De nouvelles marques inconnues débarquent dans le vaste marché du téléphone mobile. Elles ont pour nom Kazam, Wiko, Verzo, Sugar… Des smartphones aux prix attractifs et aux finitions clinquantes, pour ne pas dire bling-bling. La certitude d’une bonne affaire pour le consommateur ? Peut-être… En attendant une redistribution du marché dès 2015…

 

La marque marseillaise Wiko fait parler d’elle. Elle vend depuis plusieurs mois des smartphones d’entrée et de milieu de gamme. Tandis que les géants chinois ZTE et Huawei montent en gamme, pendant que les Chinois Meizu et Oppo se font les dents sur le marché asiatique sur le haut de gamme, Wiko a fait un pari : vendre des téléphones « français ». Français mais fabriqués en Chine. Sur un marché français délaissé par les Samsung, Sony, LG et autres géants.

En réalité, un téléphone Wiko n’a pas grand-chose de français, pas plus que les Kazam sont anglais. La présence d’un double emplacement pour carte SIM ne trompe pas grand monde. Il s’agit d’un modèle chinois avec une coque et des couleurs définies pour s’adapter aux goûts hexagonaux. Wiko sort un nouveau téléphone mobile tous les 3 à 6 mois (en accord avec le rythme effréné des constructeurs chinois). La bonne affaire payée moins de 200 € est vite rangée aux oubliettes des développeurs. Sera-ce le cas de son nouveau modèle baptisé Highway ? On peut le penser.

Car utiliser un smartphone, c’est comme un ordinateur. Il faut un suivi dans le temps. Un suivi pour le logiciel d’exploitation, des mises à jour pour corriger les bugs, implémenter les modifications, notamment du système Android de Google. Sans une solide équipe de développement, point de miracle. Même une marque comme Sony avait sous-estimé cette dimension technique à l’époque de l’alliance avec Ericsson – cela lui aura coûté cher. De fait, les consommateurs ne se rendent pas compte que le processus d’amélioration technique a un énorme coût économique pour les constructeurs de smartphones.

L’idéal est qu’à la sortie d’un nouveau téléphone mobile, une communauté d’utilisateurs se forme sur internet et participe à créer des « roms alternatives », c’est à dire des systèmes d’exploitation modifiés et fiabilisés. Mais avec un marché de plus en plus hétérogène et des offres multiples, il n’y a quasiment plus de modèle qui réunisse des milliers d’utilisateurs afin de contribuer à son perfectionnement et aider sa diffusion auprès des consommateurs lambda. En sortant trop de modèles sur le marché, les constructeurs se sont en pratique tiré une balle dans le pied. Exemple type : le fabricant Verzo avec son smartphone élaboré nommé Kinzo qui s’est trouvé obsolète en quelques mois.

Pour parer à cette situation économiquement périlleuse, les grands constructeurs ont décidé d’investir en force le créneau de l’entrée de gamme. Les fabricants Motorola (en cours de rachat par Lenovo) et son Moto G, les ZTE de la série Blade, Huawei G6xx, Acer Liquid E et bientôt un nouveau HTC attaquent dorénavant un marché de centaines de millions de consommateurs à des tarifs bas. Est-ce au prix de la tenue dans le temps, autrement dit des services de Mise A jour ? Jusqu’à présent, non. Les forums d’utilisateurs spécialisés attestent que les MAJ fonctionnent bien.

Mais voilà que la fondation Mozilla enfonce le clou… Elle promet pour 2015 des smartphones à… 25 €. Comment ? Avec un constructeur chinois pour assurer un hardware à très bas coût et le travail (bénévole) des dizaines de milliers de développeurs de la communauté Mozilla. Dès lors, on se demande bien comment la dizaine de marques présentes sur le marché mondial va survivre.

Concevoir des téléphones dans l’hexagone semble alors une bien mauvaise idée. Pas si sûr. Avec un suivi logiciel et des applications singulières et localisées, et à condition de ne pas vouloir faire comme la grenouille de La Fontaine, un constructeur local, pourquoi pas marseillais, pourrait connaître un succès inattendu. Encore faudrait-il qu’il soit soutenu par une véritable politique industrielle française totalement repensée. On reste à l’écoute…

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