées de Delphine Jacquot plongent le visiteur dans l’histoire des sauvages de toutes sortes et sur le regard qui leur est porté.

Mascarade ! l Anne-claire Macé
En écho à l’expo Sauvage ?, la plasticienne présente ses masques : une forme artistique originale qui laisse place à l’imaginaire et à la nature.

L’aventure sauvage l Cie Amavada
Le roman populaire d’aventure. Voyage à la découverte d’une littérature finalement peu reconnue qui embarque le visiteur dans l’univers fascinant de héros aventuriers.

Au cœur des solitudes l Lomig
Vers le destin sauvage de John Muir, naturaliste américain. Une nature immense, un destin hors du commun.

Fête du Livre de la Maison du Livre de Bécherel, du 30 mars au 1er avril 2024.

Voir la programmation complète

Gratuit (Réservations obligatoires pour certaines animations)

  • Une autre originalité de cet évènement : Bécherel, village médiéval, se prête à la déambulation active…

Bécherel est un village atypique qui regorge de coins, ruelles, parcs et jardins. La Maison du livre, équipement culturel de Rennes Métropole tout en modernité, complète cet environnement de remparts et vielles pierres et la programmation investit tous les lieux.

La Fête du livre a cette originalité qu’elle déborde en intérieur à la Maison du livre bien sûr qui accueille plusieurs propositions dans un auditorium qui favorise l’écoute de qualité mais également dans les boutiques du centre ancien : librairies ou artisans comme par exemple les ateliers avec les calligraphes Michèle Cornec ou Richard Lempereur et ses calligraphies sur peau et la relieure Stéphanie Thomas. L’association Regards de Mômes proposera des ateliers corps et nature.

Les jardins du Thabor (l’autre, celui de Bécherel !), aromatique, des remparts, du presbytère, des habitants Colette, Anne, Jean-François… et qui jalonnent la cité médiévale, permettront à chacun d’écouter des lectures au casque ou chuchotées à l’oreille ou à voix haute, de flâner, pique-niquer, entendre des chansons « organiques » ou découvrir des spectacles.

Enfin, le marché aux livres anciens et d’occasion organisé par l’association Bécherel Cité du livre accueille une quinzaine d’exposants en plus des quinze librairies de la cité du livre attire les chineurs et amoureux des livres durant les 3 jours.

livre becherel

Comme durant l’année, toutes les propositions sont entièrement gratuites. Certains spectacles et ateliers sont sur réservation.

La Maison du livre – Bécherel – 4 route de Montfort 35190 Bécherel

Pour l’accessibilité des lieux ou animations, merci de vous renseigner au 02 99 66 65 65 ou maisondulivre@rennesmetropole.fr

livre becherel

Saint-Malo. Breizh Vanlife Festival revient en juin 2024 !

Breizh Vanlife festival 2024

Pour sa troisième édition, le Breizh Vanlife Festival revient à Saint-Malo du 7 au 9 juin 2024. L’événement organisé par la Pirate Family rassemble chaque année des passionnés de voyage en véhicule aménagé sur le très beau site du camping de la Cité d’Aleth en bord de mer. Au programme : rencontres autour du voyage, animations, concerts de musiques du monde, marché nomade, village pro, et bonne humeur. L’esprit vanlife en bord de mer.

Deux possibilités pour participer au Breizh Vanlife Festival 2024 organisé par la Pirate Family :

  • En campant sur place tout le week-end et en réservant un emplacement pour 2 nuits minimum du 7 au 9 juin. COMPLET
  • En venant comme visiteur à la journée, ce qui ne permet pas de camper sur place, mais permettra de passer la journée au festival afin de découvrir les exposants du village pro (loueurs/vendeurs de vans/fourgons/teardrops, accessoires …) ; le marché nomade ; les conférences avec des voyageurs ; et les concerts/dj sets. (accès sur libre donation pour ces derniers). 

Le programme :

CAMINHO DO SOL

Caminho do Sol
Caminho do Sol

Le quartet ouvrira les festivités le vendredi 7 juin 2024 au Point Zéro ! Le groupe rend hommage aux artistes brésiliens dont le métissage musical est de rigueur. Un mélange funky qui mènera les spectateurs tout droit vers un univers ensoleillé et dansant.

SIMEON LENOIR (live)

Siméon Lenoir
Siméon Lenoir

Électron libre et globe-trotter multi-instrumentiste, malouin de cœur, Siméon Lenoir fera escale au Point Zéro pour un concert surprise dont il a le secret. Ce voyageur passionné a beaucoup baroudé en Afrique, Asie, et Amérique Latine et a tissé un large spectre d’influences musicales diverses afin de proposer au public un vrai voyage sonore. Généreux et surprenant, à découvrir au Breizh Vanlife Festival le samedi 8 juin 2024 après-midi.

BRIXI ELYSSE (dj set) 

Elysse
Elysse

Fer de lance des soirées nantaises Roller Disco, GroOoves, et Cityzen Fest, Brixi Elysse est à l’aise sur tous les terrains musicaux : hip hop, funk, disco et house music aux sonorités du monde. Il sera présent le samedi 8 juin 2024 pour les inter-concerts et le dimanche 9 juin 2024 pour le warm-up de Guts. Véritable technicien des platines, il ne manquera pas de partager une autre de ses passions : le scratch !

CUMBIA OUI OUI (live) 

Cumbia oui oui
Cumbia oui oui

Duo franco-mexicain de cumbia pop électro, il semblerait qu’Abba et Daft Punk forment un groupe de cumbia ! À retrouver au Point Zéro le samedi 8 juin 2024 en soirée.

GUTS (dj set) 

Guts DJ set
Guts DJ set

Auteur du tube hip-hop « Simple et funky », avec Alliance Ethnik en 1995, puis de six albums solo, Guts, DJ et producteur, est aussi un digger inspiré. Il réunit ainsi des pépites de sons glanées de l’Afrique aux Caraïbes dans des compilations mi-soul mi-funk et parcourt le monde pour distiller ses bonnes vibes musicales. Il sera aux platines du Point Zéro pour finir le week-end en beauté le dimanche 9 juin 2024.

Tous les autres concerts et dj sets seront annoncés ces prochaines semaines/mois. Ils commenceront le vendredi soir et se termineront le dimanche après-midi. Musiques du Monde et électro au programme. Accès sur libre donation.

Breizh Vanlife festival 2024

Samedi 8 juin 2024 :

10h-18h : Marché Nomade

10h-18h : Village pro (une vingtaine d’exposants seront annoncés bientôt: loueurs et vendeurs de vans aménagés, accessoires, équipement, teardrops, tentes de toit, etc).

Les conférences seront annoncées prochainement et seront en accès libre à tous. Visiteurs à la journée bienvenus. 

Dimanche 9 juin 2024 :

10h-18h : Marché des créateurs
10h-18h : Village pro

Les conférences sont en accès libre à tous. Participants et visiteurs à la journée bienvenus. 

18h maximum : Départ des campeurs avec leur van (séjour 2 nuits). Les autres peuvent rester autant qu’ils veulent selon leur réservation.

Breizh Vanlife Festival du 7 au 9 juin 2024

Billetterie

La Pirate Family / Breizh Vanlife Festival

Rennes. Mes ami.es m’appellent Daniel, un récit de partage au Triangle  

Daniel Nayebi Mes ami.es m'appellent Daniel
Mes ami.es m'appellent Daniel de Cédric Cherdel avec Daniel Nayebi, association Uncanny.

Par le biais de la danse, du chant et du jeu, Daniel Nayebi partage au plateau la culture afghane. Dans Mes ami.es m’appellent Daniel, l’interprète nous livre ses humeurs et envies présentes. Ce récit autobiographique conçu par le chorégraphe Cédric Cherdel se jouera au Triangle le vendredi 29 mars 2024, à Rennes. Rencontre avec les deux artistes. 

Cédric Cherdel et Daniel Nayebi ont emprunté bien des routes avant de se rencontrer et de créer ensemble le spectacle Mes ami.es m’appellent Daniel, programmé au Triangle ce vendredi 29 mars 2024 à Rennes. « Ce ne sont que des chemins détournés », raisonne Cédric Cherdel en évoquant son parcours. Au cours de ses études, l’artiste a sillonné le théâtre, la danse, le cinéma, le cirque, la photographie et les arts plastiques. « Je pense que la question du corps a toujours été présente. Ça a toujours été une espèce de fil souterrain », souligne Cédric. Marqué par le cinéma burlesque de Chaplin et Keaton, mais aussi par les questions de rythme que soulève le travail de Maguy Marin et celui de Meredith Monk pour la voix, le chorégraphe se laisse porter par sa curiosité et ses interrogations présentes.

