C’est une idée originale que de faire renaître ces séances de cinéma muet au cours desquelles s’escrimait un pianiste de bastringue plus ou moins inspiré. La réalisation du TNB et de l’OSB, mardi 26 février, n’a pas manqué, elle, d’inspiration.

L’OSB a une fois de plus excellé sur cette musique d’Ernesto Hhalffter Escriche qui accompagnait le film « Carmen » de Jacques Feyder.

Il faut reconnaître que ces mélodies bien adaptées aux images et au rythmes du film n’étaient pas sans évoquer, suivant les moments, Claude Debussy, Ravel et, bien entendu, les espagnolades à la façon de Chabrier.

Pourtant tout n’a pas été facile, notre attention a été fixée dés le départ, nouveauté oblige. Mais rapidement, quelques frissons dans le public ont révélé ce qu’il conviendrait de définir comme un « malaise ». Pas facile de mettre en œuvre cette idée plutôt sympathique car le cinéma muet avec ces mimiques exagérées, ces attitudes outrées relève d’une esthétique passée et malgré la tendresse que l’on peut ressentir pour ces balbutiements du cinéma – trois heures et demie de contorsions pouvaient s’avérer un peu indigestes.

L’entracte nous accordait un répit bien mérité et les commentaires mi-figue mi-raisin confirmaient le doute du public, pourtant nombreux à ce rendez vous.

4 minutes d’histoire ont été suffisantes pour nous remettre sur les rails, 4 minutes d’images et de sons miraculeusement restaurés nous offrant un air du toréador et une Carmen comme on n’oserait plus le chanter.

C’est à partir de ce moment attendu que l’alchimie s’est produite. Le son et l’image sont entrés en communion et d’un seul homme le public a adhéré et s’est laissé emporter par ces mélodies plus sombres ou parfois outrées. Malgré la gestuelle curieuse et un peu tourmentée du chef d’orchestre invité, Daniel Tossi, les impressions espérées se sont produites et nous nous sommes retrouvés souriant et captivés, comme à l’époque de notre enfance, regardant « histoires sans paroles ».

Le pari était audacieux, tout n’a pas été facile, mais à la fin des comptes, l’OSB et son chef s’en tirent très honorablement et les ovations du public récompensent légitimement leurs efforts.

Thierry Martin

muet

Article précédentL’élevage industriel bovin en Somme, rendez-vous à Paris
Article suivant7 morts sans ordonnance de Thierry Dufrenne, un hôpital où les morts s’enchaînent…
Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici