Du 18 septembre au 29 novembre 2015, l’une des salles du FRAC Bretagne accueille l’exposition Mémoire croisées, Dérives archivistiques conçue par les Archives de la critique d’art. Un parcours de lecture où les formes et les signes de la critique d’art s’organisent autour de gestations ouvertes.
« L’idée était de saluer la création d’une institution unique qui a la particularité d’être née à Rennes » explique Catherine Elkar, la directrice du Frac Bretagne


La Biennale de Paris (1949-1985) – réservée exclusivement aux jeunes artistes – est ici représentée par un panneau à son effigie. À quelques pas, les débuts du Néoconcrétisme au Brésil sont mis en valeurs alors qu’ils sont peu connus en France. Que dire de 1964 ? L’année où « New York vola l’idée de l’art contemporain à 
Architecture rime avec critique. Devant les yeux des visiteurs, la naissance de la critique d’architecture se lit à travers des archives telles que la lettre de Claude Parent à Michel Ragon, ce critique d’art atypique qui n’eut de ce de rappeler la double valeur spirituelle et contestataire de tout art bien compris. Ce tandem Architecture et Critique marque un tournant dans l’exercice de la critique d’art dans la seconde moitié du XXe siècle.
Quant à la contestation des artistes, elle est revendiquée à l’aide de panneaux placés au centre de la salle. Le mouvement Support/surfaces, né en 1970, 
« Elles ont choisi… » de faire entendre leur voix. Une exposition dédiée à la critique d’art sans elles n’aurait pas été complète. Les artistes et critiques femmes sont représentées : de Gina Pane à Annette Messager en passant par Léa Lublin ; toutes sont aujourd’hui reconnues à leur juste valeur par la scène artistique française. Citons également, les critiques Aline Dallier, Dany Bloch, sans oublier Anne Tronche et Catherine Francblin.
Une unique salle est dédiée à Mémoires croisés, dérives archivistiques ; pourtant, deux temps de visite se profilent.


L’objectif de cette exposition vise à montrer un aperçu des archives de la critique d’art et de rendre ces documents accessibles à tout public. C’est assez réussi bien que l’exposition scripturaire et mémoriel reste assez complexe et hésite entre plusieurs orientations. Montez les marches, ouvrez votre guide de visite et plongez-vous dans la lecture du passé. À une époque où, précisément, les gestations et points de vue étaient foisonnants et audacieux,
Dans son Journal intime, Kafka écrit : “Nous creusons la fosse de Babel.” Pourquoi “la fosse” ? En vérité, nous ne cessons pas d’élever en même temps la tour de ce même Babel. Mais tout est double. Nos mains fouillent la terre pendant que notre esprit monte vers le soleil. Nous pétrissons des corps et nous inventons des formes. Nous nous enfonçons dans la multiplicité des signes et des êtres et nous crions vers l’unité d’un Dieu inaccessible, et il en sera ainsi jusqu’à la fin des siècles, dans l’invisible simultanéité des exaltations et des écroulements. Babel, c’est l’écartèlement sans fin des sens et de l’esprit, c’est la prostitution du corps accueillant toutes les âmes et la constitution de l’âme unique absolvant tous les corps. (Abellio, La Fosse de Babel, Gallimard)
Mémoires croisées / dérives archivistiques – Frac Bretagne – du 18 septembre au 29 novembre 2015
Commissariat : Jean-Marc Poinsot avec l’aide de Laurence Le Poupon et Charlotte Brice. Si vous êtes désireux d’en savoir plus, le Frac Bretagne vous invite le 9 octobre de 14h30 à 17h30, à un après-midi rempli de rencontres sur le thème « Le commissariat d’exposition comme modalité de la critique d’art . ».