Daniel Nayebi, quant à lui, a grandi en Afghanistan, entouré de sa famille. L’interprète, s’il n’a pas de formation professionnelle, a toujours pratiqué la danse afghane, « que l’on faisait en famille, lors de fêtes, de mariages… », précise-t-il. En 2015, Daniel décide de quitter son pays natal pour fuir la pauvreté, la violence, les bombardements et le manque de libertés. Il s’installe d’abord en Suède jusqu’en 2019 puis, suite au refus de sa demande d’asile, arrive en France. À la suite de rencontres, il décide de venir vivre à Rennes. L’artiste est particulièrement sensible au cinéma et au travail de comédien : « Ça m’intéresse de raconter des histoires et d’incarner plusieurs personnages. Peut-être que, dans la vie, on ne sait pas ce que c’est que d’incarner d’autres personnages », s’interroge-t-il. La danse est également une source d’inspiration pour Daniel Nayebi. En 2022, lors de sa participation au festival À Corps à Poitiers, il découvre le travail de (LA)HORDE avec Room with a view : « Je suis quelqu’un qui, dès qu’il voit un truc, ça lui inspire des mouvements, des choses qu’on ne remarque pas toujours », sourit Daniel. 

Cédric Cherdel
Daniel Nayebi
Cédric Cherdel et Daniel Nayebi

En 2013, Cédric Cherdel crée l’association Uncanny, basée à Nantes, avec laquelle il monte ses créations et collabore avec différentes structures autour d’ateliers : « Je défends le fait qu’il n’y a pas d’action culturelle et que tout est création. Les créations se font avec tout type de public », insiste le chorégraphe.

« L’idée est de travailler sur la rencontre, comment se rencontre-t-on, que fait-on ensemble ? »

Cédric Cherdel

En 2019, Cédric est invité à faire une création pour le projet Déplaces porté par l’association Danse à tous les étages. Une à deux fois par semaine, l’artiste travaille avec un groupe de mineurs isolés : « Daniel est arrivé au milieu, parmi d’autres qui entraient et sortaient du projet. Il est resté jusqu’à la fin », se souvient-il. Avec Zobaïr Noori, un autre participant, Daniel propose à Cédric de poursuivre leur travail ensemble : « Cette rencontre-là était pour moi très particulière. C’est celle-là qui m’a emmené loin dans les projets de danse », raconte le comédien. Cette première expérience les mène à créer tous les trois le spectacle Daniel et Zobaïr en 2021, en lien avec une lecture de Cédric Cherdel du texte de Simone Weil L’Enracinement – Prélude à une déclaration des devoirs en l’être humain. Le spectacle tourne alors pendant trois ans et donne lieu à la réalisation d’un court-métrage pendant la période du Covid : L’Enracinement.

« Ça m’intéressait de faire une pièce avec des personnes qui sont expatriées, pour réfléchir à la manière dont on se construit à partir de là où on est. »

Cédric Cherdel. 

Mes ami.es m’appellent Daniel est une réécriture de cette première pièce dans un seul en scène où Daniel Nayebi sera accompagné du musicien afghan Abdullah Rezai pour la représentation du 29 mars 2024 au Triangle. Entre autoportrait chorégraphique et témoignage, l’interprète partage « ce qui se passe en ce moment et pas ce qu’il s’est passé ces dernières années », explique-t-il. Daniel fait le récit de ses questionnements et réflexions par le biais du jeu, de la danse et de la musique. Au cours des représentations et des résidences de travail, la forme du spectacle évolue, altérée par le présent : le texte, la musique et la danse peuvent varier en fonction de ce qui évolue dans sa propre vie. 

 « L’idée était aussi de montrer la culture afghane. Pour les gens qui ne la connaissent pas forcément, je voulais le montrer par la danse, la musique, le chant. »

Daniel Nayebi

Dès les prémisses de la création, les artistes ont décidé de ne pas faire de l’immigration un des sujets du spectacle : « Ça a été une des clauses fixée dès le début par Daniel et Zoobaïr », affirme Cédric Cherdel. Mes ami.es m’appellent Daniel s’est construit autour d’une écriture en direct : en partant d’une question du chorégraphe, pour lancer la parole, Daniel développait un texte qu’ils affinaient ensuite. « On le joue de façon rythmique, en essayant de ne pas être dans un one man show. Ce sont des débits de paroles très différents, très choisis, beaucoup plus lents et dans une adresse à la fois très simple et essentielle », relate Cédric. Dans cette recherche de simplicité du langage, sans sur-jeu ni édulcoration de la parole, le chorégraphe aiguille Daniel sur la qualité de ses mouvements en partant des propositions que lui fait l’interprète, tel un dialogue. 

Daniel Nayebi
Daniel Nayebi

En lien avec le spectacle Mes ami.es m’appellent Daniel, les artistes, en collaboration avec le Triangle, proposent un espace de rencontre autour de la culture afghane : des ateliers, notamment de danse afghane animé par Daniel Nayebi, mais aussi une exposition réalisée en 2019 par François Lepage dans le cadre du projet Déplaces de Danse à tous les étages, Traces Inouïes, visible jusqu’au 10 avril 2024 au Triangle. Un repas afghan préparé par l’association Au P’tit Blosneur est également prévu le soir de la représentation (sur réservation). 

Au mois de mai 2024, Mes ami.es m’appellent Daniel poursuivra son chemin au festival Tanzpol à Berlin. Cédric Cherdel présentera également sa prochaine création, Safari, le 12 avril 2024 au Cargo à Segré-en-Anjou-Bleu, dans le cadre du temps fort « Soyez temps danse » : « C’est un projet plateau avec cinq interprètes, une sorte d’ethnographie fictionnelle qui évoque la question de notre relation à la nature et au sauvage », éclaircit le chorégraphe. 

Enfin, Daniel Nayebi partage son temps avec son travail dans la restauration et nourrit son envie « de faire plus de projets artistiques et cinématographiques », raconte-t-il. 

Mes ami.es m’appellent Daniel de Cédric Cherdel, avec Daniel Nayebi, le vendredi 29 mars 2024 au Triangle

Boulevard de Yougoslavie, 35200 Rennes

À 21h / Durée : 45 min

9€ tarif unique / 4€ SORTIR ! / 2€ SORTIR ! enfant / 6€ > adhérent·es du CPB

Billetterie

Repas afghan par l’association Au P’tit Blosneur à 19h30 sur réservation (7 ou 12€)

Vernissage de l’exposition Traces Inouïes et rencontre avec François Lepage le vendredi 29 mars 2024 à 19h

Binic-Etables-sur-Mer. L’Éco-Mallette aide la population à réduire ses consommations d’eau et d’électricité

éco-Mallette

La commune de Binic-Etables-sur-Mer dans les Côtes d’Armor s’est lancée dans une stratégie de transition écologique. Sa dernière innovation est une écoMallette destinée gratuitement à ses administrés. Elle contient plusieurs outils permettant aux habitants de contrôler et de réduire leurs consommations d’eau et d’électricité. L’éco Mallette aide à développer les éco-gestes pour toutes celles et ceux qui l’adoptent.

Paul Chauvin, le maire de Binic-Etables-sur-Mer, et son équipe municipale ont fait des transitions le fil conducteur de leur mandature depuis 2020. La municipalité s’est donné en juillet 2023 un objectif de quatre années pour agir en faveur de l’environnement en agissant par une cinquantaine d’actions concrètes, grandes ou petites. Elles devront être mises en œuvre d’ici 2027 sur la commune de 7 200 habitants, de manière à réduire son impact et à engager des pratiques plus vertueuses. Il a été alors nécessaire dans un premier temps de comprendre les freins aux changements de pratiques grâce à un questionnaire diffusé fin 2023. Puis plusieurs activités ont été proposées, par exemple : un chantier participatif d’entretien d’un cours d’eau, un atelier furoshiki pour apprendre à emballer ses cadeaux sans emballage jetable, etc.

éco-Mallette
Le maire Paul Chauvin et la coordinatrice Mathilde Legrand

Les enfants de la commune sont sollicités également pour appliquer les gestes écologiques : pendant les vacances scolaires, ils créent de belles œuvres écoresponsables. Ils ont notamment participé à la construction d’une cabane pour les jeux de cour et d’un tipi en palettes avec l’association On n’est pas des cageots.

En janvier dernier, un atelier Zones d’Accélération des Energies Renouvelables d’une durée de deux heures s’est déroulé entre les élus et les habitants de la Commission Extra-Municipale. L’atelier portait sur le déploiement des énergies renouvelables sur le territoire et sur la planification des énergies renouvelables à l’échelle de la commune

*Un document intitulé Diagnostic de développement durable est disponible à la consultation sur le site de la Ville dans le volet projets communaux à volet participatif.

