The ballad of Genesis and Lady Jaye retrace l’histoire hors du commun de Breyer P-Orridge Genesis et de sa femme et partenaire artistique, Lady Jaye Breyer P’Orridge, qui par amour ont décidé tous deux de se fondre en une seule entité.

Artiste majeur de l’avant-garde new-yorkaise de ces 30 dernières années, P-Orridge est, avec John Balance (Coil), le père de la musique industrielle. (Les groupes Throbbing gristle, Pychic TV et Coil ont une influence profonde mais encore peu connue sur l’univers musical de ses 30 dernières années).

Depuis près de 20 ans, Breyer P-Orridge Genesis défie les limites de l’art et de la biologie. En 2000, il débute une série d’opérations (plastiques) afin de ressembler trait pour trait à sa femme, une performance risquée, ambitieuse et subversive. The ballad of Genesis and Lady Jaye relate cet acte ultime de dévotion, de transgression prométhéenne, de sublimation d’un cannibalisme amoureux, au profit de l’émergence d’un troisième être.

Un film d’amour intimiste, un documentaire différent, une expérience totalement expérimentale et arty. Cet amoureux fusionnel de sa compagne fait figure de chef d’un donjon en attente de soumission volontaire. En semble, le couple tente des expériences extrêmes et folles : mutilations par-ci, retournement du cerveau par-là, transformation radicale de son corps physique, évasion vers une liberté illimitée (mais laquelle ?) .

Esthétiquement, le film est magnifique. La subtilité des émotions retenues est totalement enivrante et bouleversante. Faire de son corps une œuvre d’art, l’afficher comme telle et n’agir qu’avec ses sens en dehors de toutes considérations intellectuelles pourrait être un moyen contagieux de bonheur.

Un conte philosophique cruel et jouissif qui laisse croire un instant que la seule liberté est celle qui pousse l’individu à l’évasion. Et qui dit conte, dit écriture et celle qui promène le spectateur est si légère qu’elle l’embarque avec elle – So cruise me babe, cruise me baby.

Une belle leçon de cinéma, de poésie, d’amour et de libération qui donne envie d’aimer et de s’évader pour ne devenir que ce qu’il y a de meilleur et de positif en nous.

Un très beau film sur la liberté de s’accomplir. Un film totalement lunaire mais qui plonge tellement loin dans le for intérieur de la plasticité humaine qu’il est à voir sans faute. Surtout si cette séance est la dernière… avant de vous endormir.

David

The ballad of Genesis and Lady Jaye par Marie Losier (réalisatrice de Manuelle Labor et Papal Broken Dance en 2007 et 2009), production en 2006, sortie en octobre 2011, 1h12

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