Une découverte de la Polynésie à travers le regard original et moderne du poète Victor Segalen au XIXe siècle.

Comme bien d’autres de ses compatriotes bretons, Victor Segalen voyagea énormément. La peinture, la musique, la littérature sont déjà des voyages infinis : il y rencontra Gustave Moreau, Monticelli, Debussy, Claudel, Loti, Rimbaud, pour n’en citer que quelques-uns. Quant au monde, il le parcourut, de San Francisco en Océanie, de Tahiti aux Marquises, et surtout la Chine : « la grande diagonale de Pékin à la Birmanie ».
Ses voyages l’ont guidé vers une réflexion nouvelle sur l’exotisme. Pourfendeur des cartes postales et des clichés de l’exotisme de « bazar », il nous aide à réfléchir à ce que nous emportons dans notre valise et à ce que nous rapportons. L’essentiel de son questionnement sur l’exotisme lui vint de son voyage en Océanie. Le plus fantasmé des édens occidentaux, rendu fameux par Pierre Loti que Segalen n’appréciait guère, lui laissa au cœur une grande déception et lui inspira un récit romancé, Les Immémoriaux. Il y conte le trouble et la désespérance dans laquelle sombra la société tahitienne lorsque des Blancs firent irruption dans son univers : ils se montraient beaux et riches comme des dieux et puissants comme les divinités guerrières de leur panthéon. Mais surtout, il se demanda comment les Polynésiens avaient vécu ces épisodes, se mettant – une première dans le récit de voyage – à la place des populations rencontrées, et réfléchissant à ce qui avait pu se vivre entre les uns et les autres.

Exotismes
L’introduction offre d’emblée le « spectacle » de l’exotisme au travers d’objets empruntés à la culture polynésienne. Les premières sensations sont celles du mystère et de l’étrangeté : que penser devant un To’o tahitien, un collier d’ornement marquisien composé de cheveux humains ou l’image d’un corps tatoué ? De la même manière, les danses polynésiennes, qui mêlent tous les sens et font partie intégrante de l’art traditionnel, peuvent offrir la même sensation d’étrangeté.

Victor Segalen et la ‘saveur du divers’
Au début du 20e siècle, la conception de l’exotisme a déjà une riche histoire en Europe, dont témoignent, entre autres, la littérature, la presse, les arts, les Expositions universelles et les conquêtes coloniales. Cette partie de l’exposition donne à la fois les grandes lignes de l’histoire de l’exotisme et quelques éléments importants de la vie de l’écrivain. Puisque l’exposition a pour sujet principal la Polynésie, un chapitre aborde l’histoire de Tahiti et de ses îles au 19e siècle.

Récits sauvages
Pour les Européens du 19e siècle, le désir d’ailleurs relève encore de la recherche du Paradis perdu, de cette allusion à l’état de nature dont seraient porteuses la plupart des sociétés traditionnelles, lesquelles auraient échappé de fait aux lois du « progrès ». Les artistes, essentiellement, sont en quête de primitivisme, et disent le trouver dans l’exotisme des terres lointaines ressenti comme un choc. Segalen, quant à lui, même s’il repense la notion d’exotisme, n’échappe pas à l’utopie du pays rêvé où l’Âge d’or serait éternel. Le Paradis retrouvé serait aussi le cadre idéal de l’expression de la liberté, aussi bien du corps que de l’esprit.

Exposition jusqu’au 6 novembre 2011

Pour tous renseignements :
Tél. : 02 98 25 84 39
ou
www.cdp29.fr

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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