Eco-Mallette

Après « Ma petite boîte verte » qui a permis de lancer un diagnostic environnemental dans la commune, la municipalité de Binic-Etables-sur-Mer prête à chaque habitant qui en fait la demande une éco-mallette pour une durée de trois semaines. Une entreprise de bricolage locale a réalisé la commande et un habitant bénévole a décoré la valise. D’une valeur de 700 euros, l’éco Mallette contient plusieurs outils permettant aux habitants de mesurer et de réduire leurs consommations d’eau et d’électricité, au vu de l’augmentation des prix sur ces secteurs. La mallette est accompagnée d’un petit guide ludique qui accompagne les bénéficiaires dans son usage. Le manuel propose également un accompagnement au changement de pratiques : un état des lieux initial avec mesure des consommations ; des préconisations et une mise en œuvre d’actions pour réduire ses consommations ;  un état des lieux pour évaluer l’impact des éco-gestes.

La mallette contient : un capteur de la qualité de l’air avec son chargeur ; un thermomètre ; un assistant d’économie d’énergie avec son boitier, son capteur et son câble Ethernet ; un wattmètre ; six  ampoules à diode électroluminescente (LED) ; un bloc multiprise avec un interrupteur ; un bol débitmètre ; un sac débitmètre ; un  compteur d’eau connecté ; un pommeau de douche digital ; trois aérateurs/mousseurs avec leur clé d’installation ; une ventouse de trois sabliers et un éco chasse d’eau.

Eco-Mallette

L’Éco-Mallette a été mise en service à l’été 2023. Certains objets sont plus utilisés que d’autres car certains appareils permettent de sensibiliser parents et enfants au gaspillage d’électricité et d’eau : le pommeau de douche intelligent, par exemple, où plus le volume d’eau consommé augmente plus l’ours polaire affiché sur l’outil voit sa banquise fondre, rencontre un vrai succès !

La municipalité réfléchit donc comment investir dans d’autres outils pour étoffer le contenu de l’éco Mallette.

INFOS PRATIQUES

Mairie de Binic-Etables-sur-Mer – 1, place Jean Heurtel à Binic-Etables-sur-Mer (22)

Site de la commune

Contact pour toute question relative à l’éco Mallette : par e-mail à transitions@besurmer.fr ou au 02 96 73 39 96.

La convention de prêt est à signer le jour de l’emprunt auprès de la mairie

Rennes. Gabrielle Goliath donne la parole à des femmes victimes de viols au Frac Bretagne

gabrielle goliath

En cette fin de mois international des droits des femmes, Unidivers vous présente l’installation sonore This song is for… vol. 1 de l’artiste pluridisciplinaire sud-africaine Gabrielle Goliath, œuvre acquise par le Frac Bretagne et visible entre ses murs jusqu’au 19 mai 2024. Dans cette installation sonore immersive et interactive, six femmes qui ont subi un viol parlent de leur expérience de guérison. L’article qui suit, ainsi que l’œuvre, implique un contenu sensible.

Une fois les marches du Frac Bretagne qui mènent aux salles d’exposition gravies, direction la plus petite. Le public est invité à entrer par la gauche. À l’intérieur, les murs ont été peints en violet et trônent six lecteurs vinyles qui attendent d’être mis en marche. Aux côtés des machines, six textes au mur dont l’en-tête est identique : « This Song is for… ». Des poufs gris clair posés çà et là invitent le public à s’installer. Le Frac Bretagne présente jusqu’au 19 mai 2024 une œuvre de sa collection acquise en 2022 : This song is for… vol 1 de Gabrielle Goliath. Cet ensemble est une déclinaison de l’installation vidéo et sonore de l’artiste intitulée This song is for… (2019) pour laquelle elle a obtenu le prix Standard Bank Young Artist.

gabrielle goliath

Violet. La couleur choisie met la puce à l’oreille quant au sujet traité entre ces murs. Couleur spirituelle et mystérieuse, elle est aussi depuis les années 70 la couleur traditionnelle des luttes féministes, mais son utilisation remonte bien avant, au XIXe siècle. Les suffragettes, militantes du Women’s Social and Political Union, s’éloignent des couleurs pastels et douces attribuées aux femmes par défaut et choisissent cette couleur par provocation. Lors des premiers mouvements de femmes qui réclamaient le droit de vote, au début du même siècle, il était déjà présent en Angleterre et aux États-Unis. Des rubans violets étaient épinglés à leurs vêtements. Le violet est aussi la couleur de l’égalité puisqu’il est le mélange du rose bonbon et du bleu. Soit. La thématique s’éclaircit dans notre esprit, mais pour qui est cette chanson ?

Dans son installation, Gabrielle Goliath détourne et revisite la forme populaire de la chanson de dédicace, en collaboration avec un groupe de femmes ayant survécu à un viol et des ensembles musicaux dirigés par des personnes queer. L’installation The Song is for… vol 1 est composée de six textes écrits par des femmes ayant survécu à des viols et six musiques diffusées sur des platines vinyles. Récit, lettre ou poème, les formes varient, chacune des six femmes dévoile dans un texte personnel leur expérience de guérison. Chaque témoignage est accompagné d’une chanson qui a été réinterprétée sous la forme d’une reprise par l’ensemble musical.

gabrielle goliath

Start. Le lecteur vinyle se met en marche, le disque se met à tourner. La lecture commence au rythme du morceau. Le lecteur lit, l’auditeur écoute. La musique se fait accompagnatrice de l’expérience. Ces chansons ont une signification particulière pour les survivantes, elles les transportent dans un temps et un lieu précis, évoquant un monde sensoriel de souvenirs et de sentiments. À un moment, le disque s’enraye, les notes butent et se répètent. Cette rupture sonore reflète la rupture mentale vécue par les six victimes. Cette perturbation, c’est l’incapacité à aller de l’avant, hantée et bloquée par les souvenirs traumatiques. Comme une métaphore, elle représente les survivantes qui tentent de reprendre leur vie marquée à jamais. Par cette interruption anormale, le public est projeté dans l’esprit des survivantes et dans leur mal-être, mais il ne peut en effleurer que les contours. L’ensemble prend aux tripes et bouleverse « Les gens ne comprennent pas le traumatisme causé par un viol ». L’une d’entre elles compare la blessure à une tache qui s’affiche quotidiennement, qu’on a beau gratter, elle refuse de disparaître. « Certain.es me disent que ça fait cinq ans, que je devrais passer à autre chose !  »  

La pratique artistique de Gabrielle Goliath s’inscrit dans des contextes marqués par les traces et les traumatismes du colonialisme et de l’apartheid. The song is for… reflète sa sensibilité et son engagement pour la situation des femmes, des personnes queer ou vulnérables, particulièrement bafouées dans son pays (Afrique du Sud) où la violence est omniprésente. Selon les chiffres officiels sur la criminalité publiés en novembre 2022, toutes les formes de violences fondées sur le genre ont augmenté par rapport à la même période de 2021. Les féminicides ont connu une hausse de 10,3 % : rien qu’entre juillet et septembre, 989 femmes ont été tuées. Le nombre d’infractions sexuelles a augmenté de 11 %, et celui des viols de 10,8 %. (source)

gabrielle goliath

« À mon violeur ». Sous forme de lettre, la victime s’adresse directement à son bourreau. L’anxiété, le doute, la culpabilité, l’horreur, la dépression et la peur se lisent entre les lignes de tous les textes, mais aussi la foi, la force, l’espoir et le courage de ces femmes qui se sont relevées. Jusqu’à parvenir à la guérison. « Je veux que tu saches que tu ne m’as pas brisé, que je suis toujours debout. » ; « Il faut se battre pour la vie. » ; « Aux femmes : arrosez vos jardins et fertilisez cette blessure incurable avec votre amour-propre. »

This Song is for… vol 1 de Gabrielle Goliath est une œuvre magistrale et poignante d’intérêt général que le Frac Bretagne peut être fier de présenter entre ses murs. Ces chansons sont pour toutes les femmes qui ont besoin de les entendre.

Jusqu’au 19 mai 2024, This Song is for… vol 1 de Gabrielle Goliath, au Frac Bretagne

19 avenue André Mussat, Rennes 35011.

Mardi – dimanche, 12:00 – 19:00 / fermé le lundi, 25.12, 01.01, 01.05

Rennes. L’écoconception dans les expos, l’exemple du musée de Bretagne

mourir quelle histoire musee bretagne

Le Musée de Bretagne a ouvert sa nouvelle exposition Mourir, Quelle histoire !, visible jusqu’au 22 septembre 2024 (voir article dédié). Conçue par l’abbaye de Daoulas dans le Finistère et le musée de Bretagne, elle a la particularité de posséder une scénographie totalement modulable et réutilisable. Ce nouveau dispositif révèle la volonté de l’institution de réduire l’empreinte environnementale de ses expositions. Unidivers a interrogé Sylvia Linard, chargée de projets au musée.

Diminuer leur empreinte carbone est une préoccupation croissante des musées en quête d’écoconception et d’écoresponsabilité. Dans la capitale bretonne, au musée de Bretagne au même titre que les autres structures muséales, cette réflexion s’inscrit dans la volonté de la Ville de Rennes, et des Champs Libres, de se diriger vers une politique culturelle écoresponsable. Comme nous l’apprenait l’adjoint à la Culture Benoît Careil en novembre 2023, les structures muséales ont notamment été invitées à ralentir leur programmation culturelle. Elles ont ainsi renoncé à leurs trois expositions annuelles pour n’en proposer plus que deux, plus longues. Les directives de la ville de Rennes impliquent également une production des expositions dans une logique d’éco-conception, c’est-à-dire dont la scénographie est conçue à partir de structures modulables et réutilisables.

mourir quelle histoire musee bretagne
Sylvia Linard, chargée de projets au musée de Bretagne

Dans l’exposition Mourir, Quelle Histoire !, l’ensemble scénographique sera réemployé dans la prochaine exposition du musée de Bretagne, dont la thématique sera le carnaval, « mettant ainsi le musée à la pointe de l’écoconception des expositions en France », comme le souligne Corinne Poullain, directrice des Champs Libres, lors de la visite presse. Pour ce faire, l’abbaye de Daoulas et le musée de Bretagne ont fait appel à l’agence Cros&Patras. « La scénographie a été utilisée dans les deux lieux. Le principe scénographique modulable et réutilisable a été totalement démonté et remonté au musée de Bretagne », déclare Sylvia Linard, chargée de projets au musée. Les structures sont assez légères dans une recherche d’économie de matériaux. Certains éléments visibles à Daoulas n’ont pas été utilisés au musée, ce dernier effectue parallèlement des recherches afin de voir de quelle manière ils peuvent être repris, recyclés et remis dans un circuit de ressourcerie.

La scénographie est accompagnée de cimaises et des modules pérennes réutilisés dans toutes les propositions du musée. « La structure même de la cimaise est permanente, elle est seulement remise en état. On y ajoute un film et on la peint. » 

mourir quelle histoire musee bretagne

Prévue pour février 2025, la scénographie de la future exposition sera travaillée avec la même agence. Elle ne sera pas présentée de la même manière, mais les éléments scénographiques seront repris. « Dans le cahier des charges établi était spécifiée la réutilisation de la quasi-totalité des éléments », précise Sylvia Linard. Tout ce qui est structurel sera ainsi issu de ce projet. Seront ainsi réemployés : les châssis bois des structures légères, les grandes vitrines créées pour Mourir, Quelle Histoire !, des podiums en début d’exposition, etc. Les châssis seront déshabillés de leur papier recouvrant afin de révéler la matière brute et se pareront de couleurs pour une esthétique en accord avec la thématique. Les seuls éléments différents seront la mise en place de mises à distance quand le podium ne possède pas de vitrine. 

La problématique d’écoconception s’inscrit aujourd’hui dans les marchés publics relatifs à la scénographie. Avoir une démarche écoresponsable et proposer des solutions qui permettent l’écoconception et la réutilisation font ainsi partie des critères de sélection et des impératifs. Cet élément est fortement noté au musée de Bretagne et joue dans la sélection de l’entreprise. « Les scénographes ont le listing du mobilier existant et ont l’obligation, s’ils n’utilisent pas l’existant, de nous démontrer que les vitrines ne conviennent pas. »

Dans cette recherche d’une éco-responsabilité dans ses expositions, le musée de Bretagne reconnaît que le budget alloué peut potentiellement être plus important. La chargée de projets explique : « Si on veut réemployer des éléments, il faut que le démontage se fasse de la meilleure façon possible pour que les structures, en matière légère, restent en bon état. C’est ce qu’on appelle le démontage propre. » À la fermeture de l’exposition, tout le matériel scénographique rejoindra l’inventaire du mobilier du musée pour qu’on leur offre, au fur et à mesure des besoins des futures expositions, plusieurs vies.

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Vues & Entrevues. La sélection de mars 2024

Chaque mois, Unidivers vous dévoile une sélection de sorties et d’événements qui marquent l’actualité musicale des semaines passées et celles à venir. Au programme : un ou deux albums ou EPs, un livre et un concert. Sélection que Pierre Kergus présente dans les lignes qui suivent.

Certains d’entre nous le disent souvent, les mois se suivent et ne se ressemblent pas. À cet égard, l’actualité musicale offre semaine après semaine des raisons de se réjouir, tant elle regorge de propositions musicales venues d’horizons plus divers que jamais. Côté sorties internationales, on assistait ainsi au retour inattendu de Gossip en fin de semaine dernière, alors que se profile celui de Mark Knopfler le 12 avril prochain, après 6 ans d’absence discographique. Dans ce même espace temps, les plus jeunes carrières et les artistes émergents ne sont pas non plus en reste : dans le Grand Ouest, on a noté entre autres la sortie récente de Don’t Be Boring, le premier opus des Dynamite Shakers dévoilé le 22 mars dernier.

Parallèlement à ces sorties remarquées, il en est d’autres qui retiennent l’attention, y compris du côté des livres et des concerts qui se préparent dans nos contrées. Une petite sélection vous est ainsi présentée à travrers les articles ci-dessous…

Articles à découvrir :

Lisa Ducasse en concert à la Bouche D’Air de Nantes

lisa ducasse, concert nantes
Photo: Hippolyte.

En peu de temps, Lisa Ducasse est devenue l’une des voix émergentes les plus prometteuses de la scène musicale française. Originaire de l’Île Maurice, la poétesse et autrice-compositrice-interprète explore un style poétique séduisant, dont l’écriture sensible et imagée prend sa source dans ses voyages et les rencontres qui jalonnent sa route. En amont de la sortie de son premier album, espérée pour l’automne prochain, elle sera en concert demain jeudi 28 mars 2024 à la Bouche D’Air de Nantes.

Très tôt, Lisa Ducasse a développé un goût plus que prononcé pour la poésie et la musicalité des mots. Née en 1997 à l’Île Maurice, elle est la fille du poète Michel Ducasse et de l’écrivaine Shenaz Patel. C’est donc tout naturellement que la lecture et l’écriture font partie de son quotidien dès son enfance, étant inspirée autant par les livres de la bibliothèque familiale que les oeuvres d’artistes et musiciens comme Jacques Brel, Barbara, Alain Bashung ou encore Leonard Cohen. Un creuset d’influences qui fait naître en elle une passion tout d’abord littéraire, qui l’incite dans un premier temps à se lancer dans la création de nouvelles, puis de textes poétiques.

Peu à peu, cette vocation artistique évolue et prend d’autre contours dès 2015, année où elle s’installe à Paris afin d’y suivre des études d’anglais et de traduction. Très vite, elle se rapproche d’une communauté d’auteurs qui l’initient à leurs scènes ouvertes de spoken word. C’est dans ce cadre qu’elle fait également la connaissance de plusieurs musiciens, avec lesquels elle collabore sur des textes dits, qui évoluent peu à peu vers des chansons « à textes ». Une démarche qui fait progressivement germer chez elle une nouvelle perspective, qu’elle place en contrepoint de sa vocation de poétesse. Après avoir publié en 2017 un premier recueil de poésies intitulé Midnight Sunburn, elle inaugure dans la foulée sa carrière musicale : l’année suivante, elle enregistre et publie un premier EP de chansons originales intitulé Louvoie, épaulée de Johan Guidou aux arrangements, Matthieu Lesenechal à l’instrumentation et Guilhem Valayé aux choeurs.

Forte de cette première sortie, la jeune femme quitte la capitale pour un voyage de plusieurs mois en Amérique latine, dont les rencontres et les sensations l’inspirent pour créer plusieurs nouvelles compositions. A son retour en France, les évènements s’accélèrent et le projet artistique de Lisa Ducasse se précise : le 15 novembre 2019, sa participation remarquée au concours RIFFX l’amène à assurer la première partie de Zazie à l’Olympia. Un tremplin inespéré qui renforce encore davantage l’attention des médias spécialisés et des professionnels du secteur artistique. C’est ainsi qu’en 2020, elle se retrouve à composer plusieurs chansons pour la bande originale du moyen métrage Sous un ciel, deux chênes (2022) de Christophe Fressard. Pendant les années qui suivent, elle enchaîne les concerts et foule les scènes de plusieurs salles notables, notamment La Seine Musicale, Le Point Ephémère et Les Trois Baudets. Dans le même temps, elle est est également lauréate de plusieurs programmes dédiés à l’émergence, comme la sélection du Chantier des Francofolies de la Rochelle en 2022, ou celle du FAIR en 2023.

lisa ducasse, concert nantes
Photo: Emma Hakimi.

Il y a peu, Lisa Ducasse finalisait la création de son premier album réalisé en compagnie du compositeur et arrangeur Guillaume Poncelet, connu entre autres pour son travail avec Gaël Faye et Ben Mazué. Un opus attendu, qu’elle viendra défendre sur la scène de la Bouche d’Air de Nantes demain jeudi 28 mars 2024.

En avant-goût de ce nouveau passage de l’artiste dans l’Ouest, nous vous partageons ici le clip du sublime « Qui sont », que Lisa Ducasse a révélé au grand public en mars 2022. Sous un clip très cinématique et aquatique tourné par Christophe Fressard, elle y narre le récit poétique et sensible d’une histoire d’amour entre deux êtres, réunis par une vulnérabilité commune. Des mots que l’artiste fait résonner de sa belle voix claire et épurée, alternant entre le spoken word et un chant mélodieux porteur d’une douceur infinie. L’ensemble est ainsi soutenu par un accompagnement instrumental minimaliste et aérien, articulé autour de délicats arpèges de piano, au gré desquels le temps semble presque suspendre son vol.

Lisa Ducasse sera en concert demain jeudi 28 mars 2024 à la Bouche D’Air de Nantes (44).

Lien vers la billetterie : ICI

Marc Dufaud décrypte le monde fabuleux de Kurt Cobain

marc dufaud, le monde fabuleux de kurt cobain
Marc Dufaud. Photo: Julie Glassberg.

Depuis plus de 30 ans, Marc Dufaud suit un parcours des plus singuliers. Passionné par l’univers underground et les « perdants magnifiques » de la culture populaire, il s’illustre non seulement comme réalisateur de films et documentaires, mais également en tant qu’auteur de romans, d’essais et de biographies rendant hommage à ces mêmes figures. Trois ans après un second ouvrage autour d’Elvis Presley, il s’apprête à dévoiler Le monde fabuleux de Kurt Cobain, à paraître ce jeudi 28 mars 2024 aux éditions Le Boulon.

Depuis longtemps, Marc Dufaud éprouve une fascination pour les destins et les personnalités dites « en marge ». Né en 1966, il passe ses premières années à Paris avant d’être « exilé » en province. A cette période, il développe une personnalité atypique qui trouve un premier exutoire lorsqu’il découvre le rock avec Elvis Presley, qu’il considère quasiment comme le « sauveur » de son enfance. Par la suite, il réalise de nombreux voyages, convoyant notamment des voitures en Afrique pendant quelques années pour payer ses études. Puis après avoir obtenu une licence en philosophie, il s’inscrit en faculté de cinéma à l’université Paris 8, réalisant ses premiers films et des courts métrage de fiction. C’est à cette même période qu’il fait la connaissance décisive de l’artiste Daniel Darc, qui deviendra un proche et avec lequel il tournera tout d’abord Le garçon sauvage en 1993, suivi du court-métrage Les enfants de la Blank l’année suivante.

À cette époque, il écrit dans la presse underground avant de tout laisser tomber à la fin des années 90. Dans la foulée, il monte en 1998 le groupe rock Luze en compagnie du guitariste et ingénieur du son Pascal Bricard. Peu après, débute sa nouvelle carrière d’écrivain lorsqu’il travaille sur l’ancien manuscrit de son premier roman Les peaux transparentes, qui paraît en 2003 aux éditions Trouble Fête. Remarqué par Philippe Manoeuvre, ce dernier l’invite à contribuer brièvement au magazine Rock & Folk, ainsi qu’à son hors-série Rebelles Du Rock consacré à Elvis Presley.

marc dufaud, le monde fabuleux de kurt cobain
Marc Dufaud. Photo: source Facebook.

Officiant un temps comme rédacteur en chef de plusieurs magazines et hors-séries pour le groupe DF Presse, il écrit également une dizaine d’ouvrages de fiction, essais et biographies en tous genres, pour diverses maisons d’éditions. Nombre d’entre eux sont centrés autour de répertoires musicaux divers, principalement orientés vers le rock et ses héros les plus emblématiques. On lui doit notamment un ouvrage consacré aux musiques antillaises, ainsi que deux livres sur Bruce Springsteen et deux autres autour d’Elvis Presley, dont le second Elvis Presley – Bigger Than Life paru en 2021 aux éditions Rock & Folk.

Aujourd’hui, il revient avec Le monde fabuleux de Kurt Cobain, dont la sortie est attendue demain jeudi 28 mars 2024 aux éditions Le Boulon.

marc dufaud, le monde fabuleux de kurt cobain
Visuel: Lisa Chetteau.

Comme l’annonce son avant-propos inspiré, cet ouvrage se présente comme conçu en contre-pied des biographies habituelles réalisées sur l’iconique leader de Nirvana. De fait, plutôt que d’analyser les racines de la personnalité et du mal-être de Kurt Cobain, Marc Dufaud s’attache à en décrypter les résultantes, la manière avec laquelle ce décalage a modelé son univers et lui a conféré toute sa superbe. Un monde que d’aucuns décriraient comme « détraqué » et qui, pourtant, a résonné pour une grande partie de la jeunesse des années 90, qui voyait notamment en Nirvana la caisse de résonance de son inadaptation aux valeurs d’une société excluante et déconnectée de ses aspirations.

marc dufaud, le monde fabuleux de kurt cobain
Kurt Kobain Photo : Jeff Kravitz.

On le découvre assez vite, le propos de ce livre n’est pas tant de traiter de Kurt Cobain lui-même, ou de l’héritage de Nirvana, que de présenter la multiplicité des sources d’inspirations et formations qui ont gravité autour d’eux. Avant d’être sacré porte-étendard du grunge et de la « génération X », l’enfant d’Aberdeen a effectivement œuvré comme un véritable passeur, ne cessant de mettre en lumière les artistes et groupes qu’il admirait, issus pour beaucoup des diverses scènes du rock alternatif américain. Parmi ces formations, on compte en outre des acteurs du punk hardcore comme les Meat Puppets et The Jesus Lizard, ou encore le groupe Mudhoney, lui-même désigné parmi les pionniers de la scène grunge de Seattle auquel Nirvana fut associé.

Dans le même temps, la démarche de Marc Dufaud a aussi le mérite de porter un regard nuancé sur Kurt Cobain, n’hésitant pas à souligner certaines de ses contradictions, sans pour autant verser dans un voyeurisme indécent et gratuit. En outre, l’auteur explore avec pointillisme la constellation complexe de ses influences musicales, plus hétéroclites qu’il n’y paraît : outre ses inspirations notables des Beatles et des Pixies (notamment pour l’incontournable « Smells Like Teen Spirit »), on (re)découvre également que Kurt Cobain fut à l’adolescence un fan fervent du hard rock de groupes comme Led Zeppelin et AC/DC, avant de prendre fait et cause pour le punk rock dès 1983 par l’intermédiaire de ses amis des Melvins. Au gré de digressions et allers-retours éclairants, Marc Dufaud décrit également ce parcours mouvementé en le re-contextualisant dans l’effervescence de la culture punk DIY (Do It Yourself) et ses ramifications. Cette dernière fut ainsi vectrice d’une philosophie et d’un modèle dont les valeurs circulaient à rebours de celles de l’industrie musicale « mainstream », celle-là même qui allait plus tard sacrer les membres de Nirvana « sauveurs du rock ». Un univers que viennent également représenter les illustrations de la dessinatrice Lisa Chetteau, ouvertement inscrites dans l’esthétique du fanzine issue de ce même mouvement punk.

30 ans après la fin brutale de Nirvana, il est réjouissant de constater que ce nouvel ouvrage vient contribuer à la redécouverte du legs réel que Kurt Cobain et son groupe ont laissé à leurs contemporains, ainsi qu’aux générations actuelles et futures. A la récupération commerciale dont ils continuent encore et toujours de faire l’objet, on préférera donc aisément la lecture de ce livre immersif et passionnant, qu’on prendra le temps de parcourir avec un réel enthousiasme.

Le monde fabuleux de Kurt Cobain, Marc Dufaud, Le Boulon, 252 pages, 18 euros. Sortie le 28 mars 2024.

Commander le livre:

Leslibraires.fr

Site des éditions Le Boulon

Sophye Soliveau nous enchante avec son premier album Initiation

sophye soliveau, initiation
Photo: Elodie Martial.

Il y a près de 4 ans, l’artiste Sophye Soliveau faisait son entrée en solo sur la scène musicale française. Pas à pas, la harpiste et autrice-compositrice-interprète françilienne s’est construite un univers captivant et principalement inspiré des styles populaires afro-américains, qu’elle promène désormais de scènes en scènes aux quatre coins de l’Hexagone. Elle nous présente aujourd’hui son premier album Initiation, dévoilé le 22 mars dernier sur le label Why We Sing.

Sophye Soliveau baigne dans l’amour de la musique depuis sa plus tendre enfance. Née en 1996, elle grandit en région parisienne et évolue au sein d’une famille française d’origine guadeloupéenne. Ce sont alors ses frères et sœurs aînés qui l’initient au répertoire de formations et d’artistes afro-américains phares comme Musiq Soulchild, Anthony Hamilton, les Destiny’s Child, ou encore Alicia Keys. Puis à l’âge de 8 ans, d’autres horizons s’ouvrent à elle : un beau jour, elle assiste à un concert de chant lyrique dans un centre culturel de Sceaux, performance qui la laisse bouche bée. Cette découverte est telle qu’elle résonne comme une véritable révélation, tant est si bien que sa mère l’inscrit au conservatoire pour des cours particuliers de chant.

sophye soliveau, initiation
Photo: Elodie Martial.

Deux ans plus tard, âgée de dix ans, elle rentre au conservatoire où ne pouvant débuter en chant lyrique, elle est incitée à débuter une pratique instrumentale. Ni une ni deux, elle se tourne alors vers la harpe, l’un des instruments de la collection familiale qu’elle convoitait et dont elle apprend la pratique pendant 8 années. A cette époque formatrice, elle se familiarise avec les compositeurs des musiques savantes européennes de la Renaissance au XXe siècle, de Jean-Sébastian Bach, à Camille Saint-Saëns en passant par Paul Dukas. Pourtant, elle se sent finalement enfermée dans un carcan déconnecté de ses premières amours et dans lequel elle ne se reconnaît pas. Elle décide donc de mettre en pause sa pratique musicale, retraite dont elle sortira deux ans plus tard après une période de doutes et de voyages.

Au terme de cette parenthèse, elle ressent une envie brûlante de s’affirmer comme artiste, en toute indépendance des frontières de styles. Dans les années qui suivent, elle se fait ainsi connaître comme harpiste et chanteuse dans des projets divers : elle réalise entre autres des créations musicales jeune public pour l’opération l’Heure du conte et s’illustre au sein des ensembles Kèr Zarboutan et Babaï, au sein desquels elle découvre le maloya réunionnais. Elle est également une membre active du choeur Oshun orienté gospel et plus récemment Àbájade, au sein duquel elle explore une esthétique entre jazz fusion et musiques cubaines.

Par ailleurs, elle débute un projet en solo et écrit de premières compositions, peu avant que ne survienne le premier confinement de mars 2020. Une période qu’elle met à profit en se consacrant pleinement à la création, griffonnant dans son carnet de nouvelles chansons qui s’accumulent petit à petit. Nouveau répertoire qu’elle peaufine en résidence artistique et interprète cette même année pendant une série de concerts, avec entre autres une performance à la Flèche d’or fin 2020, ou encore au New Morning de Paris le 29 mars 2022, en première partie de Sélène Saint-Aimé. Plus récemment, elle faisait une performance remarquée le 13 mars 2024 à l’auditorium des Champs Libres de Rennes, en partenariat avec le festival Dooinit.

Ces compositions sont aujourd’hui réunies au sein de son premier album Initiation, sorti le 22 mars dernier sur le label Why We Sing.

sophye soliveau, initiation
Visuel: Lilian Akoto & Hélène Bertholier.

A travers cet opus inaugural, Sophye Soliveau délivre un univers sonore riche et raffiné, au gré duquel on se laisse porter d’un morceau à l’autre. Révélant une esthétique aussi mouvante qu’aérée, il s’appuie en outre sur des instrumentations relativement minimalistes, via lesquelles le son délicat de la harpe de l’artiste dialogue entre autres avec un groove placide, forgé par les lignes mouvantes de la basse d’Eric Turpaud et les rythmiques marquées à la batterie d’Andy Berald Catelo.

Au fil des 8 morceaux qui le composent, Initiation offre une belle synthèse des diverses influences que Sophye Soliveau a assimilé depuis de nombreuses années. La songwriter y fait notamment la part belle à ses inspirations puisées dans la neo soul et le rnb contemporain, sous une vocalité au phrasé fluctuant et à l’amplitude impressionnante. Tantôt gorgée de mélismes ou plus percutante, caressante ou plus intense, sa voix se déploie également via des polyphonies grisantes, qui évoquent immédiatement celles de D’Angelo. Une souplesse qui lui permet d’explorer les nuances de sa riche palette vocale, pour mieux retranscrire la diversité de ses émotions changeantes.

sophye soliveau, initiation
Photo: Elodie Martial.

Outre l’introduction et un interlude, ce premier album présente ainsi 6 compositions par lesquelles Sophye Soliveau retranscrit et transcende ses angoisses, les joies et les peines qui ont pavé jusque là son chemin vers l’apaisement et la réalisation de soi. Parmi ces morceaux figure « Leave », sublime déclaration d’amour que l’artiste porte avec une puissance expressive des plus saisissantes. Le tout sublimé par des chœurs envoûtants et un style instrumental de ballade ternaire, qui renforcent toute son aura.

Sorti le 22 mars 2024 chez Why We Sing.

Ecouter Initiation sur les plateformes de streaming :

Deezer

Spotify

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Red Cardell revient mettre le Bordel avec son nouvel album

red cardell, bordel
Photo: Fred Lucas.

Depuis sa naissance en 1992, Red Cardell est devenu l’un des acteurs majeurs des musiques populaires de Bretagne. Emmené par l’auteur-compositeur-interprète Jean-Pierre Riou, le quatuor continue de développer sa ligne artistique originelle, qui allie brillamment musiques internationales et répertoires traditionnels de Bretagne. Trois ans après son précédent album Climatik, le quatuor est de retour avec Bordel, sa nouvelle création sortie le 8 mars 2024 sur le label Arfolk.

L’aventure Red Cardell est avant tout liée à la passion musicale de son capitaine, le multi-instrumentiste et chanteur Jean-Pierre Riou. Né en 1963 à Morlaix, ce dernier grandit auprès d’une famille dont certains membres ont partie liée aux musiques traditionnelles de Bretagne : sa grand-mère accordéoniste animait les bals du Finistère, tandis que son grand-père fut collecteur de chants en breton et français. En parallèle, le jeune garçon étoffe son éducation musicale au contact de ses grands frères jumeaux, qui l’initient aux styles du blues et du rock qu’ils affectionnent. C’est à l’âge de 9 ans qu’il fait la découverte déterminante de la musique d’Alan Stivell, via le disque live de ce dernier à l’Olympia en 1972. Un évènement fondateur qui marque le début de sa vocation artistique, dans le sillage d’une école désignée sous le terme de « rock celtique ».

Très vite, Jean-Pierre Riou apprend la flûte irlandaise puis à l’adolescence, il écrit ses premières chansons. C’est en 1980 qu’il fonde son premier groupe Les Joyeux Fusibles, dans son fief de Locquirec. Six ans plus tard, il met sur pied la formation Karroth Râpée, avant de former en 1989 le groupe Penfleps, dont le nom breton dénote d’une certaine influence de l’éclectisme des Talking Heads. C’est suite à sa scission en juillet 1992 que Jean-Pierre Riou s’associe avec l’accordéoniste Jean-Michel Moal et le batteur Ian Proërer, bientôt rejoints à la basse par Christophe Poignant. Sous cette forme, le quatuor prend ainsi le nom de Red Cardell, dont le nom signifie « fumier rouge » en « anglo breton ».

En juillet 1993, sort le premier album du nouveau groupe, intitulé Rouge. Distribué sur le label néerlandais Arcade, il est porté par le single « We’ve Got To Be Alone », qui devient rapidement sa chanson phare. Les quatre musiciens entament alors une suite de concerts aux quatre coins de la France, tournée marquée en outre par une première participation aux Vieilles Charrues en 1995 ainsi que des performances à Freiburg en Allemagne et à Genève en Suisse. En 1997, on les retrouve à l’affiche du Festival Interceltique de Lorient et au Festival de Cornouaille.

