Le trio David Khara, Serge Letendre et et Frédéric Peynet dédicacera les deux tomes de leur commune BD Les Vestiges de l’aube à la librairie M’enfin de Rennes le 5 juin (voir les détails). Cette adaptation exacte et réussie du roman homonyme brosse dans New York l’histoire décalée et sanglante de vampires. Présentation par les auteurs.
– Serge, David et Frédéric, comment une oeuvre commune s’opère-t-elle entre un scénariste, un dessinateur et un écrivain ?


Frédéric Peynet : Et bien, il doit y avoir autant de façon de faire qu’il y a d’adaptations.
Dans le cas des Vestiges de l’Aube, je n’ai été contacté par Serge et les éditions Dargaud qu’une fois le scénario du premier tome découpé et approuvé par David.
Mes deux camarades seront mieux placés que moi pour évoquer les premiers pas de l’adaptation.
Concernant la partie graphique, le travail a d’abord consisté à mettre en image des personnages dont seul David Khara pouvait visualiser mentalement les visages, les corpulences, etc.
David et Serge m’ont donné beaucoup d’indications et de pistes à approfondir pour me permettre de poser sur le papier le « casting idéal ».

Après quelques allers-retours, nos personnages étaient là.
Par la suite, Serge et moi nous sommes attelés au story-board, c’est-à-dire à une sorte de brouillon dessiné de l’album.
Le fait de travailler à deux autour d’une table nous a alors permis d’enrichir le découpage, d’apporter des éléments narratifs auxquels nous n’aurions jamais pensé en restant chacun de notre côté.
Je dois dire que c’est là probablement la partie la plus satisfaisante et la plus plaisante de cette collaboration. La plus épuisante aussi !
Et puis enfin, la plus grande partie de mon travail a consisté à dessiner et encrer chaque planche, ce qui représente plus ou moins un an de travail à raison de 7-8 jours par planche.

Serge : D’abord, par affinités. Sans ces liens, rien ne peut se faire. Affinité entre les coauteurs, affinité sur l’œuvre, affinité sur le travail. C’est un tout.
Dans un premier temps, j’ai quartier libre pour travailler sur l’adaptation. Donc, je privilégie certaines scènes, en met de côté d’autres, déplace ou abrège quelques anecdotes.
J’ai à cœur de garder l’esprit de l’histoire et le caractère des personnages. Pour ça, j’essaye de conserver au maximum les dialogues, ils sont un formidable outil de travail.
Ensuite, je soumets mon scénario à David puis à l’éditeur. Leurs remarques sont essentielles.
Puis, m’incombe la responsabilité de participer à la mise en scène, page par page – les fameux « roughs » – que dessine Frédéric. Ce travail nous permet de caler au mieux la narration.
Enfin arrive l’étape de la mise en couleur où la plupart du temps je ne fais qu’applaudir vigoureusement.
En tout dernier, je me retourne vers David pour lui soumettre les planches finalisées.
Et quand c’est fait, on trinque à la santé de nos milliers de lecteurs potentiels.
Unidivers – David, comment et en quoi l’adaptation modifie-t-elle le résultat narratif ?

David S. Khara : On ne construit pas une BD comme un roman. Certains passages d’un livre pouvant nécessiter deux ou trois pages se résument en une case, alors qu’une simple évocation de quelques lignes peut se traduire en plusieurs dessins. La structure adoptée par Serge ne modifie pas la narration, mais elle en accentue certains aspects, ne serait-ce que parce qu’une BD se limite à un certain nombre de page et qu’il faut y faire tenir l’essentiel de l’histoire. Au final, la BD est très fidèle au roman, et les quelques différences entre les deux ne servent qu’à améliorer le récit. Je pense qu’il est clair que je suis plus que satisfait, et fier, du résultat.
Unidivers – Serge et Frédéric, quels sont vos projets de BD à venir ?
Frédéric Peynet : Les Vestiges de l’Aube étant terminés, c’est avec un très grand plaisir que je vois ma collaboration avec David et Serge continuer grâce à l’adaptation d’un autre roman de David : Le projet Bleiberg. Sortie du premier tome en 2016. Pour l’occasion, j’ai ressorti mes vieux pinceaux pour assurer dessin et couleur.

A la même période, chez Dargaud, le dernier album de la trilogie « Griffe Blanche », dessinée par Olivier TaDuc. Et chez Le Lombard, le dernier album de la tétralogie “Golias », dessinée par Jérôme Lereculey.
En projet, une histoire troublante sur une « gueule cassée » de la Seconde Guerre mondiale.
En envie, une adaptation du mythe de Pygmalion.
En préparation, un nouvel opus de « La Quête de l’oiseau du temps ».
Unidivers – Vous relancez la Quête ?…

Serge Le Tendre : En effet, notre scénario avec Régis Loisel est déjà bien avancé, une page est déjà réalisée et David Etien devrait en finir quatre nouvelles d’ici quelques jours. Le Cycle troisième : Après la quête de l’Oiseau du temps paraîtra en 2016.
Unidivers – C’est une nouvelle formidable ! [NDRL : La Quête de l’Oiseau du temps est une série bande dessinée d’heroic fantasy du style franco-belge qui a débuté en 1983 et aura marqué des millions de lecteurs.]
Serge Le Tendre : Que je suis heureux d’annoncer au magazine culturel de Rennes !
Unidivers – Qui vous en remercie !
