Quelle drôle d’idée de mettre dans la même phrase parc d’attractions et métiers. Et pourtant c’est une telle conjugaison qui à été inaugurée à Tokyo comme ailleurs. Depuis plus de 5 ans, les parcs Kidzania offrent aux enfants de découvrir quelques métiers et aussi quelques… marques.

 

Le concept Kidzania (contraction de kid’s mania) est fondé sur le sponsoring de grandes marques. Dès lors, le parc regorge de métiers aussi variés que cuisinier dans un fast food américain, infirmier, balayeur, ouvrier sur une chaine de montage automobile, chercheur en chimie, etc. Les versions portugaises, coréennes, mexicaines, thaïlandaises existent déjà, les prochaines ouvriront dans le golf persique, en Amérique du Sud, Inde et Russie.

Le concept est à l’origine mexicain et non japonais, malgré ce qu’on aurait pu cru croire. Il a juste rencontré un franc succès dans la capitale japonaise. Et ce, pour deux raisons : d’une part, il rentre en résonance avec le sens ludique spécifique des Japonais ; d’autre part, des sociétés japonaises ont pris fortement part au sponsoring.

L’activité pour l’enfant consiste à endosser le rôle d’un vrai métier de manière extrêmement réaliste, mais sans risque. C’est un peu comme l’enfant qui imite ses parents, mais avec un large choix d’univers différents et un cadre sûr. L’enfant peut devenir médecin, policier, hôtesse de l’air, etc. Il n’y a pas de favoritisme, de gradation entre les divers rôles que l’on peut jouer afin de ne pas hiérarchiser les activités.

Les détracteurs du projet vont parler d’un endoctrinement dès le plus jeune âge :aimer les produits des sponsors et détecter des capacités particulières dès le plus jeune âge. Ce n’est par a priori le but du parc qui d’ailleurs ne promeut aucunement le travail des enfants. Au contraire, c’est plutôt une manière de faire tomber des a priori sur des métiers, de faire tomber des barrières. Une sorte de support pédagogique, comme le stage de 3e en entreprise qui a été introduit dans le cursus des élèves français. Mais à la différence du stage qui conduit souvent l’enfant dans l’entreprise d’un parent, le choix est ici plus large. D’où la signature de la marque : Get ready for a better world !

Il ne faut pas se leurrer, les marques espèrent aussi un retour sur investissement en suscitant l’envie chez nos chères têtes blondes de contribuer plus tard à leur notoriété et à la consommation de leurs produits. En outre, si le Kidzania japonais est doté d’un atelier nurserie, c’est que l’archipel accuse un grave déficit de naissances. Comme tout parc d’attractions, il y a donc du bon et du mauvais dans cette initiative. Chacun se fera son idée…

Nicolas Roberti et Didier Ackerman

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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