Près de 3 décennies plus tard et après plusieurs moutures, Red Cardell poursuit sa route sous la forme d’un nouveau quatuor composé de Jean-Pierre Riou, Pierre Sangra, Fred Lucas et Hibu Corbel. Pleinement inscrite dans le paysage musical breton, la formation compte désormais à son actif plus de 2000 concerts donnés en France et à l’étranger, fédérant un public toujours resté fidèle. Quant à sa discographie, elle brille de 5 albums live et 11 opus studio, auxquels s’ajoutent plusieurs collaborations et l’enregistrement de Climatik (2021), capté en live-stream et composé essentiellement de réinterprétations acoustiques de titres phares de leur répertoire. Aujourd’hui, le groupe revient avec un nouvel album de compositions originales, intitulé Bordel en sorti le 8 mars 2024 chez Arfolk.

red cardell, bordel
Visuel: Fred Lucas.

Premier album de Red Cardell sous sa nouvelle formule, ce nouvel opus offre une belle continuité avec la dynamique entamée par la formation depuis plus de 30 ans. Fidèle à sa ligne artistique ouverte sur le monde, le groupe y affine sa mosaïque de styles et de tempéraments, alliant et fusionnant savamment des sonorités et textures instrumentales acoustiques, électriques et électroniques. A cet égard, chaque morceau est teinté d’accents multiples que les Finistériens empruntent aux musiques populaires mondiales, tels que le blues rural, le reggae, le folk et les musiques électro. Un melting pot auquel ils mêlent harmonieusement des mélodies et rythmiques diverses, inspirées des répertoires musicaux traditionnels de danse bretonnes et celtiques qui leur sont chers.

Ce patchwork stylistique dégage alors une réelle richesse expressive, via un discours musical adoptant des contours tantôt contemplatifs ou d’une énergie vivifiante. Un aspect que vient souligner la voix reconnaissable de Jean-Pierre Riou, qui varie habilement les registres émotionnels avec son phrasé et son timbre caractéristiques et quasi polymorphes. Généralement vibrante, percutante et passionnée, cette même voix s’affirme aussi sur plusieurs titres de façon plus posée, profonde voire chaleureuse, résonnant parfois même à la manière d’un véritable conteur.

red cardell, bordel
Photo: Vonnic Bulteau.

Peut-être davantage que dans les créations précédentes de Red Cardell, les textes de Bordel, tous écrits par Jean-Pierre Riou, révèlent cette fois-ci une portée plus autobiographique. Sous les lignes d’une poésie introspective, souvent imagée et toujours évocatrice, ils abordent ici des expériences sensorielles et relatent des tranches de vie passées ou plus récentes de leur auteur. Tour à tour mélancoliques ou résolument joyeux, ces chansons parlent en outre et avec subtilité de notre difficulté à se situer dans un monde sans cesse changeant, dont le bruit parfois assourdissant nous pousse souvent à chercher d’autres sources d’émerveillements.

Parmi ces voies privilégiées, la rêverie s’invite par exemple pendant l’aérien « Tu m’entends », porté notamment par le jeu cristallin de la mandoline de Pierre Sangra et une lente rythmique de batterie de Hibu Corbel, proche du trip hop. Un morceau envoûtant qui met à l’honneur la puissance évocatrice et l’ivresse suscitée par l’imaginaire, nous emmenant loin de la morosité du quotidien sous des latitudes ensoleillées et quasi paradisiaques.

Sorti le 8 mars 2024 chez Arfolk.

En écoute sur les plateformes de streaming : ICI

En commande sur le site de Coop Breizh/Arfolk: ICI

Red Cardell poursuit sa tournée, qui fera plusieurs passages en Bretagne:

Le 18 mai 2024 aux Fêtes Patronales de Plougras (22)
Le 24 mai 2024 au Festival Rock à Guilli de Guilligomarc’h (29)
le 8 juin 2024 au Festival Kom 1 Rock de Commana (29)
Le 29 juin 2024 à l’Irréductible Festival de Quimper (29)
Le 30 juin 2024 au festival M’né le Barouf à Saint-Gilles-Du-Méné (22)
Le 3 août 2024 au Festival de La Moisson de Cléden-Cap-Sizun (29)
Le 10 août 2024 à la Fête Du Bruit de Landerneau (29)
Le 15 août 2024 à la Fête Champêtre de Saint Thois (29)

Baudoin et Lepage, Au pied des étoiles et au sommet de la BD

Au pied des étoiles baudoin Lepage
Au pied des étoiles de Baudoin et Lepage, éditions Futuropolis, 2024.

Quand deux auteurs majeurs de BD, Baudoin et Lepage, partent en voyage ensemble pour regarder les étoiles, cela donne une BD hors norme. Au pied des étoiles, aux éditions Futuropolis, exceptionnel et unique.

Ils sont deux, deux qui comptent dans l’histoire de la BD. Commençons par le moins jeune, Baudoin, Edmond de son prénom. Depuis l’âge de trente ans il dessine et raconte l’intime, son intimité mais aussi celle de l’univers, de la terre et de la Terre. Il dit sa vie et celle des autres, les autres qu’il aime : « Quand j’aime c’est pour la vie ». Ensuite, il y a Emmanuel, Lepage de son nom. Breton, il a voyagé, et dessiné ses périples de Tchernobyl en Antarctique sans oublier Ouessant, et les rochers de la chaussée de Sein sur lesquels se posent le phare Ar Men : « nous ne sommes pas plus qu’un grain de sable… Mais pas moins non plus ». Edmond aussi a bourlingué et tous les deux dessinent à merveille des arbres, leurs racines comme pour garder les pieds sur terre dans leurs rêveries. Ils se sont connus il y a presque trente ans sur le Sillon de Saint Malo. Le début d’une possible longue amitié qu’une histoire de cœur a interrompue. Pourtant, ils étaient faits pour partir ensemble, pour lever la tête vers le bleu infini, celui de l’absolu et de l’immensité. Pour aller dessiner des étoiles, pour être vus par ces astres scintillants qui nous regardent comme des milliers d’yeux anonymes. Il est toujours temps de réparer le temps perdu et un homme va les réunir. Il s’appelle José, d’origine chilienne, professeur de physique en lycée à Grenoble, il va inviter en 2019 les deux auteurs pour « aller voir les étoiles » du désert d’Acatama. Motivation scientifique, mais aussi poétique, artistique, sensorielle et finalement politique car après de multiples reports occasionnés par la Covid, la grave maladie d’Emmanuel Lepage, le voyage va se dérouler à l’automne 2021 en pleine crise sociale chilienne au moment de l’élection présidentielle. De scientifique à poétique le voyage va se compléter d’une visite politique, sociétale.

  • Au pied des étoiles baudoin Lepage
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Baudoin a l’habitude de voyager et de travailler à deux. Avec son ami Troubs, ils ont réalisé de nombreux ouvrages et le dessinateur niçois maîtrise à la perfection le récit à quatre mains. Le récit est donc comme dans la vie, sans ligne directrice majeure, un sentiment en effaçant un autre, avant qu’une rencontre bouleverse à nouveau le chemin. La vie est multiple et le récit de voyage est multiple. L’éditeur Claude Gendrot s’inquiétait en recevant pêle-mêle les planches des deux dessinateurs craignant « un livre un brin foutraque ». Il peut être rassuré, le récit est fluide, cohérent avec, comme fil conducteur, la chronologie d’un voyage à deux que finira seul, Emmanuel Lepage.

Baudoin a 82 ans, Lepage vient de vaincre un cancer. Ils ne voyagent pas comme des jeunes, allant de découvertes en découvertes. Pour eux l’urgence de vivre est omniprésente et leur récit est un hymne magnifique à l’existence. On y parle politique bien entendu en pleine crise sociale chilienne, un pays où le passé et la dictature de Pinochet sont toujours présents. On y parle amour et sexualité. On évoque l’art et la confrontation avec la création car « se confronter à l’art est une leçon de courage ». On y parle de vie et de mort, d’avant et d’après. On y parle d’espoir et de désespoir. De transmission aussi.

Mais si Baudoin et Lepage ne voyagent pas comme des jeunes, ils voyagent avec des jeunes et l’un des attraits de ce récit est la confrontation de générations : « ce sont les expériences et les perceptions qui diffèrent. On s’apprend les uns des autres », déclare un des jeunes accompagnateurs, qui se livrent avec émotion en fin d’ouvrage.

