L’époque est aux marchés de niches et, bien entendu, le milieu du livre n’y échappe pas. Les éditions Leduc viennent de créer d’un département exclusivement destiné aux femmes. S’inspirant du modèle américain, l’éditrice Karine Bailly de Robien souhaite développer en France la première maison d’édition « 100% féminine », c’est à dire proposer des romans dont le personnage principal est une femme de caractère et dont l’intrigue se termine bien, ce que l’on appelle en langage marketing des feel-good books (livres qui font du bien), genre saga familiale, comédie satirique, comédie romantique, et même du thriller historique, peu importe du moment que cela finisse dans la joie et la bonne humeur. Bienvenue, donc, aux éditions Charleston dont voici quatre romans somme toute bien construits.

La femme qui décida de passer une année au lit, de Sue Townsend, 446 pages – 21 €

"La femme qui décida de passer une année au lit" de Sue Townsend - Editions Charleston

Eva, la cinquantaine, merveilleuse épouse et excellente mère, s’éloigne du monde en s’installant au lit, recluse dans sa chambre à la barbe d’un mari adultérin. Elle envisage, bien entendu, les conséquences d’une telle décision sur ses proches, mais n’imagine pas une seconde les incidences sur sa propre vie. En dire davantage reviendrait à dévoiler, non seulement l’intrigue mais aussi le propos de l’histoire. Je conseille donc à celles (et ceux) qui achèteront le livre, de ne pas lire le résumé et de plonger dans les pages comme Eva dans ses draps. Auteur à succès plusieurs fois récompensée au Royaume-Uni, Sue Townsend ménage un juste équilibre entre émotion et éclats de rire. Une vraie comédie british, plaisante et réussie.

Les quatre grâces de Patricia Gaffney, 397 pages – 22,50€

"Les quatre grâces" de Patricia Gaffney - Editions Charleston

Emma, Lee, Isabel et Rudy sont Les quatre grâces de Patricia Gauffney. Si la qualité du texte et sa traduction ne valent pas celles du précédent ouvrage, il faut néanmoins reconnaître à ce roman quelques atouts de bon aloi, à commencer par l’universalité de l’épreuve qui marque le destin des héroïnes. Chacune raconte sa version au fil de récits qui s’entrecroisent tel un scénario hollywoodien, on s’attend même à trouver de la pub entre les chapitres, bref, le livre a sa place dans ma chronique, non pour sa qualité de plume, mais parce qu’il s’en dégage un sentiment de lutte, l’envie d’aimer et d’être aimé… de vivre, tout simplement.

.

Chocolat de Joanne Harris (préface de Tatiana de Rosnay), 388 pages – 16 €

"Chocolat" de Joanne Harris - Editions Charleston

On ne présente plus Joanne Harris ni son Chocolat mis en image par Lasse Hallström dans un merveilleux film avec Juliette Binoche et Johnny Depp. Bien entendu, le livre étoffe davantage l’histoire de cette jeune femme qui choisit d’ouvrir une boutique de délices dans un petit village en plein carême, face à l’église tenue d’une « hostie » de fer par un curé intégriste. Charleston réédite Chocolat comme une confiserie remise en vitrine pour un prix à peine plus élevé que le format poche, avec en bonus une courte préface signée Tatiana de Rosnay. L’occasion de (re)découvrir la vie gourmande de Viviane Rocher et sa fille Anouk. Ici, pas d’édulcorant, les saveurs douces et naturelles vous laissent un goût de cacao en bouche sans risque de diabète. Un livre à croquer !

Des pêches pour monsieur le curé de Joanne Harris, 490 pages -22,50 €

"Des pêches pour monsieur le curé" de Joanne Harris - Editions Charleston

« Un jour,  une femme m’a appris qu’en France seulement, deux cent cinquante mille lettres par an étaient distribuées à des gens qui sont morts. Ce qu’elle ne m’a pas dit, c’est que, parfois, ces morts là y répondent. »

Avec Des pêches pour monsieur le curé, Joanne Harris signe la suite de Chocolat – Entre temps, il y a eu Le Rocher de Montmartre (Baker Street – 2008). Dans ce troisième tome, huit ans ont passé. La réception d’une étrange lettre oblige Viviane à revenir dans son petit village de Lansquenet. Mais, face aux ennemis d’hier devenus alliés, de nouveaux arrivants bousculent les fragiles équilibres d’autrefois. Divertissement garanti.

.

Article précédentIdle no more ou le réveil des femmes autochtones au Canada
Article suivantTéléphone, Est-ce que la taille compte ?
Jérôme Enez-Vriad
Jérôme Enez-Vriad est blogueur, chroniqueur et romancier. Son dernier roman paru est Shuffle aux Editions Dialogues.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici