Après six ans d’absence, le remarqué Florian Zeller (Neiges artificielles) revient avec son nouveau roman. Dans le genre qui lui va le mieux : le romanesque critique. La maturité de son écriture s’est affirmé. Son passage chez Gallimard a peut-être joué dans cette évolution. La jouissance se veut un critique houellebecquienne de l’amour contemporain.. Reste que le retrait critique comme le désabusement réactionnaire pourrait vite devenir une nouvelle posture de la bien-pensance.

La Jouissance raconte la vie d’un jeune couple ensemble depuis 2 ans qui vit au cœur de Paris.
Nicolas à la trentaine et adore la vie. Il aime le cinéma et nourrit une passion pour Godard et Rossellini. Son rêve est que sa propre réalisation rivalise avec ces géants, mais il est à la peine…
Pauline a 28 ans et endure une profonde angoisse existentielle. Elle vit d’un job alimentaire dans un grand groupe de cosmétique. À à un poste à moitié de direction, elle a sous ses ordres 3 personnes. Ce qui la rassure quelque peu…
Au demeurant, le couple semble se compléter dans un amour indestructible. Oui, mais voilà, Nicolas a des failles. Surtout depuis qu’il a rencontré Sofia, une Polonaise dévergondée et totalement hédoniste. Le contraire de Pauline…
Paradoxalement, c’est un événement joyeux qui précipitera l’explosion du couple. La naissance de Louise sera  le début d’histoire et la fin d’une autre.

C’est à  partir de la situation de ce couple que Florian Zeller dresse une analyse de la société contemporaine dans son rapport au plaisir. Si pour l’ancienne génération, le plaisir renvoyait à l’utopie, l’actuelle ne semble attirée que par la jouissance et son obligation de l’afficher. Pour l’écrivain, c’est le lot à payer par une génération qui a perdu le sens du sacrifice. Un constat réactionnaire peut-être trop évident. Qui aurait mérité d’être creusé, nuancé, dialectisé.

Heureusement, Florian Zeller opère un parallèle fructueux en convoquant une dimension politique. Il compare cette déliquescence générationnelle avec la construction européenne. Entre l’Europe actuelle et celle souhaitée par ses créateurs. Le résultat est au final assez parlant. Et sauve La jouissance de la platitude de la redite.

 

Extrait :

L’histoire commence là où toutes les histoires devraient finir : dans un lit. Nicolas vit depuis deux ans avec Pauline, ce n’est donc pas la première fois qu’ils se retrouvent l’un en face de l’autre et qu’elle lui fait un sourire équivoque en lui prenant la main. Ce sont des gestes qu’ils connaissent par cœur, des gestes qui peuplent le territoire des choses familières et rassurantes. Ce jour-là, pourtant, quelque chose d’inédit se produit. Il est allongé sur le dos et Pauline, qui vient de retirer son soutien-gorge, ferme légèrement les yeux, comme elle a l’habitude de le faire quand le plaisir commence sa douce anesthésie du monde. Soudain, la couette se soulève, et une troisième tête apparaît.

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