Depuis toujours Baudoin se confie sur le papier, la plupart du temps en noir et blanc. Lepage a longtemps utilisé la fiction avant de dire « Je » mais un « Je » narratif plus qu’intimiste. La maladie, l’âge et peut être la connivence picturale font qu’à son tour, il se livre ici plus qu’ailleurs, rejoignant son ami dans la confession, nous touchant ainsi au plus profond. On fait un livre à quatre mains en mettant de côté son ego. Les deux amis se complètent, se respectent. À la façon de Renoir et de Monet qui posaient ensemble leur chevalet devant le café de la Grenouillère, Lepage et Baudoin dessinent le même paysage avec leurs outils propres, une manière de montrer comment l’art réinterprète la vie. À l’observateur de choisir sa vision. Ou d’accepter les deux, de s’en enrichir, de s’en pénétrer comme pour absorber plus de richesses. « Deux façons de dire le monde », est-il écrit, l’un privilégiant le réalisme, le détail, en posant ses douces couleurs d’aquarelle sur la feuille, l’autre en cherchant à transcrire la matière, sans souci particulier de réalisme. Debout, Baudoin trempe son pinceau dans l’encre noire. Quand il y ajoute de la couleur, bleue souvent, rouge parfois, c’est pour dire l’amour, la révolution qu’il appelle de ses vœux tout en connaissant sa futilité. Assis, Lepage est pris par la nécessaire rapidité de l’aquarelle. La quasi monochromie lui donne la possibilité d’affiner son trait à la recherche de la juste expression, la quête du réel. L’acrylique, nous emmène ailleurs dans des dessins qui nous invitent à nous allonger sur le sable et à observer le ciel peuplé de pommes et de figues.

Les double pages exceptionnelles de chacun nous montrent leur univers : précises et détaillées pour l’un, résonnantes et dissonantes pour l’autre.

Les étoiles sont le leitmotiv premier de l’ouvrage, les auteurs demandant aux personnes rencontrées ce que ces astres représentent pour elles. Ils nous obligent ainsi à s’interroger également sur notre place dans l’univers. Et en répondant, de dire nos vies. Quand on quitte les deux amis, à regret, à la dernière page, on peut à notre tour lever les yeux au ciel et regarder leurs dessins. Et dans nos yeux émerveillés, on y découvre alors des étoiles, des milliers d’étoiles. Elles nous éblouissent.

Au pied des étoiles baudoin Lepage
Au pied des étoiles de Baudoin et Lepage, éditions Futuropolis, 2024.

Au pied des étoiles de Baudoin et Lepage. Éditions Futuropolis. 264 pages. Parution : 6 mars 2024. 28€.

Article connexe :

Rennes. Le festival Un des Sens se mue en cabaret du 4 au 12 avril 2024

Festival Un des sens Insa

Du 4 avril au 12 avril 2024, le festival multiculturel Un des Sens, porté par une équipe étudiante de l’INSA Rennes (mais accessible à tous !), reprend ses marques dans la capitale bretonne pour une 20e édition sur le thème du cabaret. Au programme, des activités diverses afin de toujours mettre au moins l’un des sens à l’épreuve. Le traditionnel repas dans le noir viendra clôturer l’événement le 12 avril.

Le festival Un des Sens se charge d’enflammer la scène rennaise avec son thème du cabaret, du 4 au 12 avril 2024. Chaque année depuis 2004, une équipe associative composée de sept étudiants de l’INSA Rennes est nommée au bureau afin de préparer l’évenement. Soucieux de mettre en avant l’aspect multiculturel, ses organisateurs prévoient une programmation variée avec plusieurs formes d’art touchant aux cinq sens et frôlant l’indécence…

Bureau festival un des sens INSA
L’équipe étudiante au bureau du festival Un des Sens pour sa 20e édition

Le thème de l’édition 2024 – Le Cabaret – est rapidement choisi par le bureau du festival. « On voulait un événement un peu grandiose pour la 20e édition », explique Lou Désert, responsable communication du festival. « Le thème du cabaret nous plaisait. On aimait bien l’imaginaire : les couleurs, les décorations et le côté spectaculaire ! ». 

Le festival a connu une période de creux au moment de la pandémie du COVID-19, mais a réussi à se relancer auprès du public étudiant en 2023. L’équipe estudiantine espère toucher un plus grand public cette année grâce à ses différentes activités. « L’année dernière, le festival a réussi à se relancer et à retrouver des bénévoles. On s’est dit que c’était l’occasion pour nous de prendre des risques afin d’étendre le public cette année ». Comme le chante l’Artiste sur scène, The Show Must Go On…  

Festival un des sens insa rennes
L’affiche du festival préfigure le lever de rideau de l’événement

Pour débuter le festival, des activités sportives auront lieu de 14h à 18h sur le campus de Beaulieu entre la Halle de l’INSA et le Diapason, le 4 avril 2024. Au programme,« L’INSA accueille le Championnat de France des Grandes Écoles de Volley-Ball (CFE) du 2 au 4 avril 2024. Pour le début du festival, on voulait rester dans le thème même si on ne se situe pas exactement dans le sportif », s’amuse Romain Connil, responsable programmation. Pourtant n’y a t-il pas plus sportif qu’une course de sac à patate et un concours du plus haut service de volley ? Et peut-être d’autres surprises ! Le même jour à 21h, une soirée astronomie est prévue afin d’observer les étoiles en compagnie d’un astronome, mais attention, celle-ci ne sera maintenue que si le temps le permet !

L’équipe du festival mise sur une programmation éclectique et spectaculaire en accord avec le thème du cabaret afin d’attirer du public. D’abord, une projection cinéma sur le thème du cabaret est prévue le vendredi 5 avril à 20h par le club ciné de l’INSA (le vote du film à projeter sera prochainement fait sur le compte instagram @aeir_cine). Le lundi 8 avril, un village de nuit est monté dans la Halle. Jeux en bois et Just Dance géant (jeu de danse où il faut reproduire au mieux les mouvements de danseurs à l’écran) y sont prévus. À 20h, le Roazone Family Crew animera une battle de breakdance avant de laisser la place à la Fanfare de l’INSA

Pour la suite, le spectacle sera de la fête avec des matchs d’improvisation théâtrale entre l’ASCREB et l’association Imagine ça le mardi 9 avril et des spectacles de Drag (par le collectif Rennes Dragopole) et d’hypnose le mercredi 10 avril. « On espère vraiment attirer du public hors-INSA avec notre programmation », confie Romane Duval, la présidente de l’association. « Par exemple, ce n’est généralement pas en école d’ingénieurs qu’on peut voir un spectacle de Drag. »

Le jeudi 11 avril, un village de jour accueillera plusieurs associations et activités autour des cinq sens, telles que des parcours à réaliser les yeux bandés ou des dégustations à l’aveugle. Plusieurs concerts sont prévus pour le plaisir de l’ouïe des festivaliers : au programme, du rock-psychédélique joué par les Guadal Tejaz, un mélange pop et rock des années 70 par Désert Désir et de l’électro-rock avec Two Faces.  

Pour la première fois, le bureau du festival s’est paré d’un responsable environnement afin d’intégrer une réflexion écologique à l’événement. « Le festival en lui-même n’a pas une grosse empreinte carbone, mais l’objectif est surtout de sensibiliser au sujet », explique Ewen Le Guilloux qui assume cette nouvelle charge. Des associations écologiques (Alternatiba Rennes et GREENSA Rennes) seront notamment présentes dans le village de jour du jeudi 11 avril.

Pour clôturer le festival le vendredi 12 avril, le traditionnel repas dans le noir, accompagné de musiciens de jazz, sera le clou du spectacle. Les participants au repas, yeux bandés, devront compter sur leur goût et leur odorat pour comprendre ce qu’ils mangent. À titre d’information, le repas servi est végétarien afin de convenir au plus grand nombre. Il est au prix de 10 € par personne, la moitié étant déjà prise en charge par l’association. Pour l’heure, Liza Minnelli n’a qu’à bien se tenir… 

Infos Pratiques : 

Festival Un des Sens, du 4 avril au 12 avril 2024, à l’INSA Rennes

20 avenue des Buttes de Coësmes
CS 70839
35708 Rennes Cedex 07

Site internet / Facebook / Instagram 

Accessible à tout public,

Tarifs : 

La majorité des activités sont gratuites sauf le concert du jeudi 11 avril 2024 : 

  • 7€ pour les amicalistes (personne ayant payé une cotisation à l’Amicale des Élèves de l’Insa Rennes)
  • 10€ pour les étudiants de Rennes 1 et Rennes 2
  • 12€ sinon au tarif plein

Et le repas dans le noir (végétarien) à 10€ par personne.