Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salmane a présenté dimanche son projet « The Line », une ville linéaire, écologique, futuriste dont le chantier devrait débuter en 2022 et voir le jour d’ici à 2050. 

Le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, à l’image de fameux grands despotes, veut rester dans l’histoire notamment comme un grand bâtisseur. Dimanche dernier, il a présenté à la télévision nationale saoudienne son nouveau grand projet de développement futuriste : « The Line » (la ligne).  

Cette vidéo promotionnelle explique que les villes actuelles sont « saturées par leur propre croissance, qu’il faut repenser la chose urbaine, et pourquoi pas imaginer des villes sans voitures, sans rues, où l’on construirait autour de la nature et pas sur elle. The Line, une ville nouvelle qui devrait être inaugurée en 2050 et recevoir un million d’habitants. Un axe unique long de 170 kilomètres et entouré d’immeubles. Une ville propre où tous les services assistés par l’intelligence artificielle seraient accessibles à 5 minutes à pied, et les autres déplacements se feraient sous la terre par différents moyens allant jusqu’au 500 kilomètres/heure. Bienvenue au jardin d’Eden tecnogreenwashé que présente avec un enthousiasme dénué de toute critique The Saudi Gazette :

« Les solutions de transport en commun à très grande vitesse et de mobilité autonome faciliteront les déplacements et donneront aux résidents la possibilité de récupérer du temps à consacrer à la santé et au bien-être. Aucun trajet ne devrait durer plus de 20 minutes. Les communautés de THE LINE seront cognitives, alimentées par l’intelligence artificielle (IA), apprenant en permanence des moyens prédictifs de rendre la vie plus facile, créant du temps pour les résidents et les entreprises. On estime que 90% des données disponibles seront exploitées pour améliorer les capacités des infrastructures bien au-delà du 1% généralement utilisé dans les villes intelligentes existantes. Redéfinissant la durabilité, THE LINE comprendra des développements urbains à carbone positif alimentés à 100% par une énergie propre, offrant des environnements sans pollution, plus sains et plus durables pour les résidents. Les communautés à usage mixte seront construites autour de la nature plutôt que sur elle.« 

the line city

Coût estimé à 100 à 200 milliards de dollars, d’après Arabian Business, financé par le fonds souverain saoudien qui vise à débarrasser le pays de cette dépendance aux hydrocarbures d’ici 2030. 

Une nouvelle ville qui divise l’opinion

La campagne était accompagnée du hashtag Twitter #whatisTHELINE qui présentait de nombreux commentaires très positifs. Cependant, tout le monde n’a pas été convaincu par ce projet jugé par certains mélago-délirant : 

« Tout à propos de Neom semble avoir été imaginé par un responsable saoudien qui a regardé un film de science-fiction sur MBC vers 4 heures du matin et a dit: « Ça a l’air cool, jetons 100 milliards de dollars dessus »», a commenté le journaliste Gregg Carlstrom.

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«Mohammed ben Salmane pense que la construction de villes se fera de la même manière que dans les jeux vidéo. Il pense qu’avec ses absurdités, il met dans les médias qu’il fera l’histoire et se rendra glorieux », a estimé Walid al-Hathloul, le frère de la militante des droits des femmes emprisonnées Loujain al-Hathloul.

«La seule chose à laquelle il a réussi, c’est de persuader tout le monde en l’échec de l’État » a déclaré Alya al-Huwaiti, un ancien jockey saoudien devenu militant. Il a fermement condamné le nouveau projet environnemental du royaume, qualifiant ben Salmane de «plus gros pollueur de l’univers».

Enfin, The Line se veut officiellement « une ville pour nous tous ». C’est qui « nous » ? Quelques happy few Saoudiens musulmans wahabites. Certes, accompagnés de leurs domestiques traités peu ou prou comme des esclaves. Quoi de nouveau sous le soleil ? Certainement pas le jardin d’Eden.